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Les déchets électroniques augmentent cinq fois plus vite que leur taux de recyclage
18/04/2024
Seuls 22,3% des équipements mis au rebut ont été collecté et recyclés en 2022. CHARLY TRIBALLEAU / AFP
Le chiffre est colossal. En 2022, 62 millions de tonnes de déchets électroniques ont été produits dans le monde. Un record selon le dernier rapport des Nations unies, qui pointent du doigt le retard pris par le recyclage.
La planète croule sous les e-déchets. C’est la conclusion du dernier rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) publié le 20 mars dernier. Propulsé par une digitalisation et une électrification constante aux quatre coins du globe, la quantité d’équipements électriques et électroniques a atteint en 2022 96 millions de tonnes, entrainant dans son sillon une augmentation massive des déchets liés. En douze ans, ces derniers ont presque doublé, à raison de 2,3 millions de tonnes en moyenne chaque année : en 2022, le monde a ainsi produit 62 millions de tonnes de déchets électroniques.
En Europe, l’Hexagone arrive en quatrième position des pays les plus producteurs de e-déchets par habitant, derrière la Norvège, la Grande-Bretagne et la Suisse, avec 22 kg par Français et par an. Ce chiffre colossal réunit tout autant les smartphones, les cigarettes électroniques, les sèche-cheveux, les tablettes et les cuisinières, que les machines à laver ou encore les panneaux photovoltaïques. Mais si les déchets explosent, le recyclage, lui, ne suit pas. Sur la même période, seulement 22,3% des équipements mis au rebut ont été collecté et recyclés de manière écologique, passant de 8 millions de tonnes en 2010 à 13,8 millions en 2022.
23% des e-déchets finissent en décharge
Une progression notée par les auteurs du rapport, qui soulignent cependant que le taux de recyclage augmente cinq fois moins vite que la production de déchets électroniques. Et cet écart pourrait se creuser. “Dans un scénario de statu quo”, ce taux tomberait à 20% d’ici 2030. Derrière ce manque de traitement des e-déchets, les experts de l’ONU pointent “les progrès technologiques, une consommation plus élevée, des options de réparation limitées, des cycles de vie courts, une numérisation croissante et des infrastructures inadéquates de gestion des déchets électroniques.”
Les équipements usagés qui ne sont pas pris en charge par les circuits de recyclage officiels ne bénéficient pas tous du même traitement. 16 millions de tonnes sont collectés et recyclés dans les pays à revenus moyen et élevé dans des structures informelles, tandis que 18 millions sont traités par des acteurs non officiels dans des pays pauvres. Enfin, 14 millions de tonnes finissent leur vie en décharge. A noter que plus de 5 millions de tonnes de e-déchets sont expédiés à l’étranger chaque année, dont 65% de pays riches vers des pays à faible revenu qui ne disposent pas systématiquement des infrastructures de traitement nécessaires. Ces mouvements transfrontaliers peuvent alors être à l’origine de pollutions dangereuses pour l’environnement et la santé des habitants locaux.
Une source de pollution coûteuse
Car c’est bien là l’un des impacts négatifs du traitement inadéquat des déchets : chaque année, 58 tonnes de mercure et 45 000 tonnes de plastique se retrouvent dans la nature. Certains de ces composants contiennent des retardateurs de flamme bromés qui contaminent les sols, l’eau et l’air, ou des réfrigérants, issus notamment des équipements d’échange de température, qui participent au changement climatique et ont un effet néfaste sur la couche d’ozone. Au total, ces sources de pollution engendrent 78 milliards de dollars de coûts externalisés estime les Nations unies. En parallèle, le traitement des e-déchets revient quant à lui à 10 milliards de dollars, en partie financé par les producteurs soumis à la Responsabilité élargies des producteurs (REP), comme c’est par exemple le cas en France.
Le recyclage des équipements électroniques mis au rebus représente également une opportunité économique. Si les coûts associés sont aujourd’hui plus élevés que les bénéfices, la situation pourrait rapidement s’inverser, projettent les auteurs du rapport. Dans le cas où le taux de recyclage mondial atteindrait 60% en 2030, “l’amélioration de la gestion des déchets électroniques” pourrait même “se traduire par un bénéfice net mondial de 38 milliards de dollars”, souligne Ruediger Kuehr, responsable du programme Sustainable Cycles au sein de l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (Unitar). A cet horizon, nous devrons cependant faire face à près de 82 millions de tonnes de e-déchets alerte l’Onu.