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Les scientifiques sonnent l’alarme face au réchauffement dramatique des océans
25/04/2024
Des algues de type laminaires digitées à marée haute dans un fjord entouré de l'océan Atlantique et de fjords enneigés à Vareid, près de Flakstad, dans les îles Lofoten, en Norvège. Photo d'illustration. | OLIVIER MORIN / AFP
Les scientifiques alertent sur l’augmentation vertigineuse de la température des océans, craignant des effets dévastateurs sur le climat.
L’augmentation vertigineuse de la température des océans alarme les scientifiques, qui appellent à renforcer la recherche sur les changements à l’œuvre et craignent des effets dévastateurs sur le climat dans son ensemble, rapporte l’AFP.
Un nouveau record de chaleur
« Les changements se produisent si rapidement que nous ne sommes pas en mesure d’en suivre l’impact », reconnaît Vidar Helgesen, secrétaire exécutif de la Commission océanographique intergouvernementale de l’Unesco, pour qui « s’attaquer au réchauffement des océans est urgent ».
« Un effort beaucoup plus important d’observation et de recherche en temps réel est nécessaire », a-t-il dit à l’AFP lors de la conférence de la Décennie des Océans qui s’achève vendredi à Barcelone et a réuni 1 500 scientifiques, représentants d’États ou d’organisations.
La température des océans, qui recouvrent 70 % de la Terre et jouent un rôle clé dans la régulation du climat mondial, a atteint un nouveau record absolu en mars, avec 21,07 °C de moyenne mesurés en surface, hors zones proches des pôles, selon l’observatoire européen Copernicus.
Cette surchauffe, qui ne cesse mois après mois de s’aggraver depuis un an, menace la vie marine et entraîne une humidité plus importante dans l’atmosphère, synonyme de conditions météorologiques plus instables, comme des vents violents et des pluies torrentielles.
Capacité pas « infinie »
Selon les spécialistes, les océans ont absorbé depuis le début de l’ère industrielle 90 % de l’excès de chaleur provoqué par l’activité humaine. Les milieux marins, qui produisent près de la moitié de l’oxygène que nous respirons, ont ainsi permis à la surface de la Terre de rester habitable.
« L’océan a une capacité thermique beaucoup plus grande que l’atmosphère, il absorbe beaucoup plus de chaleur, mais il ne peut pas l’absorber à l’infini », avertit Cristina González Haro, chercheuse à l’Institut des sciences de la mer de Barcelone.
Selon une étude de référence publiée en janvier, les océans ont encore absorbé en 2023 une quantité d’énergie colossale, pouvant faire bouillir des « milliards de piscines olympiques ».
L’un des objectifs majeurs de la Décennie de l’océan (2021-2030) est de tenter d’élargir les connaissances sur le réchauffement et de décrypter ses multiples implications, pour tenter de les limiter.
« Nous ignorons encore beaucoup de choses sur les océans. Nous n’avons cartographié qu’environ 25 % des fonds marins de la planète et, dans le même temps, nous devons cartographier et surveiller en direct les changements qui se produisent en raison du changement climatique », souligne Vidar Helgesen.
Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence de l’ONU, plus de 90 % des océans de la planète ont connu à un moment de l’année 2023 des vagues de chaleur, avec un impact direct sur le climat et les écosystèmes sur l’ensemble de la planète… quelle que soit la distance qui les sépare de la mer.
« On est sur une trajectoire qui interroge beaucoup les scientifiques et on se demande si on n’a pas sous-estimé le réchauffement climatique à venir », a mis en garde à Barcelone Jean-Pierre Gattuso, spécialiste au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) français.
Tout compte
Les difficultés de mise en œuvre des grands accords internationaux sur l’environnement, comme l’Accord de Paris conclu en 2015 pour tenter de limiter le réchauffement climatique, n’invitent cependant pas à l’optimisme, selon les scientifiques.
« Nous sommes nombreux à être quelque peu frustrés de voir que, malgré les démonstrations scientifiques du changement climatique et de ses conséquences, la mise en œuvre de l’accord de Paris soit aussi lente, aussi difficile, aussi douloureuse. Ça n’augure rien de bon » pour le futur, a déploré Jean-Pierre Gattuso.
Les chercheurs font toutefois état de quelques signaux positifs, comme l’adoption en 2023 par les États membres de l’Onu - après quinze ans de discussions - d’un traité historique de protection de la haute mer.
« Si je pouvais adresser un message aux décideurs, présidents, premiers ministres ou chefs d’entreprise, je pense que ce serait : “prenez un moment dans votre agenda chargé et regardez dans les yeux vos enfants et petits-enfants” », a exhorté Vidar Helgesen.
Un appel relayé par Jean-Pierre Gattuso : « Chaque dixième de degré compte, chaque année de gagnée compte et il n’est jamais trop tard. Il ne faut absolument pas se démobiliser ».