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Sécheresse : les Toulousains vont payer leur eau plus cher dès cet été
15/04/2024
30 000 kits économiseurs d’eau seront distribués aux particuliers sur le territoire de Toulouse Métropole d’ici l’été (©Pixabay).
Les habitants des 37 communes de Toulouse Métropole qui bénéficiaient jusqu’à présent d’un tarif unique pour l’eau, vont voir leur facture évoluer dès le 1er juin. L’autorité organisatrice des services publics de l’eau et de l’assainissement a en effet décidé de mettre en place une tarification saisonnière en vue d’inciter les usagers à économiser l’eau.
C’est la fin d’un mythe : celui de l’eau perçue comme une ressource abondante et peu chère. Particulièrement impactée par les effets du changement climatique, la région Occitanie souffre en effet désormais chaque année d’épisodes de sécheresse à répétition, contraignant les pouvoirs publics à prendre des mesures de restriction des usages de l’eau.
La sécheresse ne sévit d’ailleurs plus seulement l’été mais également en hiver, en témoigne l’état de crise actuellement décrété dans les départements des Pyrénées-Orientales et de l’Aude. Si la situation est nettement moins dramatique dans le territoire de la métropole toulousaine, la collectivité anticipe de nouvelles tensions hydriques cet été en adoptant un train de mesures destiné à préserver la ressource. Il a été dévoilé le 3 avril 2024 par Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole.
Une eau 42 % plus cher l’été
Le principal volet de ce plan vise à encourager les habitants du territoire à user avec plus de parcimonie de ce bien commun désormais rare et précieux, grâce à la distribution gratuite de kits économiseurs d’eau – 30 000 boites seront distribuées d’ici l’été –, et la promotion d’une application de suivi de sa consommation. La mesure phare de ce programme est cependant l’instauration, dès cet été, d’une tarification saisonnière incitative. Pendant la période où la Garonne est la plus basse, soit du 1er juin au 31 octobre, l’eau coûtera aux Métropolitains plus cher : +42% sur la partie variable du tarif de l’eau, celle qui est proportionnelle à la consommation. En contrepartie, durant le reste de l’année, le prix de l’eau baissera de 30 %.
Selon les calculs de la collectivité, en année pleine, pour un foyer de trois personnes consommant 120 m3 d’eau par an lissés sur l’année, le surcoût sera de 0,6 € tandis que pour ce même foyer de trois personnes avec un jardin et une piscine, consommant 150 m³ en été et 100 m³ en hiver, le nouveau tarif entraînera un supplément de 83,4 €.
Vers un usage plus sobre de la ressource
L’objectif de la mesure est de faire évoluer les comportements des usagers l’été, en pointant du doigt plus particulièrement l’arrosage des jardins et au remplissage des piscines. En parallèle, Toulouse Métropole prévoit de renforcer son soutien aux ménages les plus précaires en augmentant son versement au fonds de solidarité Logement (FSL), porté à 190 000 €. Le FSL intervient pour aider les familles à payer leurs factures d’eau et d’assainissement.
Ce faisant, la collectivité met en pratique une préconisation du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Investi par l’ex-Première ministre d’une mission sur « les évolutions nécessaires pour faire des recommandations sur la tarification progressive de l’eau », le Cese a publié un avis en novembre 2023 dans lequel il énumère neuf pistes d’action. Il prône ainsi la mise en place d’une tarification saisonnière dans toutes les communes « où l’équilibre entre la ressource et la consommation d’eau est menacé de façon saisonnière ». Il encourage en parallèle les collectivités à mettre en place « un accompagnement social des usagers fragiles, dissocié de la tarification, avec une aide directe pour le paiement de la facture d’eau ».
Absence de consensus
Pour autant, cette tarification saisonnière ne convainc pas tout le monde. Notamment le collectif Eau Secours 31 qui, dès l’annonce de ce projet de tarification en décembre dernier, l’estimait injuste à l’égard des plus précaires. L’association d’usagers réclame pour sa part l’instauration d’une tarification progressive qui prenne en compte les volumes consommés pas seulement pendant l’été. Une mesure qui suppose toutefois l’utilisation de compteurs individuels, sachant que, sur le territoire de la Métropole, 70 % des usagers sont raccordés via des compteurs collectifs.
L’élue métropolitaine Sophie Boubidi, membre de EELV, s’inquiète, elle, sur le site d’Actu.fr, de « l’usine à gaz » inventée par la Métropole. La conseillère municipale de Colomiers a, elle aussi, fait ses calculs et estime que la facture d’eau des consommateurs va grimper de 13% en 2024. Elle réclame un report de l’entrée en vigueur de cette nouvelle tarification au 1er janvier 2025.
Ce plan de préservation de la ressources comprend d’autres mesures, côté puissance publique, dont notamment le renouvellement des canalisations. La collectivité, qui consacre chaque année 12 M€ à la surveillance et à la rénovation du réseau, se targue d’un taux de renouvellement de 0,8%, contre 0,66 % au niveau national.