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Quelle part de nos déchets est vraiment triée et recyclée ?
22/04/2024
Selon Citeo, la moyenne nationale de déchets triés s’établit à 72 kg triés/an/habitant en 2022. ©Magali Cohen/Hans Lucas/AFP
Triera bien qui triera le dernier. Verre, acier, aluminium, papier, carton, plastiques… Tous les matériaux ne recyclent pas de la même manière. Ni avec la même efficacité. On fait le point sur ce que deviennent vraiment nos emballages une fois jetés dans les poubelles.
Si pour 9 Français·es sur 10, trier ses déchets au quotidien est devenu un acte «facile», comme le montre un sondage de l’Ifop conduit en décembre 2023, de réelles disparités se creusent dans les taux de recyclage des détritus une fois la poubelle récoltée.
Selon Citeo, l’entreprise à but non lucratif qui organise le traitement des déchets en France, le taux de recyclage des emballages ménagers est de 65,5%. 3,6 millions de tonnes sont ainsi revalorisées. Derrière ce chiffre se cachent en réalité des dizaines de filières différentes, avec des taux de recyclage qui varient beaucoup.
Le tri citoyen
C’est l’une des priorités pour réduire les flux de déchets : enseigner les bonnes méthodes de tri aux citoyen·nes. «Le meilleur des tris est celui qui intervient à la source», estime Lise Nicolas, ingénieure spécialisée dans le recyclage et fondatrice du bureau d’étude et de la chaîne Youtube «Mme & M. Recyclage».
Un gisement de déchet très bien trié sera plus facile à recycler. «Il faut aussi limiter au maximum les résidus organiques et éviter de trop déformer les emballages, décrit l’ingénieure. Les machines de tri actuelles utilisent des technologies optiques pour séparer les déchets. Il ne faut par exemple plus écraser les bouteilles en plastique si l’on veut qu’elles soient reconnues.»
Si vous voulez découvrir la part de déchets effectivement gérée dans votre centre de tri, vous pouvez contacter votre syndicat de traitement local et demander «le taux de refus». Celui-ci désigne le nombre de déchets reçus par le centre, mais non triés.
Même si le recyclage s’inscrit dans une démarche vertueuse, il n’est pas la solution parfaite pour réduire l’impact des déchets sur l’environnement. Comme le rappelle Juliette Franquet, la directrice de l’association Zero Waste France : «Le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit».
Le plastique à la traîne
Le verre et l’acier sont les éléments les mieux valorisés, avec un taux de recyclage de 86%. Viennent ensuite le papier et le carton (63%), puis l’aluminium (36%). À contrario, les plastiques sont au plus bas (24,5%). Problème : ils représentent plus de 60 des 107 milliards d’emballages vendus en 2022, d’après Citeo.
Seuls 24% des plastiques sont recyclés en France. ©Vert
Ce retard a plusieurs causes. «Sur une bouteille d’eau, qui est un des emballages les mieux recyclés, il y a au moins quatre plastiques différents avec le bouchon, la bouteille, l’étiquette et la colle», détaille Lise Nicolas.
Même si les fabricants de biens manufacturés doivent s’acquitter d’une éco-contribution pour financer le retraitement de leurs produits, ces «industriels fabriquent des emballages selon leurs propres intérêts, et souvent impossibles à recycler», relève de son côté Juliette Franquet, de Zero Waste France.
L’addition de différents plastiques au sein d’un même emballage complique la tâche : «Plus les emballages sont complexes, plus il faut des machines performantes» pour séparer les différents polymères, précise Lise Nicolas. Malheureusement, cet investissement dans des machines de haute technologie n’est pas possible dans tous les centres de tri français. Pour Juliette Franquet, de Zero Waste France, selon là où l’on habite, «il y aura de 1% à 60% de chance qu’un déchet jeté soit recyclé».
Autre frein d’ampleur au tri des emballages plastiques : la recherche du moindre coût. «Le problème du recyclage est avant tout financier et logistique, avant d’être technique, décrit Lise Nicolas. Le recyclage, ça coûte de l’argent. Sans réglementation, le prix de la matière recyclée est souvent plus chère que la matière vierge, qui est indexée sur le prix du pétrole». Et sans personne pour racheter le plastique recyclé, la filière ne peut pas être rentable et les déchets non valorisés. Résultat : ils sont soit enfouis, soit incinérés.