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Transition écologique : au niveau local, les raisons d’y croire
08/04/2024
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Cette semaine dans le billet du Club Finances, revue de presse. La transition écologique se fait à bas-bruit, infuse dans tous les territoires jusqu’aux plus petits villages. Il suffit d’ouvrir un journal régional pour réaliser qu’avec leurs petits moyens, les maires sont passés à l’action. Encourageant.
Une plongée rapide dans la presse quotidienne régionale et leur article sur les vœux des maires donne rapidement un éclairage sur les investissements prioritaires du bloc communal en 2024. Ouvrons au hasard un exemplaire de cette semaine de la Nouvelle République, édition Indre-et-Loire. Ainsi par exemple à Perrusson, Paulmy ou Saint-Quentin-sur-Indrois, près de Loches, les édiles vont lancer la rénovation thermique de leur salle des fêtes ou de leur église.
A Bléré, près d’Amboise, son maire Fabien Nedel a mobilisé une enveloppe de 7 millions d’euros étalés sur plusieurs années pour isoler énergétiquement son école Balzac. Joël Besnard, maire de Nouzilly, va faire de même avec le groupe scolaire communal. Ainsi, dans le moindre bourg, à l’échelle hyper-locale, le chantier national du dispositif Eco-énergie tertiaire, surnommé décret tertiaire, avance.
Pour soutenir tous ces travaux, il faudra bien les 500 millions d’euros supplémentaires du fonds vert 2024 fléchés vers la rénovation du bâti scolaire. Ceux-ci s’ajoutent d’ailleurs à un premier plan lancé en mai 2023 dont l’ambition est de financer deux milliards de travaux d’ici à 2027 dans 10 000 établissements. Le rapport sénatorial du 29 juin 2023 « bâti scolaire à l’épreuve de la transition écologique », indique que, d’ici à 2030, 40 milliards d’euros de travaux devront être engagés sur ces bâtiments pour améliorer leur performance énergétique. Les collectivités sont bien présentes au rendez-vous.
Capacité d’action historique ?
La transition écologique dans les territoires ne s’arrête pas aux écoles. Elle se répand partout comme un humus nourricier. Reprenons le même journal pour voir qu’à Draché, le maire Gilles Chapoton va acquérir des terrains en centre-ville pour maîtriser son foncier et va privilégier les installations photovoltaïques et géothermiques en vertu de la loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables, dites loi APER, de mars 2023. Une aire de covoiturage va également faire son apparition en entrée de Saint-Quentin-sur-Indrois, « pour éviter l’autosolisme » s’inquiète la maire Cécile Deruyver-Averland.
Et si on pousse la transition aux critères ESG, alors on pourra y inscrire le projet de résidences pour seniors autonomes accolées aux studios dédiés aux apprentis locaux dans la commune de Perrusson, le projet d’inclusion pour les aînés à Paulmy ou l’espace multigénérationnel de Crouzilles. Tous ces projets dans seulement trois pages locales d’une édition départementale d’un quotidien régional ; transposer ce relevé au niveau national sur une année complète donnerait le vertige.
La transition écologique percole jusqu’au plus petit village, au rythme de leurs besoins, mais aussi de leurs moyens. Ils sont bien sûr soutenus financièrement par les autres catégories de collectivités, notamment les départements et les régions, mais aussi par l’Etat.
Au cours de l’année qui débute, chacun sera dans son rôle pour demander des financements à la hauteur de l’enjeu : entre 12 et 66 milliards par an, selon I4CE ou le rapport Pisani-Ferry-Mahfouz, qui de toute façon n’y seront pas. Pour le consultant Franck Valletoux, dirigeant-fondateur de Stratégies locales, le manque de financement n’est pas une excuse : « On peut observer que les collectivités locales ont une capacité d’actions historique compte tenu de leurs équilibres budgétaires robustes, de leur faible niveau d’endettement et des excédents disponibles (trésorerie). Constatons avec enthousiasme que les moyens budgétaires sont au rendez-vous des enjeux d’investissements des collectivités locales, dont les efforts attendus sur les investissements « verts ». »
Course d’obstacle
En dépit de cet élan optimiste, beaucoup vont quand même se désoler. A commencer par les élus locaux eux-mêmes dont certains n’ont pas manqué de rappeler lors du dernier congrès des maires combien ils étaient empêchés d’aller plus vite, plus haut, plus fort, du fait de ressources trop faibles, de règles trop contraignantes, de compétences trop rares. Mais enfin, ils agissent. Pour se consoler, il suffit donc de lire le premier quotidien régional qui passe pour y trouver leurs actions et des raisons d’y croire.