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Au Mont-Saint-Michel, l’Anse de Moidrey est devenue « un vrai petit paradis » pour la biodiversité

14/10/2025

Au Mont-Saint-Michel, l’Anse de Moidrey est devenue « un vrai petit paradis » pour la biodiversité

L’Anse de Moidrey (Manche) en 2024, lors des derniers travaux. | EPMSM

Les travaux de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel ont transformé l’Anse de Moidrey en un paradis pour la biodiversité. Et pas seulement les crapauds !

C’est l’un des succès environnementaux des grands travaux de Rétablissement du caractère maritime (RCM) du Mont-Saint-Michel. Située à Pontorson (Manche), à quelques kilomètres de la Merveille, l’Anse de Moidrey était au cœur des premiers coups de pelles, en 2005. Le site, d’une superficie totale proche des 100 hectares, avait deux objectifs : stocker l’eau et maintenir la population des amphibiens.

Historiquement, l’Anse de Moidrey avait échappé à la poldérisation massive du secteur. « Elle a été gardée intacte pour pouvoir exploiter la tangue, jusque dans les années 1930. Au moment du RCM, on pouvait utiliser cet espace car il avait échappé à l’utilisation agricole massive et parce que, historiquement, c’était le lit du Couesnon. Il y avait un lien fonctionnel », retrace Audrey Hemon, responsable environnement pour l’établissement public national du Mont-Saint-Michel.

Des mares pour les amphibiens

Dès 2005, des mares de substitution ont été creusées pour accueillir les pélodytes ponctués, dont l’habitat d’alors était menacé par le chantier. Ce petit crapaud rare est une espèce dite pionnière, qui se déplace donc naturellement vers des points nouveaux. Le pari du déplacement a payé, rapidement : ils étaient une soixantaine à l’époque, ils sont plus de 250 aujourd’hui . « Le site a aussi été renforcé par d’autres espèces, on a gagné en biodiversité », souligne l’experte.

Une belle surprise, que le syndicat mixte puis l’établissement public ont encouragé. Car au fil du temps, leur connaissance s’est affinée : ils ont appris comment gérer des roselières, qui ont été déplacées pendant les travaux des berges du Couesnon à d’autres espaces compensatoires, comme les parkings. « L’Anse de Moidrey n’était pas un espace compensatoire, mais une roselière s’y est développée, ce qui a amené tout un cortège d’espèces. Notamment des oiseaux. » Les techniques appliquées ailleurs pour protéger ces espèces ont été étendues ici.

Des canaux pour stocker l’eau

L’autre objectif pour l’Anse de Moidrey était d’accueillir des chenaux. Creusés dans les années 2010, « ils permettent d’apporter un volume lorsque le barrage fait rentrer la marée : on remplit à la fois le lit du Couesnon et ces chenaux, pour stocker puis relâcher de l’eau. » C’est ce mécanisme qui a permis au célèbre îlot rocheux de se désensabler, et donc de redevenir une île.

Aujourd’hui, d’autres enjeux environnementaux se sont ajoutés. Comme la gestion de la végétation de prairie : des oiseaux intéressants nichent dans les herbes hautes au printemps, donc les fauches ne se tiennent pas avant la mi-juillet. À l’automne 2023 puis l’automne 2024, des travaux d’aménagements ont été réalisés : des saules ont été arrachés et des clôtures ont été posées pour limiter le piétinement des bovins.

« Tout est évolutif : on s’ajuste continuellement à partir de nos observations. On est partis des pélodytes ponctués au début des années 2000, puis en travaillant la gestion écologique des terrains on a vu que la faune répondait et la flore aussi. C’est devenu un vrai petit paradis. »

ouest-france

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