Le salon des Solutions
environnementales du Grand Ouest

Les Actualités

Pourquoi l'accord sur la réduction des émissions de méthane est une bonne nouvelle

05/11/2021

Pourquoi l'accord sur la réduction des émissions de méthane est une bonne nouvelle

Le think tank Ember estime que le charbon est le grand oublié des émissions de méthane.  © Pascal Guittet

A Glasgow, une centaine de pays ont signé un accord inédit visant à réduire les émissions de méthane, deuxième contributeur au réchauffement climatique après le CO2. Une bonne nouvelle qui doit maintenant se concrétiser.

Accord sur la déforestation et la réduction des émissions de méthane. La COP26 démarre sur les chapeaux de roue en Ecosse. « Généralement, les COP débutent sur un rythme élevé, mais l’intensité retombe ensuite. Il faut espérer que les engagements concrets soient suffisamment solides en fin de semaine prochaine », confie un observateur présent à Glasgow.

Si l’accord sur la déforestation est loin de faire l’unanimité, notamment avec les annonces de Jeff Bezos dont les engagements ne trompent guère – il suffit de voir la contribution d’Amazon au réchauffement climatique –, l’accord porté par une centaine de pays sur la réduction de 30% des émissions de méthane d’ici à 2030 est vu comme un signe positif.

« Certes, il n’y a ni la Chine, ni la Russie. Mais l’Union européenne et les Etats-Unis sont bien présents. Et que 105 pays aient réussi, en trois ou quatre semaines, à se mettre d’accord pour réduire les émissions de méthane est une bonne nouvelle », a analysé Maxime Beaugrand, avocate française, directrice du bureau parisienne de l’ONG Institute for Governance and Sustainable Development (IGSD), mardi 2 novembre, lors d’un point presse organisé par l’Association de journalistes de l’environnement (AJE).

Deuxième gaz à effet de serre

Le méthane (CH4) est le deuxième gaz à effet de serre après le dioxyde de carbone (CO2). Il contribue pour 30% au réchauffement climatique depuis l’ère préindustrielle. Le dernier rapport du Giec, publié en août dernier, a pointé le rôle néfaste du méthane dans la hausse des températures. Il est particulièrement présent dans l’agriculture, premier émetteur avec 40% des émissions anthropiques, selon un rapport de l’ONU, devant les énergies fossiles (35%) et les décharges (20%).

En 2019, les concentrations de CH4 n’avaient jamais été aussi élevées depuis 800 000 ans. Si son pouvoir de réchauffement est largement supérieur à celui du dioxyde de carbone, il agit toutefois sur une durée beaucoup plus courte. Ce qui permet, en réduisant ses émissions, d’agir rapidement sur la hausse des températures. Sa durée de vie est d’une douzaine d’années, contre un siècle pour le CO2. En revanche, son pouvoir réchauffant peut être jusqu’à 82 fois supérieur au CO2, sur une durée de 20 ans.

Les fuites dans le gaz, le pétrole... et le charbon

Si cet accord est appliqué, il peut permettre de gagner 0,3°C d’ici à 2045… Mais encore faut-il qu’il le soit, et que les instruments pour mesurer les engagements soient fiables. Les producteurs d’énergies fossiles sont en première ligne avec les fuites durant la production et le transport de gaz et de pétrole. C’est aussi dans ce secteur que les technologies permettent de détecter et réparer ces fuites. Le PNUE (programme des Nations unies pour l’environnement) a lancé tout récemment l'Observatoire international des émissions de méthane (IMEO). Il estime qu’il est possible de réduire de 75% les émissions de méthane dans les énergies fossiles.

Toutefois, le think tank Ember précise que le charbon est le grand oublié des émissions de méthane. 40,5 millions de tonnes de méthane se sont échappées des mines de charbon en activité dans le monde en 2020, soit 3 483 millions de tonnes de CO2, ce qui est supérieur aux émissions de CO2 de l'UE. Les fuites de méthane des mines rajoutent 23% à l'impact climatique du charbon.

Dans son rapport, le PNUE estimait que la lutte contre les fuites des mines de charbon pourrait contribuer pour 12% au potentiel mondial de réduction du méthane anthropique en 2030. Or, la Chine, la Russie, l’Australie et l’Inde n’ont pas signé l’accord sur la réduction des émissions de méthane à Glasgow…

www.usinenouvelle.com

Annonce Publicitaire