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Un vent d’optimisme souffle sur l’éolien en mer

11/11/2021

Un vent d’optimisme souffle sur l’éolien en mer

Longtemps restée secondaire dans le paysage des renouvelables en France, la place de l’éolien en mer pourrait bientôt changer. Avec la mise en service prochaine de quatre parcs éoliens, l’émergence d’une filière d’excellence française et la création de nombreux emplois dans les territoires, l’éolien offshore s’impose désormais durablement en France, aux côtés du nucléaire et des autres sources d’énergie bas-carbone. Néanmoins, la faiblesse des objectifs gouvernementaux en termes de capacité installée illustre un secteur qui marche à deux vitesses. Le rapport de RTE publié le 25 octobre confirme le caractère incontournable de l’éolien en mer dans le mix énergétique français futur et devrait ainsi accélérer les prises de décision.

Vent en poupe pour l’éolien en mer

Avec la plus grande façade maritime d’Europe, et un régime de vent favorable, le faible nombre d’éoliennes au large de nos côtes reste une bizarrerie française. Le potentiel technique théorique de l’éolien en mer est, aujourd’hui, estimé à 80 GW pour l’éolien posé et à 140 GW pour l’éolien flottant, selon les conclusions de France Énergie Éolienne. Une spécificité géographique, et donc un atout, dont ne bénéficie qu’une infime partie des pays du monde.

Dans le rapport GWEC Offshore Wind 2020, il est estimé que la capacité mondiale de l’éolien en mer devrait atteindre 235 GW d’ici 2030, soit une multiplication par 7 de la capacité installée aujourd’hui. Selon l’AIE, ce marché pourrait représenter plus de 1000 milliards de dollars d’ici 2040, son directeur, Fatih Birol, estimant que « l’éolien en mer semble aujourd’hui être la prochaine solution pour résoudre le problème de la transition énergétique ».

De nombreux pays européens ont aujourd’hui pris la mesure du potentiel de cette technologie. C’est d’ailleurs en Europe que la production à partir de cette technologie est principalement concentrée. Sophie Meritet, maîtresse de conférences à l’université Paris-Dauphine-PSL, rappelle ainsi que « cinq pays (Royaume-Uni, Allemagne, Belgique, Danemark et Chine) représentent près de 95 % des capacités installées d’éolien offshore. C’est un secteur très concentré ».

Structuration de la filière

Portés par le développement de ce marché, les nouveaux projets prolifèrent. L’État multiplie les appels d’offres, à l’image de celui sur le huitième parc éolien en mer, attendu pour 2028 au large des côtes normandes. Il s’agit du plus important mis sur le marché à ce jour en France, avec une puissance maximale de 1000 MW. L’installation attendue de ces parcs éoliens offshore n’a néanmoins pas empêché la filière française de prendre les devants et de se structurer, autour de ses atouts industriels. Ainsi, la France a su attirer sur son territoire la fabrication de la turbine Haliade-X de General Electric (GE), la plus grande et la plus puissante éolienne offshore construite à ce jour, capable de produire l’équivalent de la consommation quotidienne de 23 000 foyers.

GE a ainsi positionné la France comme vaisseau amiral de son activité éolien en mer, avec pour preuve la localisation de son usine d’assemblage de nacelles à Montoir de Bretagne près de Saint-Nazaire et son usine de production de pales à Cherbourg. Ce faisant, GE emploie aujourd’hui plus de 1200 personnes soit deux fois plus qu’il y a 2 ans, crée 200 nouveaux emplois dans son usine de Cherbourg cette année et prévoit d’en doubler la taille en 2024 afin de répondre à la demande croissante des marchés étrangers. Selon l’Observatoire des Energies de la Mer, le secteur des énergies marines renouvelables (EMR) comprenait 4 859 emplois directs en 2020, soit 1794 de plus qu’en 2019, représentant une augmentation de 59 %. Cette dynamique devrait se poursuivre en 2021, grâce à « l’amplification des opérations en mer ainsi que le début des travaux pour le parc de Courseulles-Sur-Mer (Calvados) » indique l’Observatoire dans son cinquième rapport publié le 22 juin 2021.

Le développement de cette filière s’illustre aujourd’hui très concrètement à Saint-Nazaire avec la construction en cours du premier parc éolien offshore français, dont les 80 éoliennes assemblées dans l’usine Nazairoise seront installées en 2022. Pour Bruno Bensasson, directeur des énergies renouvelables chez EDF : « À terme, le parc permettra de produire de l’électricité pour 700 000 personnes, ce qui représente 20 % de la consommation du département de la Loire-Atlantique ».

Une réussite d’autant plus importante que pour l’heure, 90 % de l’électricité consommée dans ce département provient des énergies fossiles. L’usine de Saint-Nazaire va fonctionner à plein régime pendant plusieurs années. Un succès rendu possible par l’investissement continu de GE depuis le rachat de cette activité à Alstom en 2015, qui ne comptait alors qu’une centaine d’emplois et des ressources trop limitées pour accompagner un tel développement.

Export et innovation : des perspectives florissantes

Au-delà des emplois et de la valeur créés aujourd’hui par la filière de l’éolien en mer en France, le secteur est également très prometteur pour le rayonnement industriel français qu’il pourrait susciter à l’étranger, ainsi qu’aux innovations elles aussi génératrices de nouvelles opportunités. Le savoir-faire développé à Cherbourg et Saint-Nazaire par GE ainsi que les nombreux emplois en rapport, devraient permettre à la France d’exporter sa production sur des projets d’envergure, comme c’est déjà le cas pour les deux parcs éoliens développés par Orsted au large des côtes du Maryland et du New Jersey (120 et 1100 MW) et le parc de Dogger Bank Wind Farms, d’une capacité de 3 600 MW (actuellement le plus grand parc éolien du monde au large des côtes du Yorkshire au Royaume-Uni).

Enfin, la filière éolienne en mer promet également d’être source majeure d’innovations à mesure de son arrivée à maturité. De manière similaire à ce que l’on a pu observer dans le passé pour la technologie photovoltaïque, la filière de l’éolien en mer développe aujourd’hui chaque année des produits plus performants, avec une courbe d’apprentissage extrêmement rapide et efficace. L’exemple de l’Haliade-X est à ce titre frappant puisque ce produit est passé d’une puissance de 12 MW en 2019 à 13 MW en janvier 2021, et devrait désormais obtenir la certification 14 MW très prochainement. Ce progrès technique rapide permettra, en limitant le poids des nacelles, d’augmenter la puissance et ainsi de réduire le nombre d’éoliennes installé dans chaque parc. Il induira une nouvelle réduction des coûts et accéléra l’installation de ces parcs.

À échéance plus lointaine, le développement de l’éolien flottant devra permettre d’accéder à de nouveaux sites et offrir de nouvelles perspectives. Là encore, il faudra compter sur l’innovation des industriels du secteur pour relever les défis technologiques que pose le flottant.

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