Le salon des Solutions
environnementales du Nord

Les Actualités

Climat : une planète au pied du mur selon le Giec

23/03/2023

Climat : une planète au pied du mur selon le Giec

Le défi à relever pour maintenir le réchauffement de la planète à 1,5 °C est devenu colossal.        © Paul

Dans son rapport de clôture de son sixième cycle d'évaluation, le Giec tire à nouveau la sonnette d'alarme : pour éviter un réchauffement probable à 3 °C d'ici à 2100, les actions sont à entreprendre dès aujourd'hui.

Après huit ans de travaux et sept comptes-rendus thématiques, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) a rendu son ultime rapport, ce lundi 20 mars, synthèse de ses précédents exposés. Le dernier du genre avant plusieurs années. Une fois de plus, ces scientifiques tirent la sonnette d'alarme. En raison d'une augmentation continue des émissions de gaz à effet de serre, le défi à relever pour maintenir le réchauffement de la planète à 1,5 °C est aujourd'hui devenu colossal, expliquent-ils. Les lacunes des plans existants et de leur mise en œuvre conduisent la planète vers un avenir dangereux.

Près d'un Terrien sur deux en situation de vulnérabilité

L'enjeu est d'autant plus crucial que chaque réchauffement supplémentaire se traduit par une escalade des dangers : vagues de chaleur plus intenses, précipitations plus abondantes et autres phénomènes extrêmes, alarmants pour la santé des populations comme pour celle des écosystèmes, encore plus ingérables lorsqu'ils se combinent à d'autres problèmes tels que les pandémies ou les situations de conflits. Des gens meurent déjà de chaleur accablante, soulignent les spécialistes. Certains font également face à une insécurité alimentaire et hydrique qui devrait s'accentuer avec le réchauffement climatique.

La situation atteint désormais des proportions très importantes. En Afrique, en Asie, en Amérique... C'est aujourd'hui près de la moitié de l'humanité qui vit dans des régions très vulnérables. Au cours de la dernière décennie, ces populations ont enregistré 15 fois plus de décès dus aux inondations, aux sècheresses et aux tempêtes, indique le Giec. Or, ce sont également celles qui ont le moins contribué aux dérèglements actuels. À l'inverse, les 10 % des ménages les plus émissifs contribuent à hauteur de 34 à 45 % à l'ensemble des émissions des ménages. Maîtriser la hausse des températures répond donc aussi à une question de justice sociale.

La partie n'est pas perdue d'avance

Tout ne serait pas perdu pour autant, selon les experts. « Si nous agissons maintenant, nous pouvons encore assurer un avenir durable et vivable pour tous », estime même Hoesung Lee, le président du Giec. Désormais, il ne reste plus que sept ans aux pays pour réduire de moitié leurs émissions de gaz à effet de serre et mettre en œuvre les indispensables mesures d'adaptation. Les correctifs sont cependant à démarrer dès maintenant, la résilience de la planète devenant plus difficile à chaque augmentation des températures. « Les choix qui seront fait au cours des prochaines années joueront un rôle déterminant pour décider de notre avenir et de celui des générations à venir », insistent les membres du Giec.

 " Les choix qui seront fait au cours des prochaines années joueront un rôle déterminant pour décider de notre avenir et de celui des générations à venir "  Giec

 Meilleure gestion des écosystèmes, avec une conservation efficace de 30 à 50 % des terres, des eaux douces et des océans, changements dans les secteurs de l'alimentation, de l'énergie, des transports ou de l'industrie, partage des technologies et des savoirs-faire... Pour affronter ces enjeux, outre l'engagement politique, la coordination des stratégies, la coopération internationale et la gouvernance inclusive, « il existe de multiples options réalisables ou efficaces, assurent les spécialistes. Elles sont disponibles dès maintenant ».

Parmi les solutions possibles, les experts mentionnent le développement des énergies renouvelables, mais aussi la capture et la séquestration du carbone. Des propositions qui inquiètent Les Amis de la terre. « Nous ne pouvons pas nous fier à des technologies d'élimination qui sont encore au stade hypothétique, proteste l'association. Nous devons entendre les messages urgents contenus dans le rapport du Giec sans tomber dans le piège de croire que l'élimination du dioxyde de carbone suffira à sauver la situation. » Les spécialistes du Giec mettent par ailleurs l'accent sur la nécessité d'associer aux connaissances scientifiques les expertises autochtones et locales.

Plans nationaux et financement à revoir

Parmi les autres leviers à actionner figure en bonne place celui des financements, que le Giec espère multiples, suffisants et bien alignés, pour ne pas devenir improductifs et se transformer en frein aux progrès. « Il existe suffisamment de capitaux mondiaux pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, note le Giec. Les gouvernements par le biais de financements publics et de signaux clairs aux investisseurs sont essentiels pour réduire ces obstacles. Les banques centrales et les régulateurs financiers peuvent également jouer leur rôle. » Pour le moment, le niveau des ressources financières consacrées au climat reste très insuffisant et largement dépassé par les flux d'argent fléchés vers les énergies fossiles, par les établissements privés comme par les pouvoirs publics. De même, les dépenses nécessaires à l'adaptation des territoires au changement climatique dépasseraient largement les fonds qui lui sont alloués.

Si les experts du Giec mettent en avant les opportunités à saisir, ils ne cachent pas non plus leur inquiétude face aux écarts entre les efforts à accomplir et les contributions de chaque État prévues dans leurs plans nationaux. Pour ces derniers, il est ainsi probable que le réchauffement dépassera les 1,5 °C au cours du XXIe siècle et qu'il sera plus difficile de le limiter en dessous de 2 °C. Si cet écart n'est pas comblé, nous nous dirigerons vers un réchauffement de la planète de 3,2 °C d'ici à 2100, préviennent-ils. « Les dirigeants sont confrontés à un choix : prendre la science au sérieux et mettre en œuvre les mesures significatives nécessaires avant 2030 ou continuer à les retarder et condamner les générations futures aux terribles coûts de l'inaction », résume Mary Robinson, présidente du groupe The Elders et ancienne Haut-Commissaire des Nations unies aux Droits de l'homme. Ces appels seront-ils entendus ? Les discussions lors de la COP28 en témoigneront. Ou pas.

Nadia Gorbatko / actu-environnement

Annonce Publicitaire