3 jeunes pousses françaises du biocontrôle qui préparent l'après-pesticides

Au cours de ces derniers mois, plusieurs pépites françaises ont signé des partenariats avec les géants de l’agrochimie. Des mouvements qui illustrent le dynamisme de la filière biocontrôle française.

Amoéba teste l’amibe qui veut du bien aux champs

Avant de s’aventurer dans les champs, c’est dans le traitement de l’eau que le lyonnais Amoéba s’est lancé. "En juillet 2010, j’avais envie d’ouvrir mon entreprise. J’ai découvert sur le web qu’un brevet avait été déposé utilisant l’amibe pour remplacer le chlore dans l’élimination des bactériens", explique Fabrice Plasson, son président.

En parallèle, Amoéba découvre que son amibe a également des fonctions de fongicide dans l’agriculture. "Nous avons travaillé avec un prestataire extérieur, ce qui nous a permis d’établir que le micro-organisme est aussi efficace mort que vivant avec des taux d’efficacité allant jusqu’à 70 % pour lutter contre le mildiou des vignes", détaille le dirigeant.

Cette découverte est une aubaine pour l’entreprise qui, dès lors, peut lyophiliser ses produits sous la forme de poudre, puis de suspensions. Ces solutions permettent à Amoéba d’en envisager la généralisation. Pour cela, l’entreprise s’est rapprochée des agrochimistes. Objectif : faire tester ces produits avant d’envisager un accord commercial. "Huit acteurs, parmi lesquels Bayer, Syngenta et BASF, se sont d’ores et déjà manifestés, mais nous n’en sélectionnerons que trois au final", précise Fabrice Plasson.

M2I Life Sciences mise sur les odeurs

Depuis sa création en 2012, la start-up francilienne ambitionne de devenir le leader du marché du biocontrôle. Pour y arriver, M2i Life Sciences mise sur les phéromones dont l’odeur repousse les insectes dévastateurs. "Cette solution présente l’avantage d’être sélective et de ne pas avoir d’impacts collatéraux, ni de résidu sur l’environnement", annonce Johann Fournil, son fondateur. Des avantages qui se sont toutefois longtemps heurtés à la maîtrise de la diffusion de l’odeur et son mode d’application. La société a donc développé une solution de micro-encapsulation qui concentre la phéromone au sein d’une émulsion de cire naturelle et permettant l’application en pulvérisation. "Plus le mode d’application sera simple, plus le produit sera adopté rapidement", observe le dirigeant.

Pour accélérer sa croissance, l’entreprise de 170?salariés vient de signer un partenariat de plusieurs années avec le géant Corteva. Ce dernier inclura certains produits développés par M2i Life Science dans sa nouvelle gamme biocontrôle. "Nous n’avons pas vocation à être revendeur. Ce partenariat est donc, pour nous, une belle manière de généraliser l’accès à nos produits", s’enthousiasme Johann Fournil.

Agrauxine sème la protection des plantes

À force de travailler sur les biofongicides à base de levures, c’est tout naturellement que l’angevin Agrauxine s’est rapproché du spécialiste de la levure Lesaffre. La jeune pousse créée en 2002 a été rachetée par le groupe nordiste en 2014 avec un objectif : compléter sa gamme de produits de biocontrôle, qui compte déjà 37 références, pour atteindre les 91 références homologuées destinées au maraîchage, à l’arboriculture, à la vigne et aux grandes cultures céréalières.

Pour atteindre cet objectif, Agrauxine compte désormais sur les connaissances en recherche appliquée de son nouveau propriétaire, mais également sur ses 15 chercheurs en R & D. "Nous travaillons à la fois sur le biocontrôle et la biostimulation qui cherche à réduire le stress lié à l’environnement (sécheresse, humidité...). Et bientôt nous lancerons une gamme de produits de bionutrition", témoigne Valérie Nicaise, sa coordinatrice R & D.

Grâce à la force de frappe de Lesaffre, Agrauxine entend développer son offre en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, deux des principaux marchés du biocontrôle d’ici à la fin 2021. De quoi lui permettre d’augmenter son chiffre d’affaires de 40 % d’ici à 2022.

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