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Comment la nature peut aider les villes à mieux s'adapter au changement climatique
02/12/2023
A Lyon, dans le 6e arrondissement, les pieds des arbres s'ornent de végétation et d'une tranchée d'infiltration qui permet à l'eau de pénétrer dans le sol, sans encombrer le réseau d'assainissement urbain. (Thierry Fournier // Métropole de Lyon)
Soutenu par la Commission Européenne et piloté par l'Office Français de la Biodiversité, le programme ARTISAN, qui s'appuie sur dix sites pilotes, entend valoriser le potentiel des solutions fondées sur la nature pour mieux adapter les différents territoires au changement climatique.
Par Béatrice Héraud
Dans les rues Récamier et Vauban du 6e arrondissement de Lyon, les pieds des arbres autrefois engoncés dans le bitume s'ornent désormais de végétation et d'une tranchée d'infiltration qui permet à l'eau de pénétrer dans le sol, sans encombrer le réseau d'assainissement urbain. Ainsi ragaillardis, ils projettent plus d'ombre tandis que les plantations attirent pollinisateurs et papillons.
Cela peut sembler anecdotique et pourtant, c'est une petite révolution. En contribuant naturellement au rafraîchissement de la ville, à une meilleure gestion de ses eaux pluviales et à sa végétalisation, ces « arbres de pluie » sont considérés comme une Solution d'adaptation fondée sur la Nature (SafN), une démarche poussée par le GIEC, l'IPBES (son équivalent pour la biodiversité) et l'Assemblée générale des Nations unies pour lutter contre le changement climatique.
Lever les craintes
En France, l'Office français de la biodiversité (OFB) a lancé le programme ARTISAN pour démontrer et valoriser le potentiel de ces solutions. Leur déploiement n'est, en effet, pas si évident car celles-ci obligent à un « changement de paradigme par rapport à des solutions d'ingénierie classiques : les SafN demandent une transversalité entre les services, de la planification, une nouvelle répartition des coûts - reportés davantage sur la maintenance, des expérimentations… », précise Mathilde Loury, coordinatrice du projet Life intégré ARTISAN au sein de la direction des acteurs et des citoyens de l'OFB.
"Les SafN demandent une transversalité entre les services, de la planification, une nouvelle répartition des coûts - reportés davantage sur la maintenance, des expérimentations."
Mathilde Loury, coordinatrice du projet Life intégré ARTISAN au sein de la direction des acteurs et des citoyens de l'OFB
Des difficultés que ne nie pas Hervé Caltran responsable de l'unité gestion des patrimoines à la direction du cycle de l'eau du Grand Lyon. Pour les arbres de pluie, qui constituent l'un des dix projets démonstrateurs d'ARTISAN, il a fallu lever les craintes sur les moustiques ou la boue, repasser au ramassage des déchets à la main ou expliquer pourquoi le surcoût de l'ordre de 20 % n'en était pas vraiment un au regard de ses bénéfices. « Cela nous oblige à repenser la gestion de la ville », reconnaît-il.
Dans ce cadre, le programme ARTISAN a joué tout son rôle en permettant de « valider le projet et d'accélérer son déploiement dans la collectivité mais aussi à l'extérieur. Des municipalités suisses, belges ou québécoises sont déjà venues et l'on prépare un showroom permanent pour sensibiliser les maîtres d'oeuvre et entreprises à cette nouvelle donne technique », souligne Hervé Caltran. Car les bénéfices recensés sont « au-delà des attentes », que ce soit en termes de biodiversité , notamment des sols, ou de gestion de l'eau, une problématique en très forte hausse dans les collectivités face aux sécheresses, canicules et inondations à répétition.
Pas de « solutions miracles »
Comme ceux du Grand Lyon, les enseignements tirés des sites pilotes du programme ARTISAN vont nourrir le troisième Plan national d'adaptation au changement climatique en cours d'élaboration, mais aussi un kit d'argumentaires à destination des élus.
Si, comme le nuance Mathilde Loury, ces solutions fondées sur la nature ne sont pas des « solutions miracles », notamment dans les villes où l'espace est contraint, elles sont néanmoins essentielles pour compléter les techniques plus classiques et nécessitent un passage à l'échelle pour déployer l'ensemble de leurs cobénéfices.