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La Loire et ses bouleversements face au changement climatique

07/09/2023

La Loire et ses bouleversements face au changement climatique

Vue aérienne en drone de la Loire après la sécheresse de 2022 à Ingrandes-Le Fresne-sur-Loire. | FRANCK DUBRAY / OUEST FRANCE

La Loire, notre environnement. D’ici 2050, la température de la Loire devrait gagner 1,1 °C. Dans le Maine-et-Loire, son débit risque d’être fortement réduit. Des impacts directs du changement climatique. Des déséquilibres qui menacent toute une variété d’écosystèmes.

Tout l’été, Ouest-France plonge au cœur de la Loire pour comprendre les enjeux environnementaux mis à mal par le changement climatique et l’activité humaine. Disparition de poissons emblématiques, détection de microplastiques, évolution de la qualité des eaux, apparitions d’espèces invasives… Les bouleversements sont nombreux. Un danger pour ce fleuve, abri d’une grande variété d’écosystèmes et source précieuse pour l’homme. Face au changement climatique, quel impact pour la Loire et son environnement ? Réponse dans ce premier volet.

La Loire, quel rôle pour l’environnement ?

La richesse du bassin de la Loire n’est plus à démontrer. « Aux abords et dans les cours d’eau, une grande variété de milieux, plus ou moins humides, ont permis différents peuplements de végétaux et animaux, précise Simon Lery, directeur du Groupement d’intérêt public Loire estuaire (GIP). Le rôle de la Loire sur la biodiversité locale est majeur. « Le fleuve est également un grand axe de migration pour certaines espèces de poissons comme le saumon. »

Et son rôle pour l’environnement de l’homme l’est tout autant. Navigation, eau potable, agriculture et même des centrales nucléaires. Les usages sont multiples. Protéger la Loire du changement climatique parait aujourd’hui comme l’enjeu essentiel pour maintenir ce précieux équilibre.

Comment le changement climatique impacte la Loire ?

Le changement climatique bouleverse l’hydrologie du fleuve. Deux caractéristiques majeures sont surveillées. La température de l’eau et le débit.

Selon l’Établissement public Loire et l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, il faut s’attendre à une hausse de la température de l’eau entre 1,1 et 2,2 °C. Des prévisions basées sur le scénario du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui prévoit une augmentation de la température de l’air de 2 °C d’ici 2050.

Pour les débits, des premières estimations prévoient une baisse moyenne de -20 à -50 % (de -25 à 40 % dans le Maine-et-Loire, au niveau de Montjean-sur-Loire) d’ici 2050. Des travaux en cours devraient actualiser les connaissances.

Pourquoi les précipitations jouent un rôle essentiel ?

« Sans précipitation, il n’y a pas d’eau dans la Loire. Le débit reste alors faible. On l’a vu cette année », précise Éric Sauquet, directeur de recherche en hydrologie à INRAE, et pilote du projet Explore2, lancé en 2021 pour étudier les stratégies de gestion de l’eau face au changement climatique. L’évolution des précipitations est un point crucial pour la Loire.

« Même les projections actuelles restent incertaines, commente avec prudence le scientifique. Dans le cas d’un futur avec des émissions fortes de gaz à effet de serre, elles suggèrent plus vraisemblablement une baisse des précipitations en été ; en revanche, il n’y a pas de certitude sur le signe de changement des pluies en hiver. »

Quelle que soit l’évolution du climat, Éric Sauquet reste certain d’une chose : « Il y aura des impacts sur l’hydrologie et cela nécessitera des adaptations de la gestion du bassin versant de la Loire. »

Quelles conséquences pour l’environnement ?

« Certains écosystèmes vont avoir du mal à survivre dans ces nouvelles conditions », s’inquiète Éric Sauquet. Plusieurs espèces, comme le sandre, disparaissent peu à peu de la Loire. « Le danger est aussi pour les petits cours d’eau qui risquent de s’assécher très rapidement, ne pouvant plus servir de refuge pour les espèces aquatiques. » Concernant la migration du saumon, « l’évolution des températures ne va pas dans le sens positif », ajoute Simon Lery.

À l’inverse, la « méditerranéisation » du bassin de la Loire favorise l’émergence de nombreuses espèces exotiques envahissantes. Moules chinoises, écrevisse de Louisiane, tortue de Floride ou encore palourde asiatique ont désormais élu domicile en Pays de la Loire. Une menace directe pour les espèces locales.

Pourquoi protéger la Loire, c’est protéger le cycle de l’eau ?

« Avec le changement climatique, l’intégralité du cycle de l’eau est modifiée », explique Éric Sauquet. Les écoulements du fleuve ne sont qu’une composante de ce cycle. Ils correspondent aux « eaux de surface ». Mais les interactions avec les autres composantes, comme les nappes phréatiques, existent. « En hiver, la recharge des nappes permet au cours d’eau d’être alimenté de façon soutenue l’été suivant. » À l’heure où les projets de forage, pour aller chercher l’eau en profondeur, se multiplient, la préservation des nappes est devenue un enjeu pour le maintien d’un cycle fonctionnel, et la bonne santé de la Loire. « Si vous prélevez dans les nappes, c’est de l’eau en moins dans la rivière. »

ouest-france


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