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Ce Nantais a créé un système pour dépolluer les océans

07/10/2023

Ce Nantais a créé un système pour dépolluer les océans

Tracté derrière un bateau, le système permet de rassembler les polluants en mer, facilitant le ramassage par les bateaux de dépollution. | SAMI SARKIS, DRONE-PICTURES.COM

Ingénieur naval, le Nantais Rémi Allain a créé, via sa société V2O Marine, un outil pour faciliter le ramassage des déchets qui flottent en mer.

Rémi Allain se définit lui-même comme « un gars de la mer ». « J’ai vécu toute ma vie au bord de l’eau. Quand j’étais plus jeune, j’allais tout le temps en Bretagne ou en Vendée pour faire de la voile, du surf ou de la plongée. C’est ce qui m’anime », explique ce Nantais expatrié depuis une dizaine d’années à Marseille, qui reste discret sur son ancienne vie en bord de Loire. « Mes parents vivent toujours à Nantes. J’ai plaisir à y retourner. On a un lien particulier avec les endroits qui nous ont vus grandir », concède-t-il.

Cela fait trois ans que cet ingénieur a quitté les chantiers navals pour se consacrer au développement d’un système de dépollution maritime. « Quand j’étais en école à Brest et que j’allais en mer, il m’arrivait d’avoir des galettes de pétrole sous ma combinaison de plongée, se souvient Rémi Allain. À Marseille, j’ai vu la pollution plastique augmenter de mes propres yeux. C’était édifiant. C’est comme ça que le cheminement s’est fait, du constat à la réflexion. »

Récupérer les poches de pollution près des littoraux

Rémi Allain souhaite alors apporter sa pierre à l’édifice et trouve son concept : un système permettant de ratisser la pollution flottante (plastique, algues toxiques, hydrocarbures) au large des côtes. « En majorité, avec l’urbanisation des littoraux, ce sont les activités en bord de mer qui polluent. Il faut évidemment dépolluer les fleuves, qui envoient tout vers la mer, mais on peut définir une stratégie tout aussi efficace en récupérant les poches de pollution près des littoraux », explique l’ingénieur naval.

Sa start-up, V2O Marine, développe un entonnoir flottant géant, tracté par un bateau, dont l’innovation majeure repose sur l’économie de temps et d’essence générée : « Une voile donne une forme convexe au système, pour avoir une optimisation hydrodynamique : par exemple, si vous mettez le dos d’une cuillère dans l’eau, elle va opposer plus de résistance que si vous mettez la partie creuse. C’est le même principe. Le fait de tracter un système convexe dans l’eau permet au bateau d’aller plus vite, tout en économisant jusqu’à 30 % de carburant », détaille Rémi Allain.

Appelé MPS (pour Marine pollution system), l’outil vient en appui des navires chargés d’absorber les polluants. « Le défaut de ces bateaux, c’est qu’ils ne couvrent pas une grande surface, assure-t-il. L’entonnoir rassemble les polluants et permet donc au bateau, derrière, de ratisser un plus large périmètre », entre onze et cinquante mètres selon les modèles de MPS, se préservant ainsi de plusieurs allers-retours.

Le dispositif peut aussi se fermer complètement, formant comme un drapeau derrière l’embarcation. Il oppose alors moins de résistance dans l’eau, permettant au bateau de gagner en vitesse. « Il peut aller jusqu’à 15 km/h et rejoindre plus rapidement la poche de pollution ou le port, précise Rémi Allain. On a terminé les essais, on est en phase de commercialisation. Derrière le MPS, on a récemment greffé un filet qui ramasse les polluants. C’est une solution intermédiaire pour les ports qui n’ont pas les moyens d’acheter un bateau de dépollution. » Et puis, un bateau au lieu de deux, « c’est encore une nouvelle économie en carburant ».

« Au large, la pollution à tendance à s’éparpiller »

Efinor, basée à Paimpol (Côtes-d’Armor), est l’une des rares entreprises à fabriquer des navires de dépollution, en lien avec l’association The SeaCleaners. « La demande est croissante chaque année. Ces bateaux ont un système intégré, avec une trappe à l’avant qui aspire sur son passage tout ce qui flotte, liquide ou solide », décrit Benjamin Lerondeau, directeur d’Efinor. Dans la coque, les polluants sont filtrés puis stockés, avant que l’eau claire soit rejetée en mer. « Les modèles généralement utilisés dans les ports peuvent traiter 1 000 à 2 000 litres de pollution. On a quelques modèles qui peuvent contenir jusqu’à 150 000 litres d’hydrocarbures ou 50 000 kg de déchets solides, utilisés lors des marées noires. »

Difficile, pour Benjamin Lerondeau, de se prononcer sur l’efficacité du système de V2O Marine avant de le voir à l’œuvre, « mais il en existe du même ordre, la Marine nationale elle-même utilise ce genre de système. Ce qui est sûr, c’est que c’est un enjeu pour nous, puisqu’au large, la pollution a tendance à s’éparpiller. »

Reste toutefois un problème de taille : d’après une étude de l’organisme du gouvernement australien pour la recherche scientifique (CSIRO), 14 millions de microplastiques se trouveraient déjà sur le sol marin, « 35 fois plus qu’à la surface des océans ».

ouest-france

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