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Climat : fin des voitures à essence, taxe kérosène… L’UE dévoile son plan pour décarboner l’économie

22/07/2021

Climat : fin des voitures à essence, taxe kérosène… L’UE dévoile son plan pour décarboner l’économie

Bruxelles veut la fin des moteurs essence et diesel à partir de 2035. © Crédit photo : illustration Loïc Dequier /SO

La Commission européenne a présenté 12 textes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du continent de 55 % à l’horizon 2030

Fin des voitures à essence, taxe kérosène dans l’aérien, taxation des importations, réforme du marché du carbone au risque de renchérir le prix des carburants… Bruxelles a dévoilé mercredi son projet de « big bang » législatif pour atteindre les objectifs climatiques de l’UE.

La Commission européenne a présenté 12 textes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du continent de 55 % à l’horizon 2030 par rapport à 1990, mesures qui feront l’objet pendant au moins un an d’âpres discussions entre eurodéputés et États membres.

« L’Europe est le tout premier continent à présenter une architecture verte complète : nous avons l’objectif, et désormais la feuille de route pour l’atteindre », a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission, lors d’une conférence de presse.

Des bornes tous les 60 km

Si les conséquences sociales de certaines propositions inquiètent, elle s’est attachée à rassurer : « Notre plan combine la réduction d’émissions carbone avec des mesures pour préserver la nature et placer l’emploi et l’équité sociale au cœur de cette transformation » verte, a souligné la cheffe de l’exécutif européen.

Bruxelles défend notamment l’arrêt de la commercialisation des voitures à essence à partir de 2035, avec un coup d’accélérateur pour installer des points de chargements pour véhicules électriques « tous les 60 kilomètres ». La suppression complète des émissions de CO2 concernera aussi les véhicules utilitaires légers à la même date. L’automobile représente environ 15 % des émissions de ce gaz responsable du réchauffement climatique.

Les véhicules électriques à batteries étant actuellement les seuls à satisfaire l’exigence du zéro émission, ils deviendraient de facto les seuls sur le marché du neuf en Europe à partir de 2035, même si aucune technologie ne sera officiellement imposée. À cet horizon, le projet de législation, s’il était adopté en l’état, signifierait la fin des véhicules hybrides (essence-électrique) et hybrides rechargeables, considérées comme des technologies transitoires.

Certificats d’émissions

La Commission propose également de taxer à partir de 2023 le kérosène pour les vols au sein de l’UE, tout en leur imposant un taux minimal de biocarburants - de quoi alarmer les compagnies, qui redoutent une « distorsion de concurrence » avec le reste du monde.

Mais le pilier principal est un élargissement considérable du marché du carbone européen (ETS) établi en 2005, où s’échangent les « permis à polluer » requis pour certains secteurs (électricité, sidérurgistes, cimentiers, aviation intra-UE) représentant 40 % des émissions des 27. Jusqu’ici, l’essentiel des entreprises visées se voyaient offrir des quotas d’émissions gratuits, qu’elles peuvent revendre : Bruxelles veut les restreindre drastiquement.

Bruxelles souhaite aussi que certaines importations (acier, ciment, électricité…) soient graduellement soumises aux règles de l’ETS à partir de 2026 : les importateurs devront acheter des « certificats d’émissions » basés sur le prix du carbone qu’ils auraient dû acquitter si les biens avaient été produits dans l’UE.

Un plan climat « historique »

L’idée est d’éliminer toute concurrence étrangère « déloyale » et de dissuader les délocalisations. Pour la Commission, il s’agit d’un « ajustement aux frontières » et non d’une taxe, pour contrer l’accusation de protectionnisme. Les recettes alimenteront le budget européen.

Dans un souci d’équilibre, les quotas gratuits distribués aux industriels et compagnies aériennes de l’UE pour affronter la concurrence étrangère diminueraient très progressivement, entre 2026 et 2036, avant de disparaître.

« C’est un ‘paquet climat’historique. Le prix du CO2 va monter mécaniquement à un niveau ayant un impact majeur sur les modèles économiques des industries », qui auront intérêt à adopter des technologies propres, estime Pascal Canfin, président (Renew, libéraux) de la commission Environnement au Parlement européen.

Bruxelles veut également étendre l’ETS au transport maritime, ainsi qu’au transport routier et au chauffage des bâtiments sur un « second marché carbone » dès 2026. En pratique, cela reviendrait à obliger les fournisseurs de carburants ou de fioul domestique à acheter des quotas d’émissions au prix du CO2, répercutant mécaniquement ce surcoût sur la facture des ménages.

ONG environnementales et eurodéputés de tous bords s’y opposent farouchement, craignant des mouvements sociaux : « C’est un risque gilets jaunes et bonnets rouges cumulés […] pour un gain climatique très faible », selon Pascal Canfin

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