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Comment la filière viticole s’adapte au changement climatique

31/03/2020

Comment la filière viticole s’adapte au changement climatique

La production viticole a toujours été très sensible aux changements de température et de saison, ce qui la rend particulièrement intéressante de nos jours. En ce sens, elle est un indicateur de l’impact du changement climatique sur les productions agricoles. Et si la vulnérabilité de la viticulture au réchauffement climatique inquiète la filière, il existe, grâce à la science et aux nouvelles technologies, des solutions pour s'adapter.

La vigne est une culture particulièrement sensible aux changements de températures et de saison. Aujourd’hui, les températures plus élevées, l’air qui devient plus sec, le stress hydrique qui s’accentue : les conséquences du réchauffement climatique préfigurent d’importants changements pour le monde viticole. D’ailleurs, en début d’année, une équipe internationale incluant des chercheurs d’INRAE et de Bordeaux Sciences Agro1 (résultats publiés dans la revue PNAS) a estimé que 56% des régions viticoles du monde pourraient disparaître avec un réchauffement de 2°C. Et 85% d’entre elles disparaîtraient avec un réchauffement de 4°C.

Une annonce qui reste cependant à pondérer. Car en parallèle, de nouvelles zones géographiques pouvant accueillir des vignes vont aussi apparaître. Ainsi, toujours d’après la même étude, les pays Méditerranéens comme l’Italie ou l’Espagne pourraient déplorer des pertes importantes de leurs vignobles (environ – 65%). Des pays plus tempérés comme la France et l’Allemagne pourraient rester relativement stable (les pertes de vignobles étant compensées par l’apparition de nouvelles zones). Enfin, les régions correspondant à des latitudes plus élevées comme la Nouvelle- Zélande ou le nord des États-Unis devraient gagner des terres disponibles pour y faire pousser de la vigne.

Ça n’est d’ailleurs pas un hasard si la maison de champagne Taittinger possède des vignes en Angleterre depuis 2017. La création de nouveaux vignobles sera décisive pour l’adaptation de la filière aux modifications du climat. Mais sans se résigner, les professionnels du vin réfléchissent également à d’autres solutions en se basant sur ce que peuvent leur apporter la technologie et la science.

Vers la disparition de certains cépages ?

Le réchauffement global de la planète engendre déjà une modification du calendrier de production pour les vignerons français. Le bourgeonnement des vignes se fait plus tôt qu’avant, par exemple. L’une des raisons pour laquelle la filière souffre énormément des gelées de printemps. Mais lorsque l’été arrive, le raisin arrive à maturité plus tôt en raison de la chaleur. Vendanger plus tôt est donc devenu une habitude.

En Bourgogne par exemple, les vendanges se font aux alentours de la première quinzaine de septembre. Un recul de 2 semaines par rapport à ce qui se pratiquait avant les années 90, et qui devrait s’accentuer dans les années à venir. Notamment car certains cépages arrivent à maturité plus rapidement. Ce qui est le cas du pinot noir mais aussi du merlot (qu’on retrouve beaucoup dans le Bordelais).

Cependant, pour accélérer l’adaptation de la filière viticole au changement climatique, les scientifiques proposent une autre idée : l’introduction de plus de diversité de cépages de vigne dans les vignobles. Une solution qui “pourrait réduire de moitié les pertes potentielles dans les régions viticoles dans le scénario à + 2°C et d’un tiers dans le scénario à +4°C” précisent les chercheurs de l’INRAE.

Ainsi, des variétés tardives telles que la Syrah, le Grenache et le Mourvèdre pourraient se développer davantage dans les régions viticoles actuelles. À l’inverse, le Chasselas, le Pinot noir et le Chardonnay pourraient se répandre dans de nouvelles régions plus septentrionales qui développeraient de nouveaux vignobles.

La technologie et le numérique à la rescousse ?

Outre des mesures basées sur la science, la technologie et le recours au numérique et à la robotique peut aussi servir le monde viticole. Depuis plusieurs années, de nombreux acteurs – regroupés en France sous l’étiquette de la WineTech – travaillent sur ces sujets.

Des acteurs qui ont d’abord travaillé à développer des outils pour accompagner la filière vitivinicole, notamment pour faciliter la vente en circuits-courts, du producteur au consommateur. Mais la technologie aussi peut fournir outils pour aider à faire face aux aléas climatiques. Le recours à des capteurs et stations météo connectés par exemple, se développe particulièrement.

C’est aussi le cas des ombrières intelligentes qui permettent de protéger les cultures du soleil mais aussi de la pluie ou de la grêle. Plusieurs acteurs travaillent sur ces sujets, à l’image de la start-up Ombrea, qui produit des ombrières pouvant s’adapter grâce à de l’intelligence artificielle. Un outil utilisé majoritairement pour les cultures maraîchères mais qui pourrait s’adapter aux productions viticoles.

C’est également la piste poursuivie par l’agrivoltaïsme, pratique qui se positionne sur le même principe que les ombrières, mais qui va plus loin en produisant également de l’énergie solaire photovoltaïque.

Les autres défis de la filière viticole

Outre l’adaptation nécessaire du secteur viticole face au changement climatique, la filière doit dès aujourd’hui relever d’autres défis. D’une part, la concurrence avec l’étranger – puisque de nouvelles régions font désormais de très bons vins – mais aussi les cas de “guerres commerciales” qui ralentissent l’export du vin comme c’est le cas avec les USA actuellement.

Mais pour la filière viticole, l’un des principaux challenges consiste à s’aligner sur les attentes des consommateurs en matières de cultures biologiques et de certifications environnementales. Une étape qui nécessite donc d’utiliser moins de produits phytosanitaires et de transformer certaines exploitations pour se voir attribuer les certifications idoines. À ce sujet, la science et la technologie apportent encore une fois des solutions.

La science, en se basant sur les principes de l’agroécologie permet de développer des pratiques naturelles pour préserver les vignes. En l’occurence, le concept de biocontrole, c’est à dire “l’ensemble des méthodes de protection des végétaux qui utilisent des mécanismes naturels […] en privilégiant l’utilisation de mécanismes et d’interactions qui régissent les relations entre espèces dans le milieu naturel” favorise la diminution d’apports d’intrants chimiques.

De son côté, la technologie et en particulier la robotique font des merveilles pour accompagner les vignerons dans la mise en place de nouvelles pratiques. Des entreprises comme Naïo Technologies, par exemple, conçoivent des robots autonomes pour effectuer certaines tâches comme le désherbage.

Une chose est sûre, la production viticole est située à l’avant-garde du combat contre le réchauffement climatique. Elle nous montre aussi comment, à l’avenir, d’autres productions végétales seront impactées par ce phénomène.

source : les horizons

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