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Danone investit 2 milliards dans sa transition écologique

07/07/2020

Danone investit 2 milliards dans sa transition écologique

Une mission et deux milliards d'euros. En 2020, Danone veut donner un grand coup d'accélérateur à sa transition écologique et devient une “entreprise à mission”, pour inscrire dans ses statuts ses ambitions sociales et environnementales au même titre que son but lucratif, comme le permet la loi PACTE votée en 2019. Une première pour une entreprise cotée du CAC40, approuvée à plus de 99% par les actionnaires lors de l'assemblée générale du 26 juin. Jusqu'à présent, seules des sociétés de plus petite taille comme Yves Rocher, ou des entreprises mutualistes comme la MAIF avaient franchi ce cap. 

En gravant ses préoccupations écologiques dans sa “constitution”, le géant de l'agroalimentaire affirme donc une conviction: le business est indissociable de son écosystème. “Il faut que ‘ce que l'on prend' et ‘ce que l'on rend' à la nature ait un bilan positif. C'est la force de l'écosystème qui va assurer de la valeur pour tous”, appuie Cécile Cabanis, directrice financière du groupe. Chaque année, une organisation tierce sera chargée d'auditer la réalisation de ces objectifs, en toute transparence avec les actionnaires.

“L’annonce de l’entreprise à mission a été bien accueillie par les investisseurs déjà positionnés sur l’investissement responsable, peut-être un peu moins chez les anglo-saxons qui peuvent y voir une manière pour Danone de s’éloigner du schéma économique classique. Mais il n’y a pas d’hostilité, les investisseurs ont conscience que la performance économique ne suffit plus, qu’elle dépend de la capacité à valoriser et pérenniser un écosystème”, observe Pierre Tégner, analyste financier chez Oddo BHF

900 millions pour l’emballage

Et Danone voit les choses en grand, aussi grand qu’un plan d’investissement de 2 milliards d’euros sur 2020-2022 pour “l’action des marques en faveur du climat”. D’ici 5 ans, le groupe espère avoir l’ensemble de son chiffre d’affaires certifié B Corp (entreprise à haute exigence sociale et environnementale), contre 30% aujourd’hui.

Environ 900 millions d’euros seront investis dans la circularité des emballages, pour que 100% d’entre eux soient recyclables, réutilisables ou compostables d’ici 2025. Pour l’eau, “nous nous engageons à ce que l’ensemble de nos emballages soient en PET recyclé, mais cela coûte beaucoup plus cher que le plastique vierge et nous devons pour cela ajuster nos lignes de production”, détaille Cécile Cabanis.

Pas question pour autant d’en finir avec la vente d’eau en bouteille, qui concentre pourtant les critiques. “Aujourd’hui, seulement 10 % de la population mondiale peut disposer d’une eau potable par des réseaux d’adduction sains, les infrastructures coûtent cher… Il y aura toujours besoin de transporter de l’eau. L’enjeu est de trouver le moyen le plus responsable de le faire, pour préserver les ressources”, se défend Cécile Cabanis, qui souligne les efforts déjà menés: les usines Evian et Volvic sont certifiées neutre en carbone, et Danone développe le transport ferroviaire plutôt que routier pour ses bouteilles.

La firme encourage aussi une “agriculture régénératrice”, qui réintroduit de la biodiversité et du CO2 dans le sol, là où ils ont été épuisés par l’agriculture intensive et l’utilisation de produits. “Nous encourageons un système vertueux en finançant des conversions de fermes”, affirme le groupe.

Et pour les émissions irréductibles de carbone, Danone compense en finançant des projets de reforestation à travers le fonds Livelihoods, “avec un vrai impact social”, promet Cécile Cabanis.

Suspicion des investisseurs

Pourtant, aussi vertueux soient-il, ces 2 milliards ont surpris les investisseurs. “C’est comme si Danone, qui a toujours dit être à la pointe sur les problématiques sociales et écologiques, laissait tout d’un coup entendre que ce n’était pas le cas, pour avoir besoin d’investir une telle somme. Cela interroge sur la capacité à aligner une vision avec sa mise en œuvre”, analyse Pierre Tégner. Une communication qui a aussi pu être perçue comme une stratégie de distanciation, pour faire oublier au marché que les objectifs fixés depuis 4 ans en termes de croissance organique et de marge opérationnelle ne seraient pas réalisés en 2020, indépendamment de la crise du covid-19. “Il y a de la suspicion sur la véritable raison de cette annonce”, résume l’analyste.

Pierre Tégner s’interroge finalement sur l'intérêt pour Danone de devenir une entreprise à mission, alors que le groupe était déjà très engagé dans sa raison d’être. “En dehors de l’image de marque et de l’effet de communication, qu’est-ce que ça apporte réellement? Est-ce que cela prélude une modification des indicateurs de performance? Un changement drastique des objectifs?”, questionne l’analyste, sans réponse de Danone pour le moment.

source : challenges.fr





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