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En Bretagne, des pépites dans l'éco-construction

12/08/2020

En Bretagne, des pépites dans l'éco-construction

Entre la filière chanvre, les peintures biosourcées, le bois isolants issus des forêts locales, la région Bretagne rassemble de plus en plus d’acteurs aux débouchés très prometteurs.

Les ambitions bretonnes en matière d’éco-construction s’affichent à Noyal-sur-Vilaine, près de Rennes (Ille-et-Vilaine), où se dresse le bâtiment de l’Espace éco-chanvre et fibres végétales. Il abrite l’association éponyme chargée de faire la promotion de ces matériaux naturels dans l’habitat.

"Notre ambition est d’industrialiser la filière et de rapatrier en France les importations chinoises", indique Monique Le Charlès, l’administratrice de l’association.

La principale référence des premières réalisations locales est un bâtiment tertiaire récemment construit par le groupe laitier Triballat-Noyal, l’une des douze entreprises adhérentes de l’association. Il a installé il y a deux ans une cinquantaine de ses collaborateurs dans un bâtiment tertiaire de 1 000 m² construit avec panneaux en béton de chanvre. Leur conception revient à la société LB Éco Habitat, située à Bédée (Ille-et-Vilaine), qui s’est spécialisée dans ce type d’habitat naturel. La France est "le premier producteur européen de chanvre", rappelle la responsable de l’Espace éco-chanvre et fibres végétales. Utilisé dans la construction, ce matériau offre des avantages dans le domaine thermique et son faible poids permet de limiter les fondations. D’où le développement d’une filière de culture du chanvre, emmenée notamment par la société Agrochanvre, à Barenton (Manche), qui fait travailler plus d’une soixantaine de producteurs bretons et normands.

Ce retour à l’utilisation des matériaux naturels dans le bâtiment fait aussi la part belle aux… algues ! Une richesse exceptionnelle, puisque la Bretagne regroupe la plus importante réserve naturelle d’Europe. Un atout qui n’a pas échappé à Algo Paint. Installée à Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine), l’entreprise dirigée et présidée par Lionel Bouillon a conçu une gamme de peintures pour le bâtiment à partir d’algues. Plusieurs années de R & D ont été nécessaires pour créer ces peintures, référencées par de nombreux acteurs de la filière comme Leroy Merlin et des distributeurs pour professionnels. Mieux, Algo Paint est sur le point de lancer une peinture extérieure pour les façades, cette fois à base de coquilles Saint-Jacques. "Les coquilles sont récupérées par un centre d’aide par le travail, puis concassées. Composées principalement de carbonate de calcium, elles entrent parfaitement dans la composition de nos peintures biosourcées", explique Lionel Bouillon.

Cellaouate récupère les invendus du "Télégramme"

La filière éco-construction bretonne s’est aussi enrichie de la présence de Cellaouate, implanté à Saint-Martin-des-Champs (Finistère). Dirigée par Jean Pol Caroff, cette société (10 salariés, 1,5 million d’euros de chiffre d’affaires) a initié une nouvelle filière de transformation des papiers journaux en ouate de cellulose, un matériau utilisé dans le bâtiment comme isolant thermique et phonique. "La matière première est collectée par l’entreprise adaptée Les Genêts d’Or, qui se charge de récupérer, puis de nous expédier les invendus du quotidien “Le Télégramme”", précise le dirigeant. À ce jour, l’usine Cellaouate, dans laquelle ont été investis 2,5 millions d’euros, produit 5 000 tonnes par an de ouate de cellulose. "Notre capacité de production est deux fois plus importante", assure Jean-Paul Caroff.

Les acteurs les plus importants de l’éco-construction en Bretagne se concentrent dans la filière bois. Tanguy Industrie Bois (800 salariés) a récemment inauguré une usine de transformation de bois pour l’habitat dans laquelle ont été engagés 17 millions d’euros, dans la commune de Plouédern (Finistère). L’industriel y fabrique une gamme nommée Tot’m. Il s’agit de murs en bois massif conçus à base d’essences d’arbres de la région comme l’épicéa et le pin sylvestre. "Ce sont des matériaux 100 % renouvelables, de plus en plus utilisés dans la construction individuelle, mais aussi collective", indique le groupe.

Mais tout ne réussit pas dans l’éco-construction bretonne. À Étrelles (Ille-et-Vilaine), le groupe familial Renou a investi, il y a cinq ans, 5 millions d’euros dans l’usine Xelis. Elle fabriquait des blocs en béton à 80 % constitués de copeaux de bois issus des scieries de la région. L’affaire a été fermée en octobre 2019. Reste que les grands chantiers bretons publics accompagnent désormais l’éco-construction, comme en témoigne le futur lycée Simone Veil, en chantier à Liffré (Ille-et-Vilaine). La région Bretagne, qui en est le maître d’ouvrage, y investit 46,8 millions d’euros. Elle a exigé que "les 14 000 m² du programme immobilier soient en construction bois", insiste Loïg Chesnais-Girard, le président du conseil régional de Bretagne.

Multiplast - De la voile au bâtiment

À Vannes (Morbihan), le chantier naval Multiplast fait partie des principaux acteurs français de la course au large. Le spécialiste des matériaux composites en fibres de carbone s’est surtout fait connaître pour ses constructions de "formule 1 des mers", des voiliers de compétition, notamment pour Groupama. L’industriel, qui emploie 100 collaborateurs et réalise un chiffre d’affaires annuel de 13 millions d’euros, répond désormais à des appels d’offres dans le secteur de la construction. Il mise sur des réalisations à l’unité, très complexes. C’est d’ailleurs à Multiplast que l’on doit les dômes qui recouvrent le Centre culturel et spirituel orthodoxe russe du quai Branly, à Paris. L’entreprise a aussi réalisé en matériaux biosourcés – fibre de lin et résine – la façade du complexe cinématographique du Pathé-Wepler, également situé dans la capitale, boulevard de Clichy. "Cette diversification s’accentue. Nous sommes sollicités pour la réalisation d’habillage des gradins du cinéma parisien La Pagode", indique Yann Penfornis, le directeur général de Multiplast.

Les panneaux Trecobois - Pour des maisons tout en bois

Le groupe Trecobat, qui a son siège à Lannilis (Finistère), construit des maisons individuelles, notamment en bois. Celles-ci sont vendues sous la marque Trecobois. Les panneaux issus d’arbres coupés dans des forêts principalement françaises et gérées durablement sont assemblés dans les deux usines du groupe. Baptisée Nature et bois, la première est implantée à Lannilis. Isytec, la seconde, est installée à L’Hermitage, près de Rennes (Ille-et-Vilaine). Elle se charge plus particulièrement de la pose des enduits sur les panneaux. Ils sont ensuite livrés en kit sur le terrain à construire. "Leur étanchéité est totale. Nous respectons à la lettre la norme RT 2012", indique Alban Boyer, le directeur général de Trecobat.

source : usinenouvelle.com

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