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Immobilier : les diagnostics de performance énergétique sont-ils fiables ?

24/10/2023

Immobilier : les diagnostics de performance énergétique sont-ils fiables ?

Lorsqu'il s'agit d'évaluer la performance énergétique d'un bien, il arrive que la lettre finale varie d'un spécialiste à l'autre. RTL a rencontré des professionnels du diagnostic pour comprendre comment ils évaluent les biens.

Le DPE, le diagnostic de performance énergétique est-il fiable ? C’est cette lettre qui va de A à G et qui dit si vous habitez ou non dans une passoire thermique. Un sujet tout sauf anecdotique car les logements classés G ne pourront plus être mis en location à partir de 2025. Cela concerne 600.000 résidences principales, selon les professionnels du secteur. 

Pour connaitre la performance énergétique de son logement, il faut faire appel à un diagnostiqueur, un professionnel certifié. Problème, la lettre attribuée est parfois très variable d’un spécialiste à l’autre. Pour le prouver, Fanny Guibert, de l’association 60 millions de consommateurs, a fait examiner quatre maisons par cinq professionnels différents et pour chaque bien, il y avait au moins deux classes d’écart.

"Il peut y avoir des erreurs de superficie de la maison et comme le diagnostic est fait avec des kW par m2, si vous vous trompez sur les m2, votre diagnostic est faux. Après, nous avons des tas d'erreurs sur des murs qui peuvent être oubliés, de portes qui sont régulièrement oubliées. Il y a même quelqu'un qui n'a pas mis la pompe à chaleur donc évidemment ça fait perdre beaucoup de points à la maison qui grâce à la pompe à chaleur avait une meilleure efficacité énergétique", raconte Fanny Guibert. 

Un manque de formation

Pour devenir diagnostiqueur, il n'y a quasiment pas de formation et surtout presque aucun contrôle. Une situation qui devrait changer grâce à un arrêté ministériel qui devrait renforcer tout ça à partir de l’été prochain et créer aussi une formation continue. Jean-Christophe Protais, le président du Syndicat Interprofessionnel du Diagnostic Immobilier, est pour, car il sait qu'il y en a besoin.

"C'est une réalité aujourd'hui, la fiabilité du DPE est à améliorer, la compétence des diagnostiqueurs est à améliorer, après, je modère la presse à scandale qui fait des gorges chaudes en faisant des enquêtes aveugles sur des diagnostiqueurs qui peuvent exister qui sont malhonnêtes, mais qui sont extrêmement marginaux", assure le professionnel. 

Responsabiliser les propriétaires

Le logiciel qui distribue la lettre à partir des données récoltées est aussi trop rude avec les appartements de moins de 30m2, mais il sera corrigé dans les prochains mois. Il faut également responsabiliser les propriétaires, parce que la fiabilité du DPE dépend aussi d’eux. Ils doivent fournir un certain nombre d’éléments avant le diagnostic. Comme le type de fenêtres ou l’année de construction du logement. 

Jean-Louis Kersac’k est le patron de la société Diagamter, RTL a pu l'accompagner dans un appartement des Hauts-de-Seine. "Finalement le DPE donne des informations sur ce qu'on veut bien lui fournir et donc si on renseigne des éléments par défaut et qu'on est un peu dans le vague, forcément, le résultat sera à la hauteur des éléments qu'on a donnés, ça veut dire dans le vague", explique-t-il. Illustration dans la cave des parties communes de l'immeuble, la chaufferie se trouve derrière une porte dont il n'a pas la clé. Coup de chance, un voisin est là en plein après-midi et lui ouvre. La chaudière est ultra-moderne, la note finale du logement, c’est E. Jean-Louis montre sur sa tablette ce qui se serait passé s’il n’avait pas pu rentrer dans la pièce.

"Par défaut, on n'a pas l'information, donc on considère que c'est la chaufferie d'origine, on passe en G. Ça change de deux lettres", explique-t-il. En cas de données partielles, un appartement peut devenir une passoire thermique. Avec la loi qui interdit bientôt ces biens à la location, ça veut potentiellement dire une baisse de valeur de plusieurs dizaines de milliers d’euros. 

Des diagnostics de complaisance

Avec de tels enjeux financiers, les diagnostiqueurs sont d’ailleurs parfois victimes de pressions de la part de propriétaires qui voudraient bien s’arranger avec l’alphabet en quelque sorte. "Il y a des gens qui nous appellent en disant, je voudrais un E ou un D, tous les jours. Il y a même des gens qui refusent, qui disent qu'on s'est trompé, qu'ils ne veulent pas payer, donc c'est un vrai sujet", assure le professionnel.

Dans le milieu, on parle de diagnostics de complaisance. Des propositions de pot de vin que Jean-Louis Kersac’k refuse systématiquement. Au-delà de son intégrité, il est responsable aux yeux de la loi et donc attaquable si le nouveau propriétaire, après une vente, se rend compte de la supercherie.

rtl.fr

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