Le salon des Solutions
environnementales du Grand Ouest

Les Actualités

L'envol des pailles

30/08/2020

L'envol des pailles

Outre la paille, le bois et le chanvre utilisés à grande échelle comme isolants, d’autres matériaux, biosourcés ou non, sont promis à un bel avenir dans la région Centre-Val de Loire, comme le béton recyclé.

Covid-19 oblige, la plus ancienne maison en paille du pays fête ses cent ans dans la discrétion. Pourtant la maison Feuillette à Montargis (Loiret) a reçu un joli cadeau d’anniversaire : une inscription sur la liste des monuments historiques.

Ce site bénéficie du programme européen Up Straw de 6,3 millions d’euros, qui vise à étendre l’usage de la paille au sein de l’Union. À l’issue du programme, quatre autres bâtiments auront été financés à hauteur de 60 % en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Angleterre.

À Montargis, les travaux se poursuivent à la maison Feuillette, siège du Centre national de la construction paille (CNCP). "Quand on a ouvert les murs pour vérifier les montants en bois, il y avait un peu de corrosion sur les liens métalliques qui tenait les végétaux, mais c’est tellement compressé que ça tient tout seul. On dirait qu’il s’agit de la dernière moisson ", s’enthousiasme Mickey Leclercq, un artisan retraité qui a travaillé le plâtre et l’enduit classique avant de tomber sous le charme de cette fibre naturelle, au point de devenir président du CNCP. Ce centre de formation n’est qu’une brique de la filière paille au sein du Réseau français de construction paille (RFCP).

Un matériau en vogue, mais sans industriels

Pour ses qualités d’isolant phonique et d’inertie thermique, ce coproduit du blé fait des émules : bailleurs sociaux, communes, particuliers, "même les pompiers s’y mettent, c’est bien la preuve que c’est un matériau résistant au feu", sourit Alex Goulet, coordinateur du CNCP. De fait, ce cluster a réussi à certifier le matériau auprès du Centre scientifique des techniques du bâtiment (CSTB) en 2012, ce qui lui attribue la garantie décennale nécessaire pour assurer toute construction. Aujourd’hui, dans cette région pionnière, où la ressource approche les 2 millions de tonnes selon une étude de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), une centaine d’artisans et de professionnels la met en œuvre, mais pas un seul industriel.

Fin juin, Cyril Natali, à la tête d’une société de charpente de onze salariés à Poislay (Loir-et-Cher), terminait l’extension d’une pharmacie à Reugny (Indre-et-Loire). "Ce matériau est magique. Il apaise", lance cet entrepreneur qui a mobilisé environ 400 000 euros pour doter son atelier d’une ligne de murs préfabriqués paille en 2008. Le marché va fort, assure-t-il, presque trop d’ailleurs pour cet artisan à la recherche d’un partenaire industriel. C’est l’un des handicaps de la paille : la ressource est tellement abondante et si rapidement mise en œuvre, du champ au chantier, qu’aujourd’hui, aucun industriel ne s’y risque.

Des enduits au tournesol

"La structuration de ces filières va prendre du temps, mais l’engouement est là", résume Charles Fournier, vice-président (EELV) de la région Centre-Val de Loire en charge de la transition écologique, qui a confié une étude à Envirobat Centre pour déterminer les forces et les faiblesses de ces activités. Elle permettra de cibler les aides économiques régionales. L’an passé, 41 entreprises (soit quelque 200 salariés) ont mis en œuvre ce matériau. "On forme une vingtaine de nouveaux maçons et façadiers par an", précise Aymeric Prigent, le président d’Accort-Paille, qui estime qu’environ 150 constructions utilisent de la paille. De son côté, la Dreal a relevé 89 bâtiments publics réalisés avec des matériaux biosourcés, intégrant deux autres grandes productions locales, le bois et le chanvre.

Cette économie s’appuie sur quelques grands acteurs, comme le fabricant de panneaux bois SwissKrono, qui a investi 26 millions d’euros dans son usine de Sully-sur-Loire (Loiret). Ou encore Parexlanko, le géant des enduits qui, avec l’appui de son usine de Crouzilles (Indre-et-Loire), a mobilisé plus de 4 millions d’euros pour mettre au point une gamme d’enduits biosourcés en partenariat avec le pôle écoconstruction de Loches Sud Touraine. Le premier enduit, à base de chanvre finalement fourni par La Chanvrière (Aube), est sur le marché depuis l’automne. Le suivant, plus original, utilisera un broyat des moëlles de tournesol des agriculteurs de la région. "Le process est validé, assure Anne Daubresse, la responsable de la prospective au sein de l’équipe R & D de Parexlanko. Nous allons lancer ce produit dès que les formations d’artisans pourront repartir. "

Hervé Thermique : factotum du BTP

Spécialiste du génie thermique et climatique, Hervé Thermique a signé quelques beaux chantiers, comme la construction du siège de Caudalie l’an passé à Gidy (Loiret), alimenté en géothermie, ou encore le centre de recherche Hélios de LVMH en 2013, à Saint-Jean-de-Braye (Loiret). Implantée à Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire), cette ETI familiale de 3 000 salariés assure la maintenance électrique et énergétique de 5 000 clients, dont les usines Thales, les magasins Cultura, les Clubs Med dans toute la France, en Belgique, en Suisse et au Maroc. "Nous nous fixons la mission de baisser les consommations d’énergie de nos clients", indique Emmanuel Hervé, le président du groupe fondé par son père Michel en 1972. Challenger des géants Cegelec (Vinci), Dalkia (EDF) et Cofely (Engie-Suez), Hervé Thermique développe des solutions pour les énergies renouvelables. Mais son coup de maître, c’est dans le traitement de l’eau. Après un partenariat avec Saint-Gobain sur une filtration plus compacte, il a d’abord décroché des centres nautiques, comme celui d’Annecy. Mi-juin, il a remporté le contrat du futur bassin olympique des Jeux 2024 à Paris. Hervé Thermique est aussi un industriel de la chaudronnerie et de la métallerie, avec sept usines en France, la principale étant à Parthenay (Deux-Sèvres). 

Granudem - Un granulat issu des déchets du BTP

Éviter que les gravats finissent en sous-couches de routes, voire en enfouissement, pour les valoriser dans l’industrie du BTP. L’idée de Stéphane Poullard, le directeur de la PME éponyme située à Lèves (Eure-et-Loir), a pris forme : sa société de BTP, qui compte une trentaine de salariés, a mis au point un granulat, qui vise la norme CE2+ pour que, après tri et concassage, il devienne l’ingrédient d’un nouveau béton prêt à l’emploi. "Ce béton recyclé a les mêmes propriétés qu’un béton naturel", explique Stéphane Poullard, qui a mobilisé 1,3 million d’euros pour cette innovation baptisée Granudem, associant le Centre d’études et de recherches de l’industrie du béton. Poullard a développé une plate-forme de transformation sur son site, et espère vendre le procédé à des confrères sous licence.

source : usinenouvelle.com

Annonce Publicitaire