La France a baissé ses émissions de gaz à effet de serre de 1,8 % : voici pourquoi c’est insuffisant

Le Citepa, l’organisme chargé de mesurer les émissions de gaz à effet de serre françaises, a confirmé ce lundi 16 juin que les émissions hexagonales avaient baissé de 1,8 % entre 2023 et 2024. Une diminution notable, qui reste toutefois insuffisante par rapport aux objectifs de la France.

À première vue, la nouvelle est plutôt bonne. En 2024, la France a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 1,8 % par rapport à 2023, passant de 376 millions de tonnes équivalents CO2 à 369.

En ce lundi 16 juin 2025, le Citepa, l’organisme chargé de quantifier les émissions du territoire hexagonal, rappelle également qu’entre 2019 et 2023, les émissions françaises s’élèvent en moyenne « à 406 millions de tonnes d’équivalents CO2 par an, ce qui est en dessous du budget carbone de 425 millions de tonnes ». Ce même budget doit permettre à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050. La neutralité carbone est dite atteinte lorsqu’un territoire n’émet pas plus de gaz à effet de serre qu’il ne peut en absorber via ses puits de carbone.

Une diminution insuffisante

Tout va-t-il donc pour le mieux sur le front climatique ? Non. Car la baisse d’émissions enregistrée en 2023 et 2024 est loin de permettre à la France de remplir ses objectifs climatiques, notamment ses objectifs européens.

L’Union européenne a en effet demandé à ses membres que leurs émissions de gaz à effet de serre de 2030 soient inférieures de 55 % à celles de 1990. Un objectif qui implique une baisse des émissions de l’ordre d’environ 4 % par an. À ce titre, la baisse enregistrée entre 2023 et 2024 est donc loin d’être suffisante, d’autant que la prochaine mouture de la stratégie française bas-carbone pourrait rendre cet objectif plus ambitieux (-5 % par an).

Une baisse de moins en moins prononcée

Pire, le rythme avec lequel la France diminue ses émissions de gaz à effet de serre est de moins en moins intense. En 2023, ses émissions avaient ainsi baissé de 4,9 %, tandis qu’elles avaient diminué de 3,8 % en 2022.

Avant les années de pandémie et de crise énergétique, qui avaient trop bouleversé la courbe des émissions pour être représentatives, le rythme de réduction des émissions était également plus important, avec -2,3 % en 2019 et -4,1 % en 2018. À cette aune aussi, le chiffre de 2024 paraît donc bien décevant.

Alerte sur les puits de carbone

Et il l’est d’autant plus que ces différents objectifs sont établis dans une France où les puits de carbone (forêts, océans, prairies, etc.) rempliraient aussi bien leur mission que dans les dernières estimations.

Or, dans son rapport publié ce lundi 16 juin, le Citepa rappelle qu’Il faut « tenir compte de la fragilité des puits de carbone ». Accablée par la sécheresse et par une trop grande mortalité de ses arbres, la forêt française est en effet en grande difficulté et pourrait donc à l’avenir capter moins de carbone qu’escompté.

Potentiellement capable de capter moins de gaz à effet de serre que prévu, la France devra donc, par effet miroir, en émettre beaucoup moins que prévu. Et donc afficher un taux de baisse annuel plus important que ce simple 1,8 %.

ouest-france