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La méthanisation agricole prend son envol

28/05/2020

La méthanisation agricole prend son envol

Selon le ministère de la Transition écologique, plus de 1 300 unités de méthanisation seraient en projet, pour les trois-quarts chez des agriculteurs. Neuf cents fonctionnent actuellement.

C’est un boom en gestation. Le ministère de la Transition écologique dénombre 1 335 projets d’installations de méthanisation, qui pourraient s’ajouter aux 900 actuellement en service, pour plus des trois-quarts (77 %) chez des agriculteurs.

La grande majorité de ce biogaz (1 085 projets sur les 1 335) sera injectée directement dans le réseau (gaz de ville). Une évolution. Jusqu’à présent, les installations pratiquaient surtout de la cogénération (production d’électricité et de chaleur à la fois).

L’injection, c’est le moteur de cet envol de la méthanisation. Ce mode de commercialisation a vraiment décollé à partir de 2017, depuis que les opérateurs gaziers prennent en charge 40 % du coût de raccordement des installations de biométhane au réseau.

Levé le frein du raccordement, l’injection devient plus intéressante que la cogénération, car l’agriculteur-méthaniseur n’a pas à démarcher le voisinage pour valoriser la chaleur dans le chauffage d’habitations, écoles, hôpitaux, ou serres maraîchères.

Baisse du prix de rachat en vue

Mais la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) prévoit une baisse forte et brutale (- 30 % en trois ou quatre ans) du tarif de rachat par l’État du gaz injecté, alerte Olivier Dauger, président de la chambre d’agriculture de l’Aisne. Une baisse trop rapide qui pourrait doucher le bel élan.

Autre phénomène, tout aussi menaçant, la hausse des prix des matières premières facilement méthanogènes qui entrent dans les méthaniseurs. Ces coproduits à fort pouvoir méthanogène sont d’origines très diverses : cultures intermédiaires, drèches de distillerie d’éthanol, déchets d’abattoirs et d’huileries, résidus de moutarde, etc.

En quelques années, les prix de ces coproduits sont passés de valeurs négatives à des montants franchement positifs.  Il y a une dizaine d’années, l’exploitant était payé pour enlever les coproduits. Maintenant, il doit payer la marchandise », précise Léonard Jarrige, chargé de mission énergie-climat à la maison des chambres d’agriculture.

Tourner surtout avec les déjections d’élevage

Si les intrants très méthanogènes se font rares, les méthaniseurs s’adaptent en agrandissant les unités ou en introduisant davantage d’effluents d’élevage.  Depuis environ quatre ans, dans l’Ouest, les nouvelles installations tournent très majoritairement avec 60 à 80 % d’effluents d’élevage », souligne Armelle Damiano, directrice de l’association Aile, agence de l’énergie fondée par les Cuma (coopérative d’utilisation de matériel agricole) de l’Ouest et l’Ademe-Bretagne (agence de la transition écologique).

En attendant, des agriculteurs-méthaniseurs innovent. Certains montent des stations de bio-GNV (gaz naturel d’origine biologique pour les véhicules), notamment en Vendée et dans le Morbihan, où la marque Karrgreen compte déployer un réseau de 150 stations-service d’ici à 2025. Autre innovation, encore unique en France : Méthabraye, un groupement de dix-sept fermes d’élevage dans le Loir-et-Cher, qui n’est pas raccordé au réseau, comprime le biométhane et le porte à la station d’injection la plus proche.

source : ouest France




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