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La transition écologique des PME-PMI ne peut plus attendre

24/09/2020

La transition écologique des PME-PMI ne peut plus attendre

L’isérois XPO Logistics recycle ses déchets de polystyrène en partenariat avec une entreprise d’insertion locale et a réduit de 46% ses émissions de CO2.

Les plans climat ne sont pas réservés aux grandes entreprises. Les PME ont tout à gagner à réaliser audits énergétiques, bilans carbone et diagnostics RSE.

La France n’atteindra pas la neutralité carbone en 2050, comme le prévoit la loi énergie-climat de novembre 2019, sans les entreprises, même les plus petites. La prise de conscience de l’urgence climatique est bien réelle chez leurs dirigeants. Selon une enquête de 2020 du Lab de Bpifrance, 86 % d’entre eux se sentent concernés par les objectifs de réduction de CO2 et 80 % appellent à une réaction d’urgence. Bémol à cet engouement : "C’est davantage le citoyen qui s’exprime que le dirigeant, souligne Pascal Lagarde, le directeur exécutif de Bpifrance chargé de la stratégie et du développement durable. Seule la moitié des 1 000 entrepreneurs interrogés intègre l’enjeu climatique dans sa stratégie et un tiers seulement opère un suivi."

Selon un rapport du Conseil économique social et environnemental de 2018, seules 8 % des entreprises de moins de 20 salariés et 12 % de celles entre 20 et 49 salariés ont réalisé le bilan de leurs émissions de gaz à effet de serre. Ce dernier n’est obligatoire, tous les quatre ans, que pour les entreprises de plus de 500 personnes. Et les obstacles sont encore nombreux avant le passage à l’action. Contrairement à la transition numérique, retardée dans les PME par le manque de compétences, dans la transition écologique, ce sont les enjeux financiers (50 %) et l’absence de solution technologiques (33 %) qui apparaissent comme les premiers freins.

Un plan gouvernemental d’accélération

Les dirigeants des PME et PMI reconnaissent ne pas maîtriser le sujet. "Or, la transition énergétique et écologique demande des investissements dans les process industriels, les transports et les bâtiments, et les dirigeants n’ont pas toujours connaissance des solutions existantes pour les accompagner dans leur évolution de modèle", observe Pascal Lagarde.

Pourtant, le retour d’expérience des entreprises les plus avancées montre que les bénéfices que les TPE et PME peuvent retirer d’une démarche de neutralité carbone sont nombreux : amélioration de la compétitivité, réduction des coûts internes, mobilisation des personnels de l’entreprise... C’est également un facteur de différenciation et d’image en phase avec les aspirations des citoyens. Le semencier de plants de pommes de terre Desmazières, à Monchy-Le-Preux (Pas-de-Calais), a par exemple réussi, depuis cinq ans, à entraîner ses 29 salariés dans le réaménagement des bâtiments et des flux d’énergie et d’eau.

Conscient du potentiel, le gouvernement a présenté début juin 2020 un plan d’accélération de la transition écologique des 3,8 millions de TPE et 140 000 PME en France. Construit principalement par Bpifrance, en partenariat avec l’Agence pour la transition écologique (Ademe), il comporte une dizaine d’initiatives et d’outils aux degrés de maturité très différents. L’outil gratuit en ligne d’autodiagnostic, le Climatomètre, n’était accessible, à la fin août, qu’aux clients de Bpifrance. Le dispositif Diag Eco-Flux, qui donne accès, à un coût avantageux, à une étude d’experts en optimisation de flux (énergie, eau, matières et déchets), a, lui, été lancé dès le 16 juin 2016. Il vise à accompagner 100 PME en 2020 et 300 en 2021. Les prêts Ademe et Bpifrance, qui permettent de financer les actions identifiées lors de ces études sur les flux, sont également en place, tout comme le prêt économies d’énergie de Bpifrance, qui doit accompagner 1 000 entreprises d’ici à 2025.

De nombreux chantiers encore en attente

Le déploiement d’un accélérateur de transition, destiné à assister 5 000 entreprises dans la mise en œuvre d’une stratégie bas carbone, est en chantier. Et si l’outil d’évaluation des stratégies climat de l’Ademe, le programme ACT (Assessing low carbon transition), existe déjà, sa déclinaison "pas à pas" adaptée aux PME, est, elle, encore en développement. Quant à la création d’une communauté d’entreprises engagées dans la transition écologique sous l’emblème d’un coq vert, sur le modèle de la french tech, qui fédère les start-up du numérique, ce n’est qu’un projet. Chez Bpifrance, qui vient d’annoncer avec la Banque des territoires un plan climat de 40 milliards d’euros, la formation des conseillers à ces nouveaux outils n’a pas encore commencé. Et les programmes spécifiques adaptés aux secteurs les plus touchés par la transition écologique, comme la filière automobile, ne sont pas tous mis en place.

Or "certains grands donneurs d’ordres, comme L’Oréal et des acteurs de l’aéronautique, demandent déjà à leurs fournisseurs de réaliser des diagnostics RSE [responsabilité sociétale des entreprises, ndlr] pour réaliser le suivi de leurs propres objectifs", témoigne Magalie Rosso, la directrice régionale sud-ouest du cabinet de conseil en transition énergétique Greenflex, filiale de Total.

Ces diagnostics RSE évaluent la gestion des déchets, de l’énergie, le plan de déplacement d’entreprise, le numérique, mais aussi le sentiment d’appartenance et la motivation des salariés. Via son programme Entreprise de demain, Bpifrance peut prendre en charge la moitié des coûts d’audit par un cabinet expert, soit 2 500 euros. À Bézéril (Gers), le producteur de pop-corn Nataïs en a bénéficié. Un investissement gagnant, car la PME pourra valoriser ce diagnostic dans les appels d’offres et auprès de ses clients.

Un indispensable diagnostic

Sans aller jusqu’à cet audit à 360 degrés de la maturité développement durable d’une entreprise, une PME a tout à gagner à réaliser au moins un bilan carbone. L’association Bilan carbone fournit une aide méthodologique et l’Ademe tient à jour sur son site les bases de correspondance des émissions de gaz à effet de serre liés à l’utilisation des différents matériaux et modes de transport. La première brique d’une démarche RSE reste néanmoins le diagnostic énergétique, qui peut être subventionné jusqu’à 70 % par l’Ademe ou par la Région, s’il est effectué par un organisme agréé. Il peut également être réalisé en interne, par un collaborateur qui aura, par exemple, suivi une formation Prorofei [lire l’encadré Boites à outils].

Des entreprises de services énergétiques proposent aussi de réaliser cet audit gratuitement dans la perspective de vendre leurs produits associés. Avec l’aide des experts de Greenflex à Ychoux (Landes), le producteur de légumes surgelés Antarctic Foods Aquitaine a identifié le potentiel de récupération de la chaleur fatale des groupes froid pour le chauffage de ses bâtiments et l’alimentation d’un process d’emballage. Les travaux pour un montant de 4,5 millions d’euros ont pu être financés pour plus de la moitié (2,5 millions d’euros) par des certificats d’économie d’énergie et le reste par un leasing.

Un bon moyen pour mobiliser les salariés est de commencer par travailler le plan de déplacement, en les incitant notamment à la mobilité douce, comme le vélo. Les PME qui disposent d’un terrain autour de leurs locaux peuvent réfléchir à y développer la biodiversité et celles bénéficiant d’une restauration d’entreprise alimenter un compost avec les déchets, conseille Édouard Sellier, expert RSE, qui vient de publier « Engager son entreprise dans la transition » aux éditions Actes Sud. De petites initiatives propres à susciter la fierté de salariés de plus en plus motivés à agir pour la transition écologique, y compris au travail.

La boîte à outils verte des PME-PMI s’élargit

Analyse du cycle de vie produit (ACV) Facultative, nécessitant l’aide d’expert, cette analyse pourrait devenir indispensable aux PME et PMI pour répondre aux appels d’offres et aux demandes des donneurs d’ordres engagés dans la transition écologique.

Audit énergétique Première brique d’une transition écologique, l’audit peut être subventionné jusqu’à 70 % lorsqu’il est réalisé par un organisme agréé par l’Ademe ou par la Région.

Bilan des gaz à effet de serre (Beges) Obligatoire tous les quatre ans pour les entreprises de plus de 500 salariés, ce bilan peut servir de base à la transition écologique d’une PME. L’Ademe publie sur le site bilans-ges.ademe.fr les ressources nécessaires pour le réaliser.

Diag Eco-Flux Lancé par l’Ademe et Bpifrance, ce service doit permettre à 100 PME de plus de 20 salariés en 2020 et 300 en 2021 d’avoir accès à une étude d’experts spécialisés dans l’optimisation des flux (eaux, énergie, matières, déchets) à un tarif avantageux.

Prêt économie d’énergie Octroyé par Bpifrance, ce prêt pouvant aller jusqu’à 500 000 euros doit permettre, d’ici à 2025, d’aider 1 000 PME à financer un investissement lié à l’efficacité énergétique. Une enveloppe de 137,7 millions d’euros est prévue.

Prêt vert Pour financer le Diag Eco-Flux et d’autres projets de transition écologique, Bpifrance propose un prêt garanti et bonifié par l’Ademe, d’un maximum de 1 million d’euros sur une durée maximale de dix ans. L’enveloppe disponible s’élève à plus de 100 millions d’euros.

Programme des référents énergie en industrie (Prorefei) Porté par l’Association technique, énergie, environnement (Atee) et financé par l’Ademe et les certificats d’économie d’énergie (CEE), ce programme prend en charge 50 à 100 % du coût de formation d’un référent énergie.

Climatomètre Développé par Bpifrance, cet outil en ligne gratuit permet aux dirigeants de PME et de PMI d’effectuer un autodiagnostic sur le niveau de maturité de leur entreprise vis-à-vis de la transition écologique, énergétique et de l’économie circulaire.

www.usinenouvelle.com




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