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Le rôle majeur des énergies renouvelables de proximité
15/06/2020
La crise actuelle nous amène à réfléchir, collectivement, sur notre futur et sur ce qui devra changer dans nos sociétés. Produire localement, favoriser les circuits courts et bâtir notre résilience collective s’avèrent indispensables. Dans ce contexte, la réflexion sur les énergies renouvelables doit accélérer. La filière biogaz, à la fois respectueuse de l’environnement, créatrice d’emplois et de dynamisme territorial, doit faire partie de l’équation sur laquelle construire le monde de demain.
Sidérante, inédite, historique… tout a été dit sur la crise actuelle. Pourtant, elle possède au moins un point commun avec les autres grandes périodes de contraction économique : elle révèle les faiblesses de nos sociétés et de nos économies. Et c’est à partir de ces constats qu’il faudra penser le futur. En réfléchissant à ce que nous devons changer.
Tout d’abord, le degré d’interdépendance de nos économies a démontré ses limites : sans plaider pour un retour du nationalisme économique, il apparaît clairement aujourd’hui que les états doivent renforcer leur autosuffisance dans les domaines essentiels.
Tout ce qui relève de la santé et de l’alimentation, bien sûr, mais aussi des technologies et de l’énergie , devra être l’objet de stratégies de production plus régionalisées , pour éviter les -catastrophiques- réactions en chaîne.
Ce constat en amène un autre : relocaliser la production, donner une nouvelle impulsion à notre politique industrielle et énergétique, suppose une intervention accrue de l’Etat dans l’économie.
C’est lui qui va, par ses choix et ses investissements, impulser cette nouvelle donne. C’est lui également qui va décider, en concertation avec toutes les parties prenantes, des filières et des activités qu’il entend soutenir directement, parce qu’elles auront fait la preuve de leur caractère indispensable, socialement et économiquement.
Enfin, la crise a mis en lumière un autre enjeu, au moins aussi important que les précédents : la nécessité pour chaque population, chaque territoire, de développer, ensemble, des réactions de solidarité. De se montrer résilients et engagés, les uns envers les autres. Ce qui implique un lien social fort, à l’échelon local comme national, et le partage de valeurs communes.
Marier les enjeux issus de la crise avec les urgences environnementales
Ces questions, pour essentielles qu’elles soient, ne devront pas faire oublier l’autre grand enjeu des années à venir : l’urgence climatique. Qui devra, lui aussi, faire partie de l’équation, de la façon dont nous dessinerons le monde de demain.
Dans ce contexte, les énergies renouvelables, et notamment celles produites et consommées en « circuit court », nous semblent constituer une réponse essentielle aux questions qui se posent.
Ainsi, l’ensemble des pays développés maîtrisent, depuis des années, la technologie de la méthanisation. Ce procédé permet de transformer certains déchets organiques – notamment ceux des exploitations agricoles, des industries agroalimentaires, des collectivités locales- en biogaz.
Ce gaz vert peut être réinjecté dans le réseau de gaz, ou encore être utilisé pour faire fonctionner des véhicules propres. Le tout, en minimisant les coûts et distances de transports -puisque les unités de production sont implantées à proximité des lieux de consommation- et en bénéficiant, localement, à l’ensemble des territoires sur lesquels ces unités sont implantées.
En France, 800 unités de ce type fonctionnent déjà. Un chiffre qui se développe, mais qui reste faible, comparé aux 10 000 unités que compte l’Allemagne. Aujourd’hui, la France a défini un modeste objectif de croissance de la méthanisation : notre plan de Programmation Pluriannuelle de l’Energie prévoit de porter la part de l’énergie renouvelable à 7% de la consommation totale de gaz en 2030. L’objectif sera atteint… mais reste insuffisant. Le potentiel de production de biogaz, en France, est au moins trois fois plus important.
Revoir nos objectifs en intégrant des logiques extra-financières
Si cet objectif français n’est pas plus ambitieux, c’est avant tout pour des raisons budgétaires : le biogaz est aujourd’hui subventionné par l’Etat à un prix quatre fois plus élevé que le gaz naturel, le prix à payer pour lancer en France cette filière encore jeune.
Mais cette approche comptable ne prend pas en compte l’un des atouts essentiels de la méthanisation territoriale : ses externalités positives.
Ainsi, à chaque fois qu’une nouvelle unité de méthanisation territoriale est implantée sur un territoire, elle lui insuffle un nouveau dynamisme économique.
Sa construction génère 3 à 5 M€ de retombées directes pour les entreprises locales. Puis, en phase d’exploitation, l’unité permet de créer une dizaine d’emplois locaux, de générer 600 000 € de recettes annuelles pour les entreprises locales spécialisées dans la maintenance, le transport et l’épandage, et permet aux producteurs de déchets organiques de réduire leurs coûts de traitement d’environ 30%.
Autre externalité positive de la méthanisation territoriale : sa capacité à améliorer la résilience des exploitations agricoles. D’abord, parce qu’elle permet de produire une matière organique stabilisée, le digestat, qui constitue un excellent engrais naturel à un prix inférieur à celui des engrais d’origine fossile. Ensuite, parce qu’elle libère les agriculteurs de la gestion du transport et d’épandage de leurs effluents.
Enfin, les unités de méthanisation territoriale peuvent jouer un rôle essentiel en cas de crise sanitaire : elles peuvent devenir de précieux sites de traitement pour les filières alimentaires, en cas de problème sanitaire. Leur technologie d’hygiénisation des matières, déjà pratiquée sur chaque site centralisé, permet de traiter les virus, champignons et graines des adventices (plantes indésirables pour les cultures).
C’est pour ces quelques raisons, il y en a bien d’autres[1] , que la méthanisation territoriale, dans sa forme la plus locale, la plus ancrée dans la vie des territoires, doit être développée en France dans les années à venir.
Créatrice d’emplois et respectueuse de l’environnement, elle joue aussi un rôle essentiel de ciment entre collectivités locales, citoyens, agriculteurs et industriels d’un même territoire Coconstruite avec l’ensemble de ces acteurs, elle offre un potentiel d’autonomie énergétique, mais dessine aussi une nouvelle façon de penser le « monde d’après ».
Celui dans lequel, bien sûr, de nouvelles crises surviendront. Mais dans lequel nous aurons, collectivement, réfléchi à la façon de les affronter. En renforçant notre résilience et celle de notre environnement.
source : lemondedelenergie.com