Néolithe, futur champion de la décarbonation

Néolithe a été fondée en 2019 par (de droite à gauche) William Sr et Nicolas Cruaud, accompagnés de Clément Bénassy. / Crédits : @neolithe

Après avoir mis au point un procédé novateur de traitement de déchets non recyclables au potentiel de décarbonation majeur, Néolithe ambitionne désormais de décupler ses capacités de production. La jeune entreprise s’est ainsi lancée dans un vaste projet de construction d’un site industriel qui se veut lui aussi particulièrement vertueux sur le plan climatique et environnemental. 

Elle pourrait, à elle seule, contribuer à une réduction des émissions de CO₂ du pays de l’ordre de 6 à 7 %… Si la perspective reste évidemment soumise à conditions - et pas des moindres - elle n’en illustre pas moins le potentiel incarné par Néolithe en matière de décarbonation. Créée en 2019 à Chalonnes-sur-Loire, près d’Angers, par William Sr et Nicolas Cruaud - père et fils - aux côtés de Clément Bénassy, l’entreprise a développé un procédé innovant qu’elle a baptisé « Fossilisation Accélérée ».

Comme le laisse entendre l’appellation, son principe de base repose sur des mécanismes comparables à ceux qui, dans la nature, ont conduit à la formation des roches sédimentaires calcaires… « Ce procédé permet de transformer des déchets industriels banals non recyclables - bois, plâtre, isolant… - en un granulat minéral réutilisable ensuite dans le secteur de la construction, en substitution de granulats naturels », résume le président de l’entreprise Nicolas Cruaud. Une transformation évitant ainsi à ces déchets l’incinération ou l’enfouissement, et qui présente par ailleurs un intérêt majeur sur le plan climatique.

« Réalisé à froid, et donc peu consommateur d’énergie, le procédé permet en plus de séquestrer le carbone issu de la matière organique, qui représente près de la moitié du flux de déchets que nous traitons. Le procédé est ainsi carbo-négatif : il séquestre plus de carbone qu’il n’en émet », explique M. Cruaud, qui avance un chiffre d’environ 420 kg de CO₂ séquestré par tonne de déchets traitée. « Cela se ressent naturellement dans l’impact carbone du granulat, qui possède quant à lui une empreinte carbone de -337 kg de CO₂/t », ajoute le co-fondateur de Néolithe.

Mature, le procédé a ainsi déjà séduit un premier client, qui bénéficie des services du premier « Fossilisateur » construit à l’échelle industrielle par Néolithe. « Cette installation permet de traiter 10 kt de déchets par an », note M. Cruaud. « Notre objectif est désormais de passer sur des unités plus importantes, capables de traiter 50 à 100 kt par an », dévoile le président de Néolithe. L’entreprise s’est ainsi lancée dans un vaste projet de construction d’un site industriel « vitrine », implanté sur 12 ha à quelques kilomètres de son actuel siège social, et qui se veut lui aussi exemplaire sur le plan climatique et environnemental.

L’objectif pour Néolithe, outre la mutualisation de ses activités de R&D, est d’y construire un prototype de ses futurs Fossilisateurs de grande capacité, avant d’envisager une production de série. Une ambition en passe de se concrétiser. « Notre unité de production de liant est prête, et le bâtiment principal de ce site, notre atelier de production, sera quant à lui livré cet automne », résume Nicolas Cruaud, qui se réjouit d’avoir pu bénéficier d’un « écosystème » très propice, selon lui, à ce type de démarche mêlant décarbonation et réindustrialisation. « Outre l’aide de Bpifrance, nous avons été très soutenus par les élus locaux », tient ainsi à souligner celui qui est aujourd’hui à la tête d’une équipe de près de 180 salariés, et qui ambitionne, d’ici cinq ans, d’implanter chaque année pas moins d’une dizaine d’unités de production à travers la France. Des sites capables, chacun, de traiter une centaine de milliers de tonnes de déchets par an… Autant de pas supplémentaires vers l’optimum de 6 à 7 % de réduction des émissions du pays que Néolithe pourrait, peut-être, un jour permettre d’atteindre.

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