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Comment l'industrie automobile réduit ses émissions à la chaîne

04/12/2020

Comment l'industrie automobile réduit ses émissions à la chaîne

À Mulhouse (Haut-Rhin), un nouveau procédé de peinture fait économiser à PSA l’équivalent de 5 000 MWh de gaz par an.

Des véhicules électrifiés qui émettent peu ou pas de CO2 à l’usage et une chaîne de production plus vertueuse : deux volets sur lesquels travaille l’industrie automobile.

Batteries, piles à combustible, hybridation, les solutions d’électrification des véhicules se multiplient. Un moyen de limiter les émissions et les particules générées pendant leur utilisation, dioxyde de carbone (CO2) en tête. Objectif en Europe : abaisser les rejets de CO2 des véhicules particuliers neufs à 95 grammes par voiture et par kilomètre. Mais ce travail, l’automobile l’applique aussi à sa chaîne de production. De quoi améliorer le bilan environnemental des voitures, de l’usine à la casse.

Bosch, qui a émis 3,3 millions de tonnes de CO2 en 2018, puis 1,9 million en 2019 sur les scopes 1 et 2 (qui intègrent les émissions directes des sites et celles associées à la consommation d’électricité, de froid et de chaleur), veut atteindre la neutralité carbone dès 2020. "Nos 400 sites dans le monde seront neutres d’ici à la fin 2020. Nous le sommes déjà en Allemagne depuis la fin 2019", assure Florence Melin, la directrice des affaires publiques de Bosch France et Benelux. BMW prévoit pour sa part de réduire de 80 % d’ici à 2030 les 300 kg de CO2 qu’il rejette pour chaque véhicule assemblé. Les chantiers engagés pour y parvenir sont multiples.

Dans les usines

Un seul mot d’ordre dans les usines : améliorer l’efficacité énergétique.

Dans celles de BMW à Oxford (Angleterre) et Munich (Allemagne), les ateliers de peinture, très gourmands en ressources, ont adopté un process qui permet d’appliquer deux couches sur la carrosserie sans passer par une étape de séchage. "Avec cette méthode, nous avons réduit les émissions de CO2 de l’ordre de 50 % et la consommation d’énergie de 27 %", se félicite Alexander Nick, le responsable de la stratégie développement durable du constructeur. En parallèle, l’accent est mis sur la production d’énergie renouvelable.

Chez PSA, l’usine de Porto Real (Brésil) fonctionne à 100 % grâce à de l’électricité verte. En 2019, 21 % de l’électricité consommée par le groupe français était d’origine renouvelable. Une part que l’entreprise veut faire croître.

À Bosch Rodez (Aveyron), "la chaudière biomasse couvre 90 % des besoins en chauffage", précise Florence Melin. Mais pour atteindre la neutralité, le groupe fait aussi dans la compensation carbone. Jusqu’en 2030, il prévoit d’investir 2 milliards d’euros, dont une moitié dans l’efficacité énergétique de ses machines et de ses bâtiments, l’autre dans le financement de projets d’énergie renouvelable, l’achat d’électricité verte… Et dans le recours à des mécanismes de compensation. Mais "leur part sera bien inférieure aux projections", certifie la représentante du groupe en France.

Chez les fournisseurs

L’ensemble de la chaîne de production est sollicité. BMW a obtenu l’engagement de ses fournisseurs de cellules de batteries pour que la nouvelle génération de ces composants, qui équipera notamment le SUV iX3, soit produite exclusivement à partir d’électricité verte. Et pour cause : le groupe estime que les cellules de batteries représentent jusqu’à 40 % du CO2 généré à la production d’un véhicule 100 % électrique. "Cet engagement apportera un gain de 10 millions de tonnes de CO2 sur une décennie. C’est l’équivalent des rejets annuels d’une ville de la taille de Munich", anticipe Alexander Nick.

En parallèle, l’entreprise veut accélérer le recyclage des batteries. Avec la société allemande Duesenfeld, elle dit avoir développé une méthode "capable d’atteindre un taux de recyclage grimpant jusqu’à 96 %, en incluant le graphite et les électrolytes".

Les batteries ne sont pas les seules concernées. Chez Renault, l’une des variantes de la Zoé embarque du tissu fabriqué à base de rebuts de ceintures de sécurité, de textiles et de fibres de PET. Produit dans deux usines du sud de la France – Les Filatures du Parc (Tarn) et Adient (Ariège) –, ce textile affiche des émissions de CO2 associées réduites de 60 % par rapport à l’ancienne génération de la citadine.

Dans le transport

Des cargos à propulsion éolienne pour transporter des véhicules ? C’est le pari que fait Renault. Le groupe s’est associé en 2018 avec l’armateur nantais Neoline pour mettre en service deux navires capables d’acheminer environ 50 à 100 voitures par an entre Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), la côte est des États-Unis et Saint-Pierre-et-Miquelon à partir de 2021. En parallèle, l’optimisation du taux de remplissage des emballages et des camions en Europe centrale, en Roumanie, en Turquie et au Maroc, a permis au constructeur d’éviter de recourir entre 2017 et 2019 à l’équivalent de 39 800 camions, ce qui représente 1,7 % des unités de transport mobilisées en amont de sa production. Entre 2016 et 2022, le fabricant de la Clio espère voir l’empreinte carbone de sa supply chain diminuer de 6 %.

Depuis le début 2020, Volkswagen a de son côté déployé deux navires pour transporter ses voitures. Dotés d’une capacité de 4 700 véhicules chacun, ils relient l’Europe et l’Amérique du Nord et sont alimentés au gaz naturel liquéfié (GNL). Ces transporteurs remplaceront deux des neuf navires propulsés au fioul lourd utilisés par le géant de Wolfsburg pour sa logistique. D’après Volkswagen, "les moteurs GNL réduisent de 25 % les émissions de CO2, de 30 % celles d’oxyde d’azote, de 60 % celles de particules et de 100 % celles d’oxyde de soufre".

        "PSA veut atteindre la neutralité carbone au plus tard en 2050"

Karine Hillaireau est déléguée au développement durable de PSA :

Quels sont vos objectifs de réduction de l’empreinte carbone ?

Sur la partie industrielle, nous voulons faire baisser de 20 % nos émissions de CO2 entre 2018 et 2034, puis atteindre la neutralité carbone au plus tard en 2050, en phase avec l’accord de Paris. PSA s’engage aussi à inclure 30 % de matière verte ou recyclée dans les véhicules. Par ailleurs, 95 % de la masse d’une voiture est recyclable.

Quelles initiatives avez-vous mises en place ?

Nous déployons sur l’ensemble de nos sites l’éclairage LED. Nous en attendons un gain de 2 500 mégawattheures (MWh) par an. Rennes et Mulhouse ont été les premières usines à se doter d’un nouveau process de peinture, qui a permis d’économiser l’équivalent de 5 000 MWh de gaz par usine. Autre exemple, nous travaillons sur la récupération de la chaleur fatale à Trémery-Metz, Douvrin et Valenciennes. Cette initiative a généré des économies de 25 000 MWh, essentiellement sur la consommation de gaz.

Le compactage des usines est-il un autre levier ?

Ce travail de compactage est bénéfique sur le plan de la consommation, donc des émissions de CO2. La réduction des surfaces dans nos usines, notamment à Sochaux, Caen, Douvrin et Trémery, nous a permis d’éviter de consommer 25 000 MWh en gaz et électricité en 2019.

Envisagez-vous de recourir à des mesures de compensation ?

Notre approche consiste à investir nos ressources dans des solutions de réduction concrètes. À très court terme, nous n’allons pas nous engager dans des solutions de compensation carbone.

www.usinenouvelle.com

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