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Le monde croule sous les déchets électroniques

15/10/2020

Le monde croule sous les déchets électroniques

recyclage de cartes électroniques de vieux téléphones à Ecomicro basé à Sainte-Loubes, près de Bordeaux.      / REUTERS, Régis Duvignau

Un record de 53,6 millions de tonnes en 2019 ! Le recyclage de ces déchets d’objets branchés et complexes progresse lentement, alors que le marché 5G, et ses promesses de mise au rebut de millions de smartphones, se profile.

En 2021, la projection de l’Union internationale des télécommunications, sous l’égide des Nations unies, misait sur une production mondiale de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) de 52,2 millions de tonnes. Raté. Le record de 53,6 millions a été atteint dès 2019, selon le E-waste monitor. Plus 9,2 millions de tonnes supplémentaires en cinq ans !

Il y a pire dans ce rapport annuel. Les DEEE (ordinateurs, portables, batteries, électroménager…) sont encore trop peu collectés et recyclés dans le monde : 17,4 % seulement sont passés entre les mains d’un organisme agréé !

Est-ce grave docteur ?

Oui. Car nombre de ces déchets contiennent des substances dangereuses, comme le mercure (en baisse), les ignifuges bromés (RFB) ou les chlorofluorocarbures (CFC). S’ils reposent souvent dans nos placards, ils se libèrent aussi dans nos sols. Les batteries de smartphone, par exemple, contiennent aussi des métaux rares, comme le lithium. Ils se recyclent très bien, malgré la complexité des alliages, note Accurec, le champion allemand du secteur. Moins ils sont collectés, plus il faudra puiser dans les ressources d’une planète en voie d’épuisement : l’extraction de matières premières a quadruplé ces dernières décennies, avec 22 milliards de tonnes en 1970, contre 85 milliards de tonnes actuellement.

Un recyclage balbutiant

Le nombre de pays dans le monde ayant adopté une politique, une législation ou une réglementation nationale sur les déchets électroniques est passé de 61 à 78 entre 2014 et 2019, indique l’Onu. L’organisation mondiale pousse pour que la moitié de de ses Etats membres (soit 97 pays) rejoignent le clan du recyclage obligatoire d’ici à 2023 et vise les 30 % de DEEE recyclés au même horizon.

L’Union européenne n’est pas mauvaise élève. Ses directives ont incité les pays membres à créer des éco-organismes. La filière date d’une quinzaine d’années et les chiffres de collecte, de recyclage ou de réemploi progressent tous les ans, en lien avec l’économie sociale et solidaire, assure Nathalie Yserd, directrice déléguée d’Ecosystem France.En 2019, nous avons remis sur le marché 574 300 vieux appareils.

Pour les piles et batteries, l’organisme français Corepile, affiche un taux de collecte de 48,8 %, détaille Jeanne Lepeintre, directrice du marketing.

Faut-il s’attendre au pire ?

Oui. Les marchands d’électronique se frottent les mains avec l’arrivée de la 5G, à commencer par Apple, qui pousse la plupart des médias à confondre information et publicité pour un produit. Même le Parti pirate européen, qui n’a rien contre la technologie mais dénonce le consumérisme, admet qu’il faudra renouveler une partie du parc informatique, et certains smartphones. Le rapport de l’Onu, qui prévoit 74 millions de tonnes de déchets électroniques d’ici à 2030, est sans doute optimiste.

Et au mieux ?

Aussi. Aux États-Unis, où 150 millions de téléphones portables « démodés » partent au rebut chaque année, l’organisation P4C Global les répare et les revend, voire les offre aux plus précaires, via une fondation imaginée par Steve Hopwood. En France, Ecosystem a reçu 20 000 téléphones depuis mars, grâce à son initiative jedonnemontelephone.fr, remis sur le marché en partenariat avec les ateliers d’Emmaüs.

Enfin, de nombreux pays se dotent de lois contre les cycles de vie trop courts et les options de réparation limitées des objets électroniques. En France, en janvier 2021, cinq catégories de produits – lave-linge, tondeuse, télévision, ordinateur portable et téléphone mobile – devront afficher leur degré de réparabilité. Avis aux consommateurs qui veulent s’éclairer…

Pour cette journée internationale des déchets électroniques, ce mercredi 14 octobre, Ecosystem, ainsi que les éco-organismes de quarante-huit pays, s’engage sur des opérations de sensibilisation. Public visé ? La jeune génération qui veut toujours le dernier smartphone à la mode. Afin de limiter le nombre de vieux geeks plus tard…

www.ouest-france.fr




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