Le Shift Project interpelle les collectivités pour tenir le cap de la transition écologique

                                                                                                                                    Romolo Tavani

Dans un rapport intermédiaire présenté le 6 mai, le think tank qui plaide pour une décarbonation de l’économie s’est attaché à présenter aux acteurs territoriaux des pistes d’actions face aux bouleversements et chocs à venir, dans un contexte de sortie des énergies fossiles et de réchauffement climatique.

C’est le premier projet d’envergure (1) du Shift Project véritablement consacré aux territoires via un rapport intermédiaire, présenté jeudi 6 mai : « La résilience des territoires pour tenir le cap de la transition écologique ».

La résilience, ce mot attrape-tout

Ce travail, qui vise à permettre d’« articuler une grammaire commune », selon les mots de Mathieu Auzanneau, directeur du think tank, advient dans un contexte où « la résilience est en train de devenir un mot attrape-tout, un peu comme le développement durable. Pour nous, il est légitime de dire que la colonne vertébrale de la résilience est la transition énergétique », a-t-il précisé.

« Il est grand temps que les territoires au sens large se projettent face à un avenir qui promet d’être chahuté et conçoivent des stratégies robustes, résilientes, pour faire face aux changements et aux chocs que nous promettent le réchauffement climatique », a-t-il exposé. Fiona Mille, membre des Shifters et contributrice du projet « stratégies de résilience des territoires », a rappelé que nous faisons face à une « triple crise écologique : une crise climatique, une crise de la biodiversité et une crise de la raréfaction des ressources ».

Un memento pour s’y retrouver

Le Shift a donc décidé de publier ce rapport sous la forme d’un « memento autour de messages clés, destiné en priorité aux collectivités et aux autres acteurs de la résilience du territoire », a détaillé Laurent Delcayrou, chef de projet « stratégies de résilience des territoires ».

Le Shift a déjà lancé un vaste plan de transformation de l’économie française, avec un volet dédié à la décarbonation de l’administration publique. Sur le même mode de fonctionnement, ce rapport intermédiaire vise lui aussi à être soumis au débat et enrichi de diverses contributions, dont des ateliers participatifs, avant une version finale prévue pour septembre prochain.

Outre ce levier de la décarbonation de l’organisation interne des collectivités, plusieurs autres actions clés sont identifiées à ce stade : améliorer l’autonomie et la résilience alimentaire, agir pour un urbanisme et un aménagement résilient du territoire (rénovation du bâti, promotion des mobilités douces, etc.), mais aussi en matière d’économie et de santé.

Hiérarchie des renoncements

Les transitions et chocs à venir nécessitent de « répartir les efforts à accomplir », et donc de faire émerger une « nouvelle gouvernance pour arbitrer les désaccords », a souligné Corentin Riet, chargé de projet « stratégies de résilience des territoires ».

Cette « hiérarchie des renoncements touche à la question du changement des modes de vie : il va falloir prioriser les éléments que l’on souhaite garder, ceux auxquels on est prêts à renoncer, y compris à une échelle territoriale. Ce que l’on demande aux territoires et aux collectivités est de faire mieux avec moins. D’organiser un dialogue d’une qualité qui n’a jamais eu lieu jusqu’ici pour répartir des ressources moins nombreuses », a-t-il insisté.

Prospective et futur désirable

Face à ces changements, le Shift invite à « considérer la transition écologique et la résilience comme une opportunité pour les territoires », tant en termes de « bien-être des habitants » que de « souffle démocratique nouveau ».

« La prospective territoriale est une bonne occasion de se poser la question de « qu’est-ce qui nous arrive ? Elle permet de sensibiliser, avant de réfléchir à une vision et à un cap pour le territoire », a conclu Laurent Delcayrou.

www.lagazettedescommunes.com