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Le Varenne agricole de l'eau et du changement climatique est lancé

02/06/2021

Le Varenne agricole de l'eau et du changement climatique est lancé

                                                                                                                        © Image'in

Le Varenne agricole de l'eau se concentrera sur trois thématiques : la gestion des risques, l'adaptation de l'agriculture et l'accès à une vision partagée concernant la ressource en eau mobilisable sur le long terme. Retour sur les objectifs annoncés.

« Le changement climatique ce n'est pas uniquement de la sécheresse en été mais également l'augmentation des phénomènes extrêmes, une augmentation conséquente de l'évapotranspiration des plantes notamment dans le pourtour méditerranéen, a rappelé Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture et de l'alimentation à l'ouverture du Varenne agricole de l'eau et du changement climatique. Ces enjeux ont conduit le président à souhaiter l'organisation de ce Varenne. Car notre souveraineté alimentaire pourrait être remise en cause ». Annoncé en avril, le Varenne s'est ouvert officiellement ce vendredi 28 mai.

Les ministères de la Transition écologique et de l'Agriculture ont fixé trois thématiques sur lesquelles des groupes de travail dédiés réfléchiront. Parmi celles-ci la volonté « de partager une vision raisonnée des besoins et de l'accès aux ressources en eau mobilisables pour l'agriculture sur le long terme » sera conduite par le groupe de travail 3.

Exacerbée par les changements climatiques, la question de la gestion de l'eau et du partage selon les usages, notamment agricoles, est sensible.  Différents travaux et initiatives ont d'ores et déjà essayé d'apporter des réponses dont la seconde séquence des Assises de l'eau, les réflexions autour du projet de décret sur la gestion quantitative de l'eau (présenté en conseil des ministres le 16 juin prochain), les soutiens du plan France relance ou encore l'outil de concertation, le projet de territoire pour la gestion de l'eau (PTGE). Ce dernier constitue un des axes de travail du groupe 3.

Lancée de longue date, cette dernière démarche a peiné à dépasser les clivages sur le sujet. Le Gouvernement a souhaité redonner une nouvelle dynamique à l'outil : en 2015 puis en 2019, deux instructions sont venues l'encadrer pour essayer de débloquer la situation dans plusieurs territoires. Il a également fixé un objectif de faire aboutir 50 de ces projets d'ici 2022 et 100 d'ici 2027.

Lever les points bloquants des projets de territoire pour la gestion de l'eau

Si les choses se sont améliorées depuis les instructions - aujourd'hui 43 PTGE seraient adoptés et 30 en cours de concertation -, un certain nombre de difficultés persistent. « Nous commençons à avoir une base de PTGE, salue Julien Denormandie. Beaucoup d'acteurs de terrain reconnaissent que c'est un socle mais déplorent la longueur de la démarche ». Les ministères de la Transition écologique et de l'Agriculture ont donc lancé une mission d'appui au PTGE en mars dernier pour identifier les points bloquants. Celle-ci partagera son retour d'expérience avec les membres du groupe de travail au cours d'un atelier.

Un autre axe de réflexion vise la meilleure mobilisation des gisements d'eau existants pour l'agriculture. « Pourquoi ne pas regarder les possibilités de transfert d'eau, de stockage, d'utilisation d'eau usée épurée même si cela n'interdit pas les économies d'eau, a indiqué Luc Servant, président de la Chambre régionale d'agriculture de Nouvelle-Aquitaine, co-animateur de ce groupe de travail. Ce dernier examinera la faisabilité technique, économique et social d'un accès sécurisé à la ressource et établira un plan stratégique de mobilisation des gisements identifiés.

Le dernier sujet d'étude de ce groupe de travail portera sur la politique d'aménagement à mener pour répondre aux besoins en eau à l'horizon 2050. Notamment « une mise en cohérence » des événements extrêmes, crues et sécheresse. « Nos missions ont finalisé une vision prospective à l'horizon 2050 et c'est une bonne base, a assuré Julien Denormandie. Mais il y a des questions sur lesquelles il faut encore trouver un consensus ». Une trajectoire sera ensuite tracée avec un point d'étape en 2035. Les résultats de ces travaux devraient être connus à la fin du Varenne, en janvier 2022.

Encourager l'adaptation de l'agriculture

Le Varenne prévoit également de s'intéresser à l'adaptation de l'agriculture dans le cadre du groupe de travail 2.  Il devra notamment réfléchir à des actions sur les sols, les variétés, les pratiques culturales et d'élevage, les infrastructures agro-écologiques ainsi que l'efficience de l'eau d'irrigation. Le groupe de travail se penchera sur les leviers par filière pour l'adaptation au changement climatique. Des diagnostics territoriaux seront initiés pour identifier l'impact du changement climatique sur les pratiques à l'échelle régionale. Des réflexions thématiques seront également menées notamment sur une irrigation efficiente, la sélection génétique et les possibilités pour une agriculture de résilience pour les 15 prochaines années. En 2022, des plans d'adaptation régionaux seront lancés sur la base des diagnostics. « Les stratégies d'adaptation vont croiser les filières et les territoires », pointe Anne-Claire Vial, présidente de l'Association des instituts techniques agricoles (Acta).

En complément des coups de pouce déjà prévus dans le cadre du plan de relance, les deux ministères ont annoncé le lancement d'un appel à projets innovation « aléas climatique » doté de 20 millions d'euros notamment pour encourager de nouveaux équipements.

Prévoir des outils de gestion des risques

Le dernier groupe de travail (groupe 1) va poursuivre des travaux engagés pour refondre le dispositif d'assurance récolte mais également la gouvernance du fonds calamités (FNGRA). Il va également s'attaquer à un protocole de gestion agricole des crises de sécheresse. Ce dernier incluera des indicateurs agro-météorologiques, des leviers administratifs et techniques et des schémas de gouvernance territoriale. « Une instruction sera envoyée aux préfets pour qu'il puisse être applicable dès cet été, a pointé Julien Denormandie. Il y a aussi une question d'innovation sur les moyens de gérer la crise : nous allons organiser un Hackathon pour incuber les innovations à l'automne sur ce sujet ».

Pour essayer de garantir la sérénité des débats, les deux ministères indiquent qu'ils posent comme prérequis le recours à des travaux scientifiques (l'Inrae et l'Acta notamment constitueront l'appui scientifique) ainsi qu'à l'innovation mais également l'engagement des participants à travers une charte. « Notre idée est d'avancer des solutions concrètes, a indiqué Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture et de l'alimentation. Nous avons une méthode qui sera la garantie de la réussite de nos travaux, les sujets les plus complexes, j'appelle à garder une posture d'écoute et de bienveillance : nous souhaitons que chacun des participants s'engage à respecter des principes dans une charte d'engagement ».

Une approche qui n'a pas convaincue l'association France Nature environnement (FNE) qui refuse pour l'instant de participer à l'événement. « Ne pas participer ne veut pas dire que nous nous désintéressons du sujet bien au contraire, nous serons extrêmement vigilants, explique Florence Denier-Pasquier, vice-présidente de l'association. Mais il y a une perte de confiance, c'est ceci qui a motivé notre refus de participer : cet événement est à visée électorale et nous ne voulons pas participer à cela ».

www.actu-environnement.com

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