Bientôt des éoliennes pour recharger (très vite) votre voiture électrique à Ville le Marclet

Des bornes de recharge reliées directement à deux éoliennes : c’est le projet porté par la société Kallysta Energy à Ville le Marclet et dans toute la France. (©KallystaEnergy)

Deux éoliennes devraient sortir de terre d’ici un an sur le territoire de Ville le Marclet (Somme). Cette information n’a rien de bien originale en soi, tant le territoire compte de nombreux parcs en activité ou projets en cours.

Ce projet-ci présente pourtant une particularité inédite : ces deux éoliennes serviront à alimenter des bornes de recharge pour véhicules électriques.

L’origine de l’électricité sera visible

« Des bornes de recharge ultra-rapide », précise-t-on chez Kallysta Energy, l’entreprise à l’origine de ce projet. Créée en 2005, la société gère déjà trente-huit parcs éoliens en France, au Pays-Bas et en Allemagne, dont plusieurs dans la Somme, à Oresmaux, Vauvillers et Hombleux. Le projet de Ville le Marclet est d’une autre nature.

« Notre objectif est de déployer environ 80 stations de recharge reliées directement à des éoliennes à travers la France », précise Nishal Ramdoo, responsable communication chez Kallista Energy.

Un véhicule électrique émet environ trois fois moins de CO2 qu'un véhicule thermique, en prenant en compte tout le cycle de vie. Mais beaucoup de personnes se demandent comment produire plus d'électricité pour la recharge. Avec ce projet, la réponse est claire : les éoliennes, installées proches des stations, fourniront majoritairement de l'électricité produite sur place.

L’un des premiers sites du genre en France

Lancé fin 2019, ce projet ambitieux (l’objectif est de permettre aux automobilistes de traverser la France grâce à ces seules stations) est diversement avancé selon les sites. Celui de la vallée de la Nièvre pourrait bien être le premier à se concrétiser. « Ville le Marclet fait partie des premiers sites que nous avons identifiés et retenus », confirme Nishal Ramdoo.

Les deux éoliennes doivent s’élever au lieu-dit « Les Deux Buquets », le long de l’autoroute A16, dans les hauteurs de la route menant à Saint-Ouen, où une étude confirme que le vent est suffisamment présent.

Quant aux bornes, leur emplacement exact n’a pas encore été choisi. Mais la station, qui permettra de recharger douze véhicules en même temps, se situera près de la sortie d’autoroute, dans la zone d’activité.

1 500 km par an offerts aux riverains

Depuis le lancement du projet, la société Kallysta Energy a fait un grand effort de communication localement, en organisant des réunions d’information et en mettant en place un portail Internet qui permet aux riverains de suivre l’avancement du projet (www.temo.KallistaEnergy.com).

La société éolienne promet par ailleurs à ces riverains un accès privilégié à toutes les stations de recharge ultrarapide de son futur réseau national. Chaque foyer de Ville le Marclet pourra bénéficier gratuitement de l’équivalent de 1 500 km par an pendant vingt ans. À une condition, tout de même : posséder un véhicule électrique.

10 minutes pour une recharge

« Ces bornes proposeront une recharge à très haute puissance de 350 kW ou plus », annonce-t-on chez Kallysta Energy. Ce qui signifie qu’il suffira de dix minutes pour faire une recharge de 300 km, contre plus d’une heure avec les bornes de recharge « rapides » actuelles. Elles seront directement alimentées par les deux éoliennes.

« Les éoliennes seront reliées au réseau électrique, précise Nishal Ramdoo. L’électricité produite qui ne sera pas utilisée pour la recharge ira sur le réseau et sera donc consommée localement. »

À l’inverse, en cas d’absence de vent, l’alimentation des bornes sera assurée par le réseau électrique normal. D’après les mesures de vent, cela devrait être le cas moins de 20 % du temps.

Objectif 2024

La demande d’autorisation d’exploiter (l’équivalent du permis de construire) a été déposée en Préfecture de la Somme en mars dernier. Une enquête publique (dont les dates ne sont pas encore connues) devra être ouverte à la population, avant que le Préfet ne rende sa décision, sans doute d’ici la fin de l’hiver ou le début du printemps.

Si la décision est positive, il faudra encore attendre le délai légal de recours, la recherche de financements, la demande de raccordement au réseau électrique…

Nishal Ramdoo résume et tempère : « Si tout va bien, on peut construire en 2024. Les prochaines étapes dépendent des délais d’instruction du dossier. » Les précédents parcs éoliens le prouvent : ces projets peuvent prendre beaucoup de temps…

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