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Empreinte carbone : pour une comptabilité carbone généralisée

12/01/2023

Empreinte carbone : pour une comptabilité carbone généralisée

Les entreprises qui élaborent déjà leur bilan carbone peuvent et doivent ventiler pour leurs clients l'empreinte carbone de chacun des biens et services vendus.

OPINION - Sur le modèle de la TVA, les entreprises pourraient mettre en place une comptabilité capable de ventiler pour leurs clients l'empreinte carbone de chacun des biens et services vendus.

Un élément sous-estimé de la mobilisation pour la trajectoire climatique est l'information précise et sincère de chaque acteur, l'entreprise en premier, sur l'empreinte carbone de chacune de ses décisions.

C'est dans cet esprit que se généralise progressivement en France la pratique des bilans carbone où l'entreprise, par calculs et dires d'expert, rend disponible le contenu carbone, direct et indirect, que son activité entraîne. La législation suit au niveau français et européen. Cela permet de tracer, dans le temps et par référence avec des entreprises comparables, la performance en matière de carbone. Il en résulte une sorte de discipline créatrice invitant chaque entreprise et chaque ménage à privilégier à coût égal des solutions bas carbone.

Un système peu coûteux

Mais il faut aller plus loin dans le détail, au niveau même des biens et des services vendus. Les entreprises qui élaborent déjà leur bilan carbone peuvent et doivent ventiler pour leurs clients l'empreinte carbone de chacun des biens et services vendus. Le client dispose ainsi simplement, sur ses factures fournisseurs, des données pour établir son propre bilan carbone.

Car une fois la pratique répandue, l'entreprise qui fait cette communication reçoit en retour les bonnes données de ses propres fournisseurs. On peut voir là un système d'intelligence distribuée, peu coûteux à terme et proche dans son efficacité du mécanisme qui permet de calculer la TVA.

Manque de données certifiées

Appelons cela la comptabilité carbone généralisée, consistant à mettre sur les factures, à côté des données en euros, les contenus carbone de chaque produit y figurant. Par une transmission en cascade, la plupart des entreprises se contentent de transmettre le contenu carbone des biens et services achetés ; seules les entreprises ayant une production spécifique de carbone liée à leur activité l'ajoutent aux factures entrantes.

Déjà, certaines entreprises pratiquent le décompte carbone pour leurs clients : des banques, pour l'empreinte carbone des achats par carte bancaire ; les opérateurs de téléphone, pour l'utilisation d'Internet ; des restaurants, sur leur carte de menu, etc. L'initiative, à visée marketing, repose rarement sur des données certifiées, mais elle est bienvenue. Il faut la généraliser.

Il y a bien sûr un problème de poule et d'oeuf, puisque le fournisseur n'établit son bilan carbone par cette méthode que s'il reçoit les données de ses propres fournisseurs. Mais le processus est cumulatif et les données d'expert feront place progressivement à la simple sommation des factures entrantes. Il y a eu le même processus d'amorçage, certes plus rapide, quand la TVA a été mise en place.

Les biens importés présentent une difficulté. Il restera donc des estimations à faire, mais rendues d'autant plus faciles que les données s'affineront au fil des échanges et que d'autres pays se joindront à l'initiative, la TVA étant à nouveau l'exemple naturel.

Une dimension humaine importante

Il est possible et souhaitable de calquer la comptabilité carbone sur la comptabilité en euros de l'entreprise : achats, ventes, traitement des biens d'équipement, etc. Il y a une dimension humaine importante derrière ce choix.

Toute grande entreprise dispose d'une direction financière, dont le rôle est de traiter l'information interne. Elle s'appuie sur un réseau de comptables, de contrôleurs de gestion et d'auditeurs internes et externes, capable d'assurer la probité des chiffres.

Les entreprises plus petites sont aidées par leur expert-comptable. L'initiative carbone sera d'autant plus efficace que les directions financières et RSE sauront travailler ensemble.

Avoir sous les yeux les contenus carbone des biens et services est décisif pour orienter les politiques d'achat et les choix technologiques vers une économie libérée du carbone.

business.lesechos.fr

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