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L'abondance des déchets persiste sur le littoral
17/01/2025

Le niveau de pollution du littoral, en France, atteint 309 macrodéchets sur 100 mètres. © JorGillwald
Le Cedre, organisme coordonnateur des trois réseaux nationaux de surveillance des macro et microdéchets sur le littoral et dans les cours d'eau, a présenté son dernier bilan. La pollution persiste et les efforts de réduction sont à accentuer.
Une division par 15 ! C'est l'effort qu'il faudrait réaliser pour atteindre la valeur maximale de 20 déchets retrouvés sur 100 mètres de littoral dans l'Hexagone. Un seuil établi par des experts de l'Union européenne dans le cadre de la directive-cadre Stratégie pour le milieu marin (DCSMM) comme valeur à ne pas dépasser pour parvenir au bon état écologique. Or aujourd'hui, le niveau de pollution atteint 309 macrodéchets sur 100 mètres de littoral, selon le dernier état des lieux (1) réalisé par le Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre), présenté lundi 13 janvier.
Le centre a été chargé par le ministère de la Transition écologique de construire et coordonner les trois réseaux nationaux de surveillance des macro et microdéchets sur le littoral national et au sein des bassins hydrographiques. Bien établis pour certains (déchets littoraux) ou en cours de consolidation pour les autres (plastiques sur les plages ou déchets issus des bassins hydrographiques), les trois réseaux devraient être tous opérationnels en 2025, avec un nombre suffisant de sites suivis et d'opérateurs formés au protocole et conventionnés par le Cedre. « Le fonctionnement en réseau est très performant. Cela permet de créer du lien entre les prises de décisions nationales et les observations sur le terrain », a souligné Silvère André, ingénieur analyse de données du service surveillance et études des déchets aquatiques du Cedre.
Une pollution en baisse mais toujours abondante
Pour ce qui concerne les macrodéchets retrouvés sur le littoral en 2023, les plastiques sont majoritaires, dont 17 % à usage unique et proviennent à 21 % des activités de pêche et d'aquaculture. Ce recensement ne prend pas en compte les fragments en plastiques non identifiés inférieurs à 2,5 cm ou les polluants chimiques.
L'abondance des déchets retrouvés depuis 2010 a diminué mais reste largement au dessus du seuil de 20 / 100 m © Cedre
Si depuis la création du réseau en 2010, la pollution du littoral français s'avère en baisse, elle reste néanmoins abondante. Et c'est la Méditerranée occidentale qui remporte le triste palmarès du plus fort taux de déchets retrouvés (496/100 m en abondance médiane) et la Manche-mer du Nord qui présente les plus petites valeurs (139/100 m). Une donnée reste toutefois constante : la part de déchets plastique.
Le second réseau du Cedre vise les macrodéchets issus des bassins hydrographiques. Son objectif ? Contribuer à évaluer les apports fluviaux de déchets dans le milieu marin. « Des réflexions sont en cours pour le développement d'un protocole de surveillance des déchets dans les cours d'eau », a précisé Silvère André. Les suivis ont permis de repérer une abondance médiane de 329 déchets sur 100 m. De la même manière, le plastique reste le déchet le plus retrouvé (92 %, dont 30 % à usage unique). 6 % sont des déchets sanitaires et médicaux (comme les lingettes humides), dont l'origine serait les réseaux d'assainissement. Le reste se répartit entre du caoutchouc, des textiles, des papiers ou cartons, du bois, du métal, mais également du verre ou de la céramique.
Les plastiques très présents sur les plages
Le troisième réseau concerne la surveillance des plastiques (micro de 1 à 5 mm et méso de 5 mm à 2,5 cm), plus particulièrement sur les plages. Les quantités médianes retrouvées atteignent 1470 microplastiques/100 m, avec pour la plus grande part, des fragments de polystyrène expansé (56 %), puis des fragments de plastiques durs (24 %) et des granulés plastiques industriels (23 %).
Les mésoplastiques sont, quant à eux, un peu moins retrouvés : 800/100 m. Dans cette frange, 62 % sont des fragments de plastiques durs, 24 % des fragments de polystyrène expansé et 4 % des mousses. Un site sur les 23 suivis pèse fortement sur les résultats : celui de La Ciotat (2) (Bouche-du-Rhône), qui représente près de 90 % des débris (898 040 microplastiques/100m).
Une étude a été lancée en 2023 (et devrait être remise en 2025) pour étudier la faisabilité d'un réseau de surveillance des macrodéchets sur le littoral en Outre-mer avec un protocole adapté.
1. Télécharger le dernier rapport du Cedre
2. En l'excluant, les grands microplastiques échoués les plus abondants sur les plages sont les GPI (51%), les fragments de plastiques durs (39%) et les fragments de polystyrène expansé (6%). Pour les mésoplastiques, ce sont les fragments de plastiques durs (72%), suivis par les filaments/ficelles plastiques (9%) et les films plastiques (6%) qui sont les plus abondants sur le littoral.
Dorothée Laperche / actu-environnement