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L’industrie constitue la cible prioritaire de l’hydrogène décarboné

02/03/2023

L’industrie constitue la cible prioritaire de l’hydrogène décarboné

Le Monde de l’Energie ouvre ses colonnes à Nicolas Potier, directeur associé chez Tactis, spécialisé dans l’énergie, pour évoquer la place de l’hydrogène dans la décarbonation de la France.

Le Monde de l’Énergie —Quelle part doit prendre le vecteur énergie hydrogène dans la décarbonation de la France ? Dans quels secteurs en particulier ?

Nicolas Potier —L’hydrogène est utilisé dans l’industrie pétrolière (raffinage) et chimique (production d’engrais) ; en France, sa consommation totale est de l’ordre de 900 000 tonnes par an, dont 95% est produit à partir d’énergies fossiles, pour une émission de l’ordre de 9 millions de tonnes de CO2 par an.

Une alternative à ce mode de production est l’hydrogène décarboné qui peut être produit par électrolyse de l’eau, à partir d’électricité décarbonée ou renouvelable. Dès lors, ce nouveau vecteur énergétique est susceptible de devenir un volet important de la stratégie nationale bas carbone, avec de multiples applications à fort impact sur nos émissions de gaz à effet de serre :

  • Diminuer les émissions de CO2 de l’industrie : 53 millions de tonnes émises par an en 2030 contre 80 millions de tonnes émises par an en 2020.
  • Entamer un cycle d’innovation dans la mobilité lourde : transport collectif de personnes, secteur maritime, secteur ferroviaire, là où les solutions à base de batteries s’avèrent insuffisantes.
  • Renforcer la résilience de notre système énergétique : contribuer à résoudre l’intermittence des énergies renouvelables (solaire, éolien) en permettant des solutions de stockage, permettre une alimentation de secours pour des sites isolés.

Le Monde de l’Énergie —Pourquoi militez-vous pour la généralisation du modèle public-privé dans le développement de l’hydrogène bas carbone en France ?

Nicolas Potier —Le développement de l’hydrogène décarboné représente un investissement de plus d’une vingtaine de milliards d’euros à horizon 2030. Ce développement nécessite de répondre à un double défi :

  • La massification et le passage à l’échelle : selon France Hydrogène, la production d’Hydrogène décarboné devrait passer de 45 000 tonnes actuellement à 700 000 tonnes à la fin de la décennie, ce qui constitue un défi industriel considérable.
  • La mise en œuvre concrète de cas d’usage variés (industrie, mobilité, stockage d’énergie) au sein d’écosystèmes locaux.

Notre conviction est que le modèle public-privé associant des collectivités locales est le plus à même de répondre à ces enjeux : par la capacité d’amorçage en termes de moyens humains et financiers, mais également par la mobilisation des écosystèmes locaux.

Le Monde de l’Énergie —Quelles technologies de production d’hydrogène bas carbone vous semblent prioritaires à soutenir, et en quoi le partenariat public-privé peut-il répondre aux besoins d’investissement de ces technologies ?

Nicolas Potier —La technologie de production par électrolyse de l’eau, alimentée par des énergies renouvelables, nous semble prioritaire dans la mesure où elle peut s’inscrire dans une dynamique locale. Cet enracinement dans les territoires constitue un accélérateur d’usage compte tenu de la diversité des secteurs à adresser. Le partenariat public-privé, en permettant un partage équitable des risques entre collectivités et acteurs de la filière hydrogène, offre un cadre propice à la mise en œuvre opérationnelle de projets qui passeront progressivement à l’échelle.

Le Monde de l’Énergie —Certains analystes critiquent la présentation de l’hydrogène comme une « solution miracle » de la transition énergétique, et de ses applications à de nouveaux secteurs, alors que l’hydrogène utilisé dans l’industrie est encore massivement produit par des combustibles fossiles. Le secteur industriel ne devrait-il pas être le premier débouché de l’hydrogène bas carbone ?

Nicolas Potier —Comme vu précédemment, il est indéniable que l’industrie constitue la cible prioritaire de l’hydrogène décarboné, étant la première consommatrice d’hydrogène carboné. C’est pourquoi nous pensons que les projets locaux de production d’hydrogène décarboné doivent adresser en premier lieu les bassins industriels existants, qui constituent le débouché le plus immédiat. Une part de la stratégie d’achat d’hydrogène de ces acteurs devrait être dédiée à l’hydrogène « local décarboné » afin de sécuriser les modèles économiques des projets locaux qui seront mis en oeuvre.

lemondedelenergie.com

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