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Nucléaire, agriculture, eau potable... Qui prélève et consomme l'eau en France ?

01/04/2023

Nucléaire, agriculture, eau potable... Qui prélève et consomme l'eau en France ?

( AFP / JEAN-FRANCOIS MONIER )

Emmanuel Macron présente jeudi dans les Hautes-Alpes un plan très attendu destiné à améliorer la gestion de l'eau, ressource menacée par le réchauffement climatique.

La France dispose en apparence d'une abondance d'eau : elle prélève en moyenne 33 milliards de mètres cubes d'eau par an sur les près de 208 milliards disponibles en moyenne chaque année dans les cours d'eau, les lacs ou les nappes, selon le ministère de la Transition écologique.

Mais cette abondance n'est qu'apparente. D'une part, l'essentiel de la ressource doit impérativement rester dans les milieux naturels pour préserver un équilibre satisfaisant. D'autre part, ce renouvellement est soumis à de fortes variations annuelles (142 milliards de m3 seulement en 2019) et surtout saisonnière.

C'est l'agriculture qui est la première consommatrice d'eau en France, suivie par le réseau d'eau potable et le refroidissement des centrales nucléaires. Autant de secteurs susceptibles de se retrouver en conflits d'usages en cas de pénuries.

L'essentiel de la consommation a lieu l'été, quand la disponibilité est au plus bas, provoquant des conflits d'usages voire des pénuries, comme dans les quelque 700 communes privées d'eau lors de la canicule en 2022. Et si les prévisions du Giec ne permettent pas d'affirmer que les précipitations vont diminuer, il est établi que l'augmentation des canicules se traduira par des sécheresses plus sévères.

Pour bien mesurer l'usage de l'eau, il faut toutefois distinguer les "prélèvements" et la "consommation".

Les prélèvements correspondent à l'ensemble des volumes puisés dans les rivières, les lacs ou les nappes, dont plus de 85% retournent ensuite dans ces milieux aquatiques.

La consommation, c'est la part restante de ces prélèvements, environ 15%, qui sont absorbés par les plantes irriguées, les sols ou qui s'évaporent, interrompant le cycle qui conduisait ces volumes d'eaux vers la mer.

• Prélèvements : près de la moitié pour refroidir les centrales nucléaires

Les prélèvements sont mesurés avec précision, étant soumis dans la plupart des cas à déclaration. Hors hydroélectricité, les 32,84 milliards de m3 prélevés en moyenne sur la période 2010-2019, derniers chiffres connus, se répartissaient ainsi :

- 16,8 milliards de m3 d'eau douce utilisés pour le refroidissement des centrales électriques, essentiellement les centrales nucléaires

- 5,3 milliards pour l'eau potable

- 5,2 milliards pour l'alimentation des canaux

- 2,9 milliards dévolus à des usages principalement agricoles

- 2,6 milliards pour les autres usages, essentiellement industriels

• Consommation : 4,1 milliards de m3, surtout pour l'irrigation et l'eau potable

La consommation d'eau en France s'établit à 4,1 milliards de m3 en moyenne par an sur la période 2010-2019 , selon la nouvelle estimation publiée mercredi par le Service des données et études statistiques (SDES) du Ministère de la Transition écologique. Celle-ci revoit considérablement à la baisse l'estimation jusqu'à présent retenue de 5,3 milliards de m3.

L'intégralité de la différence s'explique par la réévaluation de la consommation des centrales nucléaires. La nouvelle estimation -0,5 milliard de m3 par an- se fonde sur les rapports environnementaux d'EDF, qui a fourni au ministère ses chiffres depuis 2010. "Les données d'EDF sont jugées fiables car elles ont déjà été rendues publiques dans ses rapports environnementaux" où l'énergéticien "explique bien ses trois méthodologies", a expliqué Béatrice Sédillot, cheffe du SDES, selon qui les précédentes estimations reposaient sur des "hypothèses fragiles".

Cette réévaluation majeure de ces chiffres, régulièrement brandis dans les débats sur l'impact environnemental du nucléaire, intervient au moment où le gouvernement tente de relancer cette source d'énergie en France.

En conséquence, l'agriculture reste la première activité consommatrice d'eau avec 58% du total , devant l'eau potable (26%), le refroidissement des centrales nucléaires (12%) et les usages industriels (4%). Dans la précédente estimation, l'agriculture était déjà la première consommatrice, mais avec seulement 45% du total, tandis que les centrales comptaient pour 31% et l'eau potable pour 21%.

Cette prévalence de l'agriculture s'explique par le fait que l'eau utilisée pour irriguer les cultures est considérée par le SDES comme "consommée à 80%".

"On estime que 100% de l'eau prélevée est absorbée par les plantes ou les sols, sauf pour la technique d'irrigation gravitaire où 82% de l’eau retourne au milieu aquatique", explique Mme Sédillot.

La part de l'agriculture irriguée -environ 7% des surfaces cultivées- est relativement limitée en France, mais la majeure partie de la consommation se fait en été. L'eau consommée naturellement par les plantes n'est pas comptabilisée.




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