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Véhicules électriques : il faut « passer sans tarder d’une logique d’incitation à une logique de solidarité »

02/11/2022

Véhicules électriques : il faut « passer sans tarder d’une logique d’incitation à une logique de solidarité »



Deux responsables associatifs, Laure Coussirat-Coustère et Bruno Salmon, expliquent, dans une tribune au « Monde », pourquoi le véhicule électrique comme seule réponse à l’urgence sociale de transition écologique, en incluant petits entrepreneurs, travailleurs indépendants, salariés ou demandeurs d’emploi à faible revenu, est une illusion.

Face aux défis de la lutte contre le changement climatique et contre la pollution de l’air, la mobilité propre est un objectif majeur, à très court terme. Et pour espérer l’atteindre, il faut embarquer tout le monde : il n’y aura de transition écologique que si elle est inclusive, si non seulement elle n’aggrave pas les fractures sociales et territoriales, mais qu’elle contribue au contraire à les réduire. Nous sommes convaincus que c’est possible, à portée de main.

Parce qu’ils sont détenteurs d’un parc automobile ancien, très polluant et coûteux en entretien, les petits entrepreneurs, les salariés et les demandeurs d’emploi que nous finançons et accompagnons depuis plus trente ans seront, dans les mois et les années qui viennent, purement et simplement empêchés de circuler dans les zones à faible émission (ZFE), c’est-à-dire dans les zones urbaines : autrement dit, ils ne pourront plus travailler ni vivre comme des citoyens de plein exercice.

Le déploiement des ZFE n’est évidemment pas une option : l’urgence climatique comme l’urgence de santé publique dans nos villes ne sauraient faire débat. C’est pourquoi l’enjeu n’est pas de retarder ni de ralentir l’effort, mais au contraire de permettre à ceux qui n’en ont pas les moyens d’en être pleinement des acteurs citoyens.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Le déploiement des zones à faible émission (ZFE) doit être l’occasion de repenser la mobilité sur tous les territoires »

Pour cela il faut donner aux petits entrepreneurs, aux travailleurs indépendants, aux salariés ou aux demandeurs d’emploi à faible revenu, la capacité financière d’accéder à des véhicules moins polluants leur permettant demain de travailler.

Efficacité écologique et justice sociale

Or, le recours aux véhicules électriques, même fortement subventionnés, n’est pas aujourd’hui une solution pour les plus pauvres : les véhicules électriques européens restent en effet inabordables financièrement sur le marché du neuf et très rares, voire inexistants dans le cas des véhicules utilitaires, sur le marché de l’occasion, sans parler de l’accès aux infrastructures de recharge, encore largement théorique pour les personnes ne disposant pas de logement individuel avec parking privé.

C’est pourquoi nous regrettons que l’annonce du président de la République au Mondial de l’auto, entièrement consacrée à la stratégie industrielle en faveur du véhicule électrique, ait ignoré la dimension sociale et la réalité à laquelle sont confrontés les foyers les plus modestes, alors même que les gains carbone à attendre à court terme du remplacement de vieux véhicules très polluants par des véhicules thermiques récents d’occasion sont bien plus importants que ceux qui résulteront du remplacement de ces derniers par des véhicules électriques neufs !

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