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Et si l’on pouvait arrêter de produire de nouvelles matières premières pour s’habiller

23/05/2023

Et si l’on pouvait arrêter de produire de nouvelles matières premières pour s’habiller

Selon l'Ademe, 100 milliards de vêtements sont vendus chaque année dans le monde (illustration). — V.Gerdo/TASS/Sipa USA/SIPA

INNOVATION Une entreprise basée près de Lille a mis au point un procédé permettant de recycler à l’infini les textiles usagés en fibres neuves pour confectionner des vêtements

  • Induo, une société lilloise, a inventé une technologie unique de recyclage des textiles usagés.
  • Le procédé permet de traiter tous les textiles sans avoir besoin de les trier en fonction de leur composition.
  • La technologie d’induo isole la cellulose des textiles, laquelle est utilisée pour fabriquer de la fibre de viscose, prête à l’emploi.

Quand l’expression « faire du neuf avec du vieux » prend tout son sens. Ce n’est pas un secret, l’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde. Depuis le processus de fabrication des matières premières jusqu’à la fin de vie des vêtements usagés, lesquels terminent en grande majorité enfouis ou incinérés après avoir été jetés à la poubelle selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Un gâchis incroyable qu’Induo, une entreprise basée près de Lille, entend faire cesser grâce à un procédé unique permettant de produire des fibres textiles neuves à partir de vêtements usagés.

On ne va pas vous inonder de chiffres mais il est quand même utile d’en donner un ou deux pour se rendre compte de la manne que représentent les vêtements usagés. Chaque année, les Européens vident leurs placards de quatre millions de tonnes de textiles dont 10 % seulement sont revendus en seconde main. Le reste est plus ou moins bien collecté et trié selon les pays. En France, on n’est pas mal, avec 244.000 tonnes collectées en 2021 dont 71 % ont été triées selon le ministère de l’Ecologie. Sauf qu’un tiers seulement est recyclé. « C’est l’étape du tri qui pose le plus de problèmes pour recycler le textile », assure Pauline Guesné, co fondatrice d’Induo. « Les lots de textiles arrivent la plupart du temps mélangés au recyclage, sans différenciation entre les fibres synthétiques, les fibres végétales ou animales », ajoute-t-elle.

« On prend le vrac, tout ce que les autres ne veulent pas »

Si c’est un frein aux procédés existants, qui recyclent du synthétique en synthétique et du coton en coton, Induo a trouvé la solution. « Nous, on prend le vrac, tout ce que les autres ne veulent pas, sans avoir besoin de trier. Les textiles sont broyés et réduits en poudre avant d’être soumis à un procédé chimique qui va isoler la cellulose des fibres des autres composants », explique Pauline Guesné. En bout de chaîne, cette technologie, désormais brevetée et baptisée Refact, permet de produire de la fibre de viscose « neuve ». Cette fibre intègre ensuite le processus classique, passant entre les mains d’un filateur puis d’un tisseur, jusqu’à l’étape finale de la confection. « Les propriétés de cette fibre sont les mêmes que pour une fibre vierge, et elle est elle aussi 100 % recyclable », précise la cofondatrice d’Induo.

La fibre de viscose obtenue grâce au procédé de recyclage Refact de l'entreprise Induo.

La fibre de viscose obtenue grâce au procédé de recyclage Refact de l'entreprise Induo.


L’entreprise le reconnaît, son procédé Refact, comme n’importe quel procédé de recyclage, n’est pas neutre pour l’environnement. Il consomme de l’eau, de l’énergie, utilise des produits chimiques. Sauf que le mal est moindre. « En analysant un cycle de vie sur du fil, notre fibre est six fois plus écologique que du coton et deux fois plus que de la viscose vierge », promet Pauline Guesné, ajoutant tout de même que « le mieux pour l’écologie étant de reporter les vêtements plutôt que de les mettre à recycler ». L’autre « loup », c’est un surcoût de 15 % par rapport à des fibres vierges. L’entrepreneuse n’y voit pourtant pas un obstacle à la vente de son produit : « les plus gros, comme H&M ou Inditex, ont de gros objectifs en termes de recyclage et à ce jour, la demande est bien supérieure à l’offre ».

La suite ? Induo l’assure, sa technologie est au point. Reste à industrialiser le processus et ce n’est pas une mince affaire. Avec l’aide de l’Etat et d’Amazon, via son incubateur, Induo bosse pour sortir son premier pilote industriel d’ici à 2026 sous la forme d’une « mini-usine » à sept millions d’euros. Mais l’ambition est bien plus grande. A l’horizon 2030, l’entreprise compte bâtir, en France, une usine à 300 millions qui lui permettrait de sortir 80.000 tonnes de fibres de viscose recyclée par an.

20minutes.fr


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