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« Faire rimer durable et rentable, c’est possible » : comment rendre son épargne plus verte

24/05/2023

« Faire rimer durable et rentable, c’est possible » : comment rendre son épargne plus verte

Des solutions existent pour rendre l'épargne plus respectueuse de l'environnement. | FOTOLIA

De plus en plus de Français veulent donner du sens à leur épargne mais ils n’ont pas les outils pour le faire. Entre fausses promesses et fonds opaques, compliqué de distinguer le bon grain bio de l’ivraie. Voici quelques pistes avec Arnaud Bodin, conseiller en gestion du patrimoine.

Des études menées par l’Autorité des marchés financiers l’ont montré : deux tiers des Français s’inquiètent du poids de leurs placements financiers sur l’environnement. Ils n’ont pas tort. Quand l’empreinte carbone d’un Français s’élève à 10 tonnes de CO2 en moyenne par an, celle de notre épargne, calculée sur une moyenne de 25 000 € en banque, pèse tout autant !

« C’est une empreinte carbone indirecte mais bien réelle. Les banques utilisent notre épargne en finançant des projets en lien avec les énergies fossiles. Avec 5 000 € à la banque, on pollue autant qu’avec sa voiture si on n’oriente pas son épargne », remarque Arnaud Bodin. Journaliste à Ouest-France, il est également conseiller en gestion du patrimoine. Il vient de publier un livre sur le sujet intitulé Les meilleurs placements verts et solidaires. Un guide pour s’y retrouver dans une vraie jungle.

Des investissements rentables ?

Le premier geste pour rendre son portefeuille plus vert, c’est souvent de changer de banque . « On peut se tourner vers des banques dites vertes, type crédit coopératif. Elles proposent des livrets solidaires qui ont un réel impact sur la transition écologique et la solidarité sauf qu’il n’y a pas de rendement, pas de performance », note Arnaud Bodin.

Il en est convaincu, « faire rimer durable et rentable, c’est possible. Cela peut paraître antinomique pour beaucoup de gens, y compris qui sont investis dans la transition écologique, pour qui l’argent est un ennemi. Il est possible d’associer performance et sens. » C’est l’objectif de sa démarche en tant que conseiller en gestion du patrimoine.

Une première étape : le LEP

Première étape si vous disposez d’une épargne modeste, le LEP ou Livret d’épargne populaire. Il est soumis à plafond de ressources. En 2023, il est possible d’en bénéficier si votre revenu fiscal de référence de 2021 ne dépasse pas 21 393 € pour une part de quotient familial, plus 5 713,20 € par demi-part supplémentaire. « 18 millions de Français y sont éligibles mais seuls 8 millions en ont un », constate Arnaud Bodin.

Alors oui, ce livret ne s’inscrit pas dans une démarche de transition écologique mais plus dans une dimension solidaire. Et rentable : « Le LEP, c’est 6,10 % de rendement sans fiscalité et l’argent est disponible à tout moment. »

Se méfier des faux amis

Sur le chemin d’une épargne vertueuse, attention aux faux amis. Notamment l’ISR, l’Investissement socialement responsable. « C’est une forme de greenwashing. Un millier de fonds sont labellisés. La faute à un cahier des charges pas du tout strict. Le label se base avant tout sur le déclaratif des sociétés de gestion, il n’y a pas de gendarme indépendant pour le contrôler », relève Arnaud Bodin.

Au niveau européen, le souci est identique avec les fonds « article 9 », dits super-verts. Près de la moitié d’entre eux finançait encore fin 2022 les industries des énergies fossiles et de l’aviation. « Depuis, plusieurs de ces fonds ont été déclassés et un grand ménage est en train de s’opérer. » En attendant, il est possible de se fier à deux labels français plus transparents : Greenfin en matière de transition écologique et Finansol pour l’investissement social et solidaire.

Les banques traditionnelles ? C’est compliqué…

Il sera compliqué de verdir son épargne avec une banque traditionnelle. « Le problème, c’est que ces banques ne travaillent pas en architecture ouverte. Elles ont leurs propres fonds qui sont assez limités », remarque Arnaud Bodin. La gestion d’une partie des fonds, que ce soit sur le Livret A, le Livret de développement durable, les assurances-vie et les PEA (Plan épargne action), reste opaque.

Une exception parmi les opérateurs traditionnels, la MAIF avec des contrats d’assurance-vie engagés dans l’investissement socialement responsable. Sinon, il faut passer par des banques en ligne et des courtiers numériques. Mieux vaut bien se renseigner au préalable, ou être accompagné par un conseiller en gestion indépendant. « En quelques clics, en quelques semaines, il est possible de mettre en place une épargne engagée vers la transition écologique et solidaire », assure Arnaud Bodin qui prévient : « Évidemment, il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. »

Boursicoter sans nuire à la planète, c’est possible

Des outils existent pour associer rendement et transition écologique et solidaire. En premier lieu, un fonds recense les 1 600 plus importantes sociétés du monde entier, auxquelles est appliqué un filtre avec des critères Environnement, social et gouvernance (ESG) stricts. « Ce filtre en élimine près de 1 300. Ainsi, ce fonds permet d’investir, au sein de contrat d’assurance-vie, dans les 300 plus grandes entreprises mondiales les plus vertueuses », détaille Arnaud Bodin.

Des fonds permettent, par exemple, d’investir dans les bois et forêts. Attention, il ne s’agit pas de financer des plantations d’arbres pour faire de la compensation carbone. « Là, on est dans des bois et forêts qui existent déjà et qu’il faut entretenir. » D’autres fonds ciblent l’accès à l’eau, les énergies alternatives, la santé, l’emploi et la solidarité.

Non, il ne s’agit pas de philanthropie. « Sur les dix dernières années, le fonds indiciel qui applique les critères ESG est plus performant que l’indice classique. » C’est moins le cas en 2022 avec la crise énergétique qui a permis aux énergies fossiles de dégager de gros bénéfices et la guerre en Ukraine pour le secteur de l’armement. « Mais on peut imaginer que la tendance s’inverse avec des fonds responsables moins soumis aux crises. »

Sur les marchés financiers, c’est connu, il y a des hauts et des bas. Mais Arnaud Bodin l’a constaté, « quand vous savez dans quoi vous investissez et pourquoi vous le faites, vous supportez bien mieux les phases de baisse ».

L’immobilier durable, ça existe

Alternative à l’investissement dans l’immobilier physique, la pierre papier. Ce sont les Sociétés civiles de placement immobilier (SCPI) et les Sociétés civiles immobilières (SCI). Il est ainsi possible d’investir à partir de quelques centaines d’euros dans des parts d’immeubles avec des sociétés de gestion qui s’inscrivent dans une démarche durable et vertueuse.

« Un exemple, la société Novaxia qui est spécialisée dans le recyclage urbain. Elle acquiert et transforme des immeubles de bureaux devenus obsolètes et les rénove en logements. Ça permet d’utiliser moins de matériaux et d’annuler toute nouvelle artificialisation de sols. » Avec un rendement de 6,3 % en 2022.

Du concret avec le financement participatif

Très important aussi, le financement participatif. L’épargne est investie dans des sociétés qui ont des projets très concrets : développer des énergies renouvelables, récupérer des déchets pour en faire des engrais… On peut retrouve ces entreprises par exemple via la plateforme Lita.co.

Ces entreprises ont besoin d’un investissement bancaire mais doivent aussi disposer de fonds propres ou d’un financement participatif. « Il est possible de s’engager dans des projets à côté de chez soi. L’argent sert réellement une cause avec des rendements pouvant aller jusqu’à 9 %. »

Des possibilités de défiscaliser

Il est aussi possible de réduire le montant de ses impôts en finançant la transition écologique. Par exemple à travers un Groupement forestier d’investissement (GFI), société dont l’objet social est l’acquisition et la gestion d’un patrimoine forestier.

« Comme avec les SCPI dans l’immobilier, l’épargnant détient une quote-part de forêt. Il perçoit un rendement autour de 2,5 %, lié à l’exploitation de la forêt et à la revalorisation de sa valeur. D’autre part, il bénéficie d’une réduction d’impôt de 25 % du montant investi (à partir de 1 000 €) et d’autres avantages fiscaux. » Le financement participatif permet aussi, pour certains projets portés par des PME et remplissant les conditions, de bénéficier de la réduction d’impôt.

Les meilleurs placements verts et solidaires, 290 pages, 19,90 €. Disponible en librairies, Cultura, Fnac et via librinova.com. Contact : bodindesbois53@gmail.com

ouest-france.fr

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