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Une France à + 4 °C, ça ressemblera à quoi ?
31/05/2023
Des ouvriers sur un chantier à Nantes (Loire-Atlantique), en juin 2022. Photo d’illustration. | MARC ROGER / ARCHIVES OUEST-FRANCE
Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, présentera ce mardi 23 mai 2023 la stratégie française d’adaptation au changement climatique, qui prévoit un scénario avec une France qui se sera réchauffée de 4 °C par rapport au niveau préindustriel. Voici ce que ce niveau de réchauffement implique.
« Qui connaît son ennemi comme il se connaît, en cent combats ne sera point défait. » Invitant à connaître l’adversaire que l’on combat, la maxime du philosophe chinois Sun Tzu, formulée en d’autres temps pour de toutes autres batailles, correspond néanmoins à celle que l’Humanité doit actuellement mener contre le réchauffement climatique : il vaut, bien sûr, pour celui qui doit aboutir à son atténuation, mais il vaut aussi pour celui qui doit permettre aux populations de s’y adapter.
Ainsi, alors que Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, lance ce mardi 23 mai 2023 une consultation sur la stratégie française d’adaptation au changement climatique, qui prévoit d’explorer le scénario d’une France réchauffée de 4 °C par rapport à la fin du XIXe siècle, évoquons un peu les conséquences qu’aurait ce réchauffement de 4 °C en France.
Aucun territoire épargné, mais le Sud-Est plus fortement touché
Faut-il le rappeler ? À 4, 3 ou même 2 °C de réchauffement, il n’y aura pas de région refuge face au changement climatique et à ses conséquences. Toute la France sera bien concernée et verra ses conditions de vie fortement altérées, pour ne pas dire dégradées.
En revanche, les conséquences du réchauffement climatique seront plus vives dans certaines régions. « On relève un réchauffement plus marqué sur les zones de montagne, et un gradient sud-est/nord-ouest, avec un réchauffement légèrement moindre de la Bretagne aux Hauts-de-France », indique ainsi Météo France, dans ses dernières prévisions en date.
Vers une multiplication
des phénomènes extrêmes
Principaux impacts climatiques attendus à horizon 2050,
selon le pire scénario du Giec
Augmentation de la température,
en degré Celsius
Feux
de forêt
Baisse de
l’enneigement
Crues
Îlots de
chaleur
Cyclones
Inondations
1,5
2
2,5
3
1
Submersions
La Réunion
Guyane
Martinique
Dunkerque
Lille
Le Havre
Guadeloupe
Reims
Metz
Paris
Nancy
Rennes
Strasbourg
Brest
Orléans
Mulhouse
Nantes
Dijon
Angers
Tours
Besançon
Lyon
Clermont-
Ferrand
Limoges
Grenoble
Bordeaux
Nice
Nîmes
Toulouse
Toulon
Marseille
Montpellier
Bastia
Ajaccio
Source : ministère de la Transition écologique.
France impact climat
Un réchauffement plus fort en été
La hausse des températures ne sera pas non plus homogène sur la totalité de l’année puisque l’été devrait davantage se réchauffer que l’hiver.
À titre d’exemple, dans une évaluation récente, une équipe de Météo France a indiqué qu’un réchauffement de 3,8 °C en 2100 par rapport au début du XXe siècle (très proche, donc, d’un +4 °C par rapport à la période préindustrielle) se matérialiserait par une hausse de la température moyenne en été de 5,1 °C et par une hausse de la température hivernale de 3,2 °C en moyenne.
Des vagues de chaleurs plus fréquentes
Cette hausse des températures se traduira notamment par des vagues de chaleur plus fréquentes. Dans le pourtour méditerranéen, le couloir rhodanien ou la vallée de la Garonne, ces vagues de chaleur « pourront s’étaler sur des périodes supérieures à un ou deux mois en été », indique par exemple Le JDD. « Le nombre de jours de vague de chaleur sera multiplié par au moins cinq », abonde Le Monde.
Ces vagues de chaleur seront également plus intenses. Et elles pourront intervenir durant une période plus longue.
L’actuelle vague de chaleur la plus précoce de l’histoire de France, survenue en juin 2022, pourrait donc, à l’avenir, n’être qu’une vague de chaleur de milieu de saison.
De plus en plus de nuits tropicales
Par ailleurs, cette chaleur accrue passera également par un nombre de nuits tropicales plus important.
Comme le rapporte Le Monde, le nombre de ces nuits au cours desquelles le mercure ne descend pas en dessous des 20 °C pourra atteindre 50 nuits par an dans le nord du pays, et 90 sur le pourtour méditerranéen, soit deux fois plus qu’actuellement.
Cinq fois plus de sécheresse
Le réchauffement climatique va également accroître le risque de sécheresse, à cause d’une évaporation plus importante, du fait de la hausse de la température, et de pluies qui devraient être moins bien réparties au cours de l’année.
Dimanche, dans Le JDD, Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, a ainsi rappelé qu’à « +2 °C le risque de sécheresse est multiplié par deux par rapport à 1990 et qu’à + 4 °C, le risque est multiplié par cinq ».
Un enneigement moins massif
Les régions de montagnes seront particulièrement touchées par ces 4 °C de réchauffement, notamment du fait d’une perte importante d’enneigement.
« Aujourd’hui, on constate 9 % de perte d’enneigement ; à +4 degrés, c’est 25 % de perte d’enneigement et la disparition des glaciers français », explique Christophe Béchu au JDD.
C’est d’ailleurs cette perte de manteau neigeux qui explique que ce seront les régions montagneuses qui se réchaufferont le plus en France, la neige contribuant d’ordinaire à réfléchir les rayons du soleil et à refroidir la région où elle est tombée.
Une eau moins disponible
Les manteaux neigeux étant moins épais, leur fonte printanière charriera dans les vallées moins d’eau que d’ordinaire. De nombreux cours d’eau devraient ainsi être asséchés.
Cet assèchement de certaines rivières symbolisera la moindre disponibilité de l’eau dans le futur. À titre d’exemple, les experts du climat estiment que celle-ci diminuera de 10 à 40 % dans les prochaines décennies. Au final, dans une France à +4 °C, « les pénuries d’eau sont fréquentes », résume Le JDD.
Des côtes mises à rude épreuve
Le réchauffement climatique faisant mécaniquement s’élever le niveau des mers (du fait de la fonte des glaciers terrestres et de la dilatation des océans liée à leur chaleur), les côtes françaises seront fortement sollicitées.
De fait, des milliers de kilomètres d’infrastructures et des dizaines de milliers de maisons pourraient, dans une France à +4 °C, être menacées par les eaux.
Un risque d’incendie plus important
Si la fréquence future des incendies est difficile à prévoir, tant le facteur humain est important (9 feux sur 10 sont d’origine humaine), une chose est sûre : les conditions propices à leur développement seront bien plus fréquentes.
Un rapport parlementaire publié en mars dernier rappelait ainsi que qu’en 2050 « près de 50 % des landes et forêts hexagonales pourraient être concernées par des incendies de forêts, traditionnellement cantonnés dans les départements méridionaux ».
Or, à cette date, le seuil des 4 °C sera encore loin d’être atteint, ou même envisagé. La part des territoires exposés dépassera donc largement ces 50 % s’il est atteint.