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Capter le CO2 directement dans l’air

26/01/2021

Capter le CO2 directement dans l’air

Climeworks a développé des collecteurs de CO2 modulaires. Une fois aspiré, le CO2 est revendu ou enfoui à 700 mètres sous terre.

Apparues il y a déjà dix ans, les technologies de captation du CO2 dans l’air ambiant se multiplient et gagnent en popularité. Si elles passent désormais au stade industriel, elles n'ont pas encore démontré leur intérêt pour le climat.

D'immenses aspirateurs pour capter le dioxyde de carbone (CO2) dans l’air. L’idée, qui a pu un temps faire sourire, est désormais prise au sérieux. Dernière preuve en date : une sortie virale du fondateur de Tesla et de SpaceX, Elon Musk, annonçant le 21 janvier dernier sur Twitter un prix de 100 millions de dollars pour la meilleure technologie de captage du carbone.

Dans l'attente de détails, l'annonce reste assez vague. Mais il est clair qu'elle devrait intéresser les acteurs positionnés sur la capture directe du CO2 (DAC), que Climeworks a été l’un des premiers à tester.

Fondée en 2009, cette start-up issue de l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH) a développé des collecteurs de CO2 empilables et modulaires. « Ils aspirent l’air grâce à un ventilateur, détaille Daniel Egger, le directeur du marketing et des ventes. Ensuite, nous utilisons un matériau filtrant recouvert d’amines, qui pousse le CO2 à sa surface. Dès que le filtre est saturé, nous fermons le collecteur et augmentons la température, entre 80 et 100 °C, afin d’obtenir du CO2 ultra-concentré. »

Transformer le CO2 en pierre

Son utilisation ? Tout dépend du client. Climeworks le revend à des propriétaires de serres, pour doper la croissance des plantations, et à des producteurs de boissons gazeuses, tels que Coca-Cola. À Hellisheidi, en Islande, l’entreprise a installé ses collecteurs sur le site de l’une des plus grandes centrales géothermiques au monde, pour les alimenter en énergie renouvelable. En collaboration avec le pionnier du stockage de CO2 Carbfix, elle a créé une solution de séquestration géologique permanente : le CO2 capté est réinjecté à 700 mètres sous terre, où il réagit avec le substrat rocheux basaltique et se minéralise.

Le captage et stockage de CO2, l'autre puits de carbone 

Capable de capturer 50 tonnes de CO2 par an dans son usine pilote lancée en 2017, Climeworks a depuis décuplé ses performances. En octobre, le suisse a entrepris la construction d’une installation en Islande, baptisée Orca, qui devrait à elle seule en capter 4 000 tonnes chaque année. À ajouter aux capacités de ses 14 autres collecteurs déjà en activité en Europe.

Un coût énergétique faramineux

Récupérer le CO2 de l’atmosphère grâce à des ventilateurs et absorbants aminés est également la stratégie suivie par la start-up américaine Global Thermostat. La société canadienne Carbon Engineering s’appuie, elle, sur d’autres processus chimiques (dont une solution d’hydroxyde de potassium) pour le capter, le purifier et le comprimer. Si elles fonctionnent bien, les technologies dites DAC pèchent cependant par leur coût énergétique faramineux, la concentration du CO2 dans l’atmosphère n’étant que de 0,04 %. La tonne capturée via la solution de Climeworks, par exemple, représente 600 à 800 dollars. « Notre objectif est de passer sous les 200 dollars par tonne capturée d’ici à 2030 et d’atteindre à long terme un coût inférieur à 100 dollars », précise Daniel Egger.

Dans une étude publiée en août 2020 dans « Nature Climate Change », des chercheurs estimaient que pour extraire 3 milliards de tonnes de CO2 par an (soit 7 % des émissions annuelles), les DAC vont nécessiter, rien qu’en chaleur, l’équivalent de 115 % de la consommation mondiale actuelle de gaz naturel. La pertinence écologique de ces technologies n’est donc pas démontrée. Surtout qu’elles ne constituent qu’un outil. Le pétrolier américain Oxy s’est ainsi associé à Carbon Engineering pour capter 500 000 tonnes de CO2 par an dans l’objectif… de les réinjecter dans des réservoirs pour doper la récupération de pétrole.

www.usinenouvelle.com




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