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Climat : nous ne sommes pas assez préparés au pire, préviennent des scientifiques

11/08/2022

Climat : nous ne sommes pas assez préparés au pire, préviennent des scientifiques

Les tempêtes dans l'hémisphère Sud ont déjà atteint des niveaux d'intensité prévus pour se produire en 2080.    @CC0 / Pixabay

Alors que nous venons de passer le pic d’une troisième canicule cette année dans l’Hexagone, des scientifiques alertent dans une nouvelle étude sur la mauvaise prise en compte des pires scénarios climatiques. Si le Giec a évalué les impacts d’un monde à +1,5°C et +2°C, il ne l’a pas fait pour un monde à +3°C de réchauffement. Les experts appellent à ce que les changements climatiques extrêmes ou catastrophiques soient évalués dans le prochain cycle de travail de l’ONU.

Envisager le pire pour mieux s’y préparer. Alors que cet été est particulièrement virulent sur le plan des canicules, de la sécheresse et des incendies, des chercheurs alertent sur la sous-exploration de l'éventualité d'un enchaînement de catastrophes à cause du réchauffement climatique. Dans un article publié dans la revue PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences) le 2 août, ils estiment que trop peu de travaux ont été consacrés aux mécanismes susceptibles d'entraîner des risques "catastrophiques" et "irréversibles" pour l'humanité : par exemple, si les hausses de température sont pires que prévues ou si elles provoquent des cascades d'événements non-encore envisagés, voire les deux.

"Le changement climatique anthropique pourrait-il entraîner un effondrement de la société mondiale ou même une éventuelle extinction humaine ? À l'heure actuelle, il s'agit d'un sujet dangereusement sous-exploré. Pourtant, il existe de nombreuses raisons de soupçonner que le changement climatique pourrait entraîner une catastrophe mondiale", écrivent-ils. "C'est sur les scénarios qui comptent le plus que nous en savons le moins", note Luke Kemp, du Centre d'étude du risque existentiel de Cambridge.

Combattre les "quatre cavaliers" de "l'apocalypse climatique"

À cela il faut ajouter les autres facteurs qui vont venir aggraver la crise climatique. "Les voies de la catastrophe ne se limitent pas aux impacts directs des températures élevées, tels que les événements météorologiques extrêmes. Les effets d'entraînement tels que les crises financières, les conflits et les nouvelles épidémies pourraient déclencher d'autres calamités, et entraver le rétablissement après des catastrophes potentielles telles que la guerre nucléaire", ajoute Luke Kemp.

Dès lors, l'équipe propose un programme de recherche pour aider les gouvernements à combattre les "quatre cavaliers de l'apocalypse climatique" que sont la famine et la malnutrition, les phénomènes météorologiques extrêmes, les conflits et les maladies à transmission vectorielle. "Récemment, nous avons vu émerger des aléas composés entre le changement climatique et la pandémie de Covid-19. Celle-ci a souligné la nécessité de prendre en compte et de se préparer à des risques mondiaux peu fréquents et à fort impact, ainsi qu'aux dangers systémiques qu'ils peuvent déclencher", écrivent les chercheurs.

"Une folie fatale" 

Les auteurs soulignent en outre que les rapports scientifiques successifs du Giec, les experts climat de l'ONU, se sont principalement concentrés sur les effets prévus d'un réchauffement de 1,5 à 2°C. Or, les actions actuelles des gouvernements placent plutôt la Terre sur la trajectoire d'un réchauffement de 2,7°C d'ici la fin du siècle. L'étude suggère qu'une certaine tendance scientifique à "privilégier le moins pire scénario" a conduit à ne pas prêter suffisamment attention aux impacts potentiels d'un réchauffement de 3°C. Une tendance "aggravée" par les processus de consensus du Giec. "Les évaluations de risques complexes sont également plus difficiles à réaliser", expliquent les auteurs.

Le Giec a publié quatorze rapports spéciaux, aucun ne couvrait les changements climatiques extrêmes ou catastrophiques. Un rapport spécial sur les "points de basculement" a été proposé pour le septième cycle d'évaluation. "Nous suggérons qu'il pourrait être élargi pour prendre en compte tous les aspects clés du changement climatique catastrophique. (…) Comprendre les risques extrêmes est important pour une prise de décision solide. (…) Faire face à un avenir d'accélération du changement climatique tout en étant aveugle aux pires scénarios est au mieux une gestion des risques naïve et au pire une folie fatale", alertent les scientifiques.

Une autre étude menée par l'Institut Weizmann, publiée dans la revue scientifique Nature Climate Change, a révélé fin mai que les tempêtes dans l'hémisphère Sud avaient déjà atteint des niveaux d'intensité prévus pour se produire en 2080. "Les modèles climatiques actuels sous-estiment gravement l’intensification des trajectoires des tempêtes aux latitudes moyennes au cours des dernières décennies", ont conclu les auteurs.  

novethic

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