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Comment Saint-Gobain a perfectionné ses formations HSE grâce à la réalité virtuelle

16/01/2021

Comment Saint-Gobain a perfectionné ses formations HSE grâce à la réalité virtuelle

Comment Saint-Gobain a perfectionné ses formations HSE grâce à la réalité virtuelle

Saint-Gobain a fait appel à la start-up française Immersive Factory, spécialiste des solutions de formation en réalité virtuelle sur les thématiques hygiène et sécurité en entreprise, pour deux cas d’usage. Les partenaires reviennent sur les nombreux atouts de ce dispositif, qui permet une meilleure mémorisation des risques.

Tous les deux ans, Saint-Gobain organise une journée internationale au cours de laquelle l’Hygiène, la Sécurité et l’Environnement (HSE) sont mis à l’honneur dans tous les sites du groupe à travers le monde. En 2018, à l'occasion de la première édition d'INNsafety, événement qui réunit start-up innovantes et groupes mondiaux pionniers en matière, elle rencontre les équipes de la jeune pousse française Immersive Factory. Séduit par sa technologie, elle la charge d'imaginer des exercices de mise en situation HSE développés en réalité virtuelle.

UNE "TRAQUE AUX RISQUES" EN VR

Un cas d’usage bien précis est au centre de l’attention des deux partenaires. Dans ce qu’est appelé ici "un magasin", c’est-à-dire un entrepôt dédié au stockage du verre, sont entreposées des feuilles de 21 m², groupées par pile de 25 cm d’épaisseur. "Une pile peut peser jusqu’à 13 tonnes, avec un positionnement quasi vertical et une inclinaison précise pour éviter les chutes", détaille Pascal Fauchille, en charge du support technique Hygiène et Sécurité pour le verre plat chez Saint-Gobain Glass.

Pour les collaborateurs, les risques sont multiples si les piles ne sont pas bien positionnées ou non sont pas déplacées correctement, avec l’utilisation pour ce faire d’engins spécifiques et selon des règles de sécurité très précises. "La manutention du verre et l’environnement de travail peuvent présenter des risques à tout instant lorsque les mesures de sécurité ne sont pas respectées, et cela peut occasionner des chutes de verre ou des accidents par coupure par exemple", poursuit-il.

Saint-Gobain demande à Immersive Factory de développer une application pour reproduire le site de stockage de vitrage en réalité virtuelle. Elle vise plus précisément à sensibiliser les équipes à la détection visuelle de comportements ou de situations à risques spécifiques à cet environnement. Le collaborateur, muni d’un casque VR, commence une "traque aux risques" dans l’environnement reproduit, ce qu'Immersive Factory nomme "hazard spotting".

AMÉLIORER LA MÉMORISATION

Le principe est d'immerger le collaborateur dans une situation à risques, c’est-à-dire de l’amener à se déplacer et à analyser les situations à risques (possibilité d'accident, comportements à risques), qui se présentent de manière aléatoire avec un temps défini. Le collaborateur doit prendre en photo les situations dangereuses pendant la session, qui dure entre 1 et 4 minutes. "A la fin, son responsable lui fournit des explications sur ce qui n’a pas été vu", poursuit Pascal Fauchille. Des statistiques en temps réel sont disponibles pour permettre au collaborateur en cours de session de mesurer les situations à risques qui ne sont pas encore identifiées ainsi que le temps restant pour le faire.

 "La majorité des individus ne comprennent et n'assimilent un danger qu'après l’avoir vécu, ajoute Olivier Pierre, cofondateur et dirigeant d’Immersive Factory. Une personne retient 20% de ce qu’elle entend et 90% de ce qu’elle fait". La start-up, qui a été créée en 2016, a mis au point un exercice qui illustre bien ce principe. Il concerne une tâche de travail effectuée en hauteur, qui nécessite pour le collaborateur de monter sur une nacelle afin de changer une ampoule. "L’oubli du harnais entraîne une impression de chute, poursuit Olivier Pierre. Cette impression est tellement réaliste qu’elle marque l’apprenant qui fera beaucoup plus attention après".

 UNE FACILITÉ DANS LA MISE EN OEUVRE

Pour Pascal Fauchille, les bénéfices de ce type de formation sont nombreux, tant pour les nouveaux collaborateurs que pour les plus anciens. "Cela rend la personne acteur de l’identification des risques et aide à la mémorisation, explique-t-il. Cette solution permet aussi sensibiliser les employés en permanence par des petites sessions de recyclage faciles et rapides à organiser et donc de maintenir un très bon niveau".

"Cela permet de dépoussiérer les formations HSE qui sont perçues comme rébarbatives et d'aider les collaborateurs qui ont du mal à se concentrer", complète Pierre Olivier. Par ailleurs, dans le cas d’un groupe international, une telle application permet aussi de s’adresser aux collaborateurs dans plusieurs langues et de proposer une formation homogène à l’ensemble du personnel.

Car l’intérêt de ce type d’application, c'est aussi la facilité de mise en œuvre. "La session est courte et rapide, c’est beaucoup plus simple à organiser par rapport à une formation traditionnelle avec une salle à réserver, à aménager et le matériel, comme un projecteur, à mettre en place", précise Pascal Fauchille. En cas de creux d’activité par exemple, l’application est démarrée en quelques minutes, ce qui est "absolument impossible avec un formateur extérieur", ajoute-t-il.

UNE APPLICATION COFINANCÉE PAR L'ENTREPRISE UTILISATRICE

Côté matériel, un casque Vive Focus Plus d’HTC et deux contrôleurs sont utilisés. Un connecteur Miracast, qui permet de connecter le casque à un écran, est également nécessaire. Un équipement "ludique et peu coûteux" pour le responsable HSE, qui note que pour rentabiliser le développement initial de l’application, il faut un déploiement sur la majorité des sites concernés.

Car Saint-Gobain a cofinancé cette application, ainsi qu’une autre dédiée application aux risques dans les ateliers de fabrication de vitrage isolant. Chez Immersive Factory, chaque application est en effet créée à partir d’un d’usage spécifique. L'application va ensuite être ajoutée au catalogue de la start-up. Le client finance son application, ce qui lui donne un accès à l’ensemble de la bibliothèque d’applications et des modules. "Ce scénario écrit à 4 mains permet de vérifier la mise en situation cohérente en réalité virtuelle, si cela est techniquement faisable, et dans le budget alloué", détaille le dirigeant de la start-up.

Dans ce cas précis, les équipes se sont déplacées dans les ateliers qui devaient être reproduits. Les prises de vue faites sur place et les interviews réalisés avec les salariés et les responsables sécurité permettent ensuite aux développeurs de récréer des environnements et des situations très réaliste pour obtenir des niveaux de détail suffisantes. Une fois ces informations collectées, démarre alors une assez longue pré-production puis une production pure de 6 mois avec l’écriture de l’intégralité du code et décors. Vient enfin une première phase de test auprès des collaborateurs.

Pour Saint-Gobain, 24 sites qui fabriquent du verre et une centaine dédiée à la fabrication du double vitrage sont potentiellement concernés par le déploiement de ce dispositif. "Nous n’en sommes qu’au début, conclut Pascal Fauchille, qui note par ailleurs "d’éventuelles réticences au départ de la part des plus anciens, vite gommées par l’enthousiasme toutes générations confondues."

Immersive Factory, basée à Paris et dont la R&D est basée à Albi, emploie un peu moins de 40 personnes. Elle a séduit une centaine de grands comptes dont Veolia, Spie, Suez, Kiloutou ou encore Total. Elle compte à date une soixantaine d’applications au catalogue et travaille aujourd’hui sur une nouvelle version de la plateforme pour organiser les formations à distance, contexte sanitaire oblige.

AUDE CHARDENON / /www.usine-digitale.fr

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