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Cop28. La bataille s’annonce ardue pour obtenir la sortie des énergies fossiles dans l’accord final

10/12/2023

Cop28. La bataille s’annonce ardue pour obtenir la sortie des énergies fossiles dans l’accord final

Un texte est sorti de la première semaine des négociations internationales sur le changement climatique, à Dubaï, ce mercredi 6 décembre. Il n’est pas définitif. L’accord mondial sur l’élimination progressive des combustibles fossiles et le développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, sera âprement discuté jusqu’au 12 décembre.

Les délégués des 190 pays participant à la Cop28 depuis le 30 novembre à Dubaï ont présenté un premier projet de texte, ce mercredi 6 décembre, en vue d’obtenir un accord final. La bataille des mots et des intentions s’annonce ardue jusqu’au 12 décembre, dernier jour officiel de ce commet de l’ONU sur les changements climatiques.

L’élimination des combustibles fossiles y figure. C’est déjà cela. Incroyable, mais vrai, cette inclusion dans les textes onusiens ne date que de la Cop26 de Glasgow, en 2021, et se limitait surtout au charbon. Une étude publiée, la veille le 5 décembre, montrait que les émissions mondiales de dioxyde de carbone dues à la combustion du charbon, du pétrole et du gaz, devraient atteindre un niveau record en 2023. La communauté scientifique se montre de plus en plus inquiète et critique sur les efforts pour réduire ces émissions qui réchauffent la Planète : ils ne suffisent pas à enrayer les dégâts qui s’accumulent déjà.

Trois options pour les combustibles fossiles

À quelle vitesse se passer des fossiles ? C’est la difficile rédaction. Le projet de texte comprend pour l’instant trois options au sujet des combustibles fossiles. La première est une élimination progressive ordonnée et juste. Dans le jargon onusien, le mot juste suggère que les pays riches ayant dopé leur économie grâce aux énergies fossiles se retireraient plus rapidement. C’est une demande des pays en voie de développement, la plupart des nations occidentales ayant les moyens de financer leur transition énergétique.

Le deuxième appelle à accélérer les efforts pour éliminer progressivement les combustibles fossiles. Et une troisième serait d’éviter du tout de mentionner une élimination progressive. À Glasgow, la Chine et surtout l’Inde s’étaient battues jusqu’à la dernière minute pour que l’accord final contienne une réduction progressive plutôt qu’une élimination. Ces deux nations sont toujours appuyées par les grands pays producteurs de pétrole, que sont l’Arabie saoudite et la Russie.

Les pays du Nord aiment toujours le pétrole et le gaz

Au cours de cette dernière semaine de négociations, les États-Unis, les 27 pays de l’Union européenne et les petits États insulaires vulnérables au climat devraient faire pression en faveur d’une élimination progressive. Selon les experts climat du Giec ou de l’Agence internationale de l’énergie, elle sera nécessaire au cours de cette décennie. Les pays en voie de développement, en revanche, militeront pour que le charbon ne soit pas différencié des autres énergies fossiles que sont le gaz et le pétrole. L’hémisphère nord ayant tendance à continuer les forages pétrole (la Norvège) ou l’extraction du gaz (les États-Unis) tout en disant au Sud (Chine ou Indonésie) de se passer du charbon.

Nous ne parlons pas de fermer le robinet du jour au lendemain, a déclaré l’envoyée allemande pour le climat, Jennifer Morgan. Ce que se passe ici est une véritable bataille pour savoir quel système énergétique du futur nous allons construire ensemble. » Bon, il ne faudra pas trop traîner si l’on veut garder une planète vivable.

La capture du carbone figure dans le projet

Les responsables d’ONG, comme la Canadienne Catherine Abreu, du Réseau Action Climat international, ont aussi noté quelques nouveautés. Comme la mention de tripler la capacité renouvelable et de doubler les améliorations de l’efficacité énergétique par rapport aux niveaux de 2022 d’ici 2030. Cela reflète un engagement lancé plus tôt cette semaine, désormais signé par 123 pays. C’est une bonne chose, à condition que cette intensification des énergies renouvelables figure dans le même paragraphe que l’élimination des fossiles : elles doivent les remplacer, pas se développer en parallèle, indique la Canadienne, dans son analyse du projet de texte.

Les ONG s’inquiètent aussi de l’ajout d’un paragraphe sur l’intensification des technologies de réduction et d’élimination du carbone comme le CCUS. Plusieurs rapports scientifiques montrent que la capture du carbone ne joue un rôle très limité pour réduire les émissions, bien qu’elle coûte extrêmement cher.

Pas d’ambition sur les subventions aux fossiles

Autre motif qui sera sans doute discuté : les finances. Pour l’instant, le projet de texte se révèle peu ambitieux. Il ne propose d’éliminer qu’à moyen terme les subventions aux énergies fossiles. Ce terme date de 2009. C’est maintenant qu’il faut arrêter. Montrez-moi une subvention efficace aux combustibles fossiles et je vous montrerai un carré à cinq angles!, a réagi Catherine Abreu sur l’ex-Twitter.

Faut-il censurer les climatosceptiques ?

À Dubaï, certains observateurs sont optimistes, malgré ce premier jet d’accord, plein de trous à compléter et d’options à choisir. Je ne pense pas que nous allons quitter Dubaï sans un langage clair et une orientation claire pour abandonner les combustibles fossiles, estime l’Américain David Waskow, directeur de l’initiative internationale sur le climat du World Resources Institute.

ouest-france

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