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Les énormes volumes issus du bâtiment vont engorger le système

06/05/2022

Les énormes volumes issus du bâtiment vont engorger le système

SFEC

La filière du bâtiment, qui affectera le plus les déchetteries, est encore dans le flou, alors qu’elle conditionne la réorganisation à opérer.

Selon la loi « Agec », la filière « REP » sur les produits et matériaux de construction du secteur du bâtiment (PMCB) devait, comme d’autres, être effective pour le 1er janvier. Néanmoins, les enjeux stratégiques, financiers, techniques… sont tels que le cahier des charges de l’agrément, qui posera les bases de son fonctionnement, n’est même pas prêt. Un retard d’un an est acté et le démarrage de la phase opérationnelle pourrait n’avoir lieu que dans dix-huit mois ou plus. Les collectivités n’ont pas de visibilité sur les adaptations à faire en déchetteries concernant ces déchets qui « pèsent lourd ». A part qu’il est question de les séparer en sept flux. Ce qui signifie multiplier les bennes, mais dans quelle mesure ?

CHIFFRES-CLÉS

Les déchets relevant de la filière « PMCB » accueillis en déchetterie représenteraient entre 5 et 8 millions de tonnes (Mt) apportées par des ménages, auxquelles s’ajouteraient 3 à 4 Mt déposées par les artisans (Etude Ademe de préfiguration de la filière « PMCB » de mars 2021). Leur passage sous « REP » permettra aux collectivités d’obtenir des financements pour ces déchets, mais générera de nouvelles contraintes et, donc, des dépenses.

Cinq bennes de plus

L’un des gros enjeux des nouvelles REP, en général, et de celle-ci en particulier, est de savoir si la « collecte conjointe » sera admise. C’est-à-dire, regrouper dans une même benne, par matière, des déchets relevant de filières différentes opérées par un même éco-organisme. Par exemple, le bois des meubles et le bois du bâtiment. A défaut, pour la filière « PMCB » à elle seule, il y aura, a minima, cinq bennes de plus à installer en déchetterie dans la zone appelée le « bas de quai ». Ce qui, en pratique, ne rentrerait nulle part, sauf dans une poignée de mégadéchetteries.

On l’a compris : les futures modalités d’organisation de la filière « PMCB » sont celles qui impacteront le plus les déchetteries. Elles conditionnent, en outre, ce que les collectivités peuvent accepter ou non de séparer comme autres flux. L’emprise foncière et les capa­cités adaptatives des déchetteries étant déjà poussées à leurs limites, il n’existe plus de marge : des choix seront à faire. « On ne pourra pas séparer toutes les filières sur toutes les déchetteries, il n’y a simplement pas la place », tranche ­Bertrand ­Bohain, délégué général du CNR.

Pour rappel, les déchetteries n’ont pas l’obligation d’accueillir les déchets des artisans, seulement ceux des ménages. Mais rares sont les collectivités qui les refusent. En effet, compte tenu de la carence en déchetteries professionnelles, les dépôts sauvages se multiplieraient. Quelques-unes l’ont fait, mais quasiment toujours en zone urbaine.

Une offre à cout raisonnable

Le Grand Chambéry a fermé, en 2017, ses déchetteries aux artisans, de façon concertée avec les chambres des métiers, alors que des opérateurs privés déployaient une offre dédiée à coût raisonnable. En zone rurale, c’est rarissime. On peut citer le cas du syndicat centre Hérault (76 communes, 85 000 hab.) qui, faute d’initiative privée, avait créé lui-même deux déchetteries professionnelles (dont l’exploitation sera reprise, cette année, par un opérateur privé) et réservé ses autres sites aux ménages.

Des mégadéchetteries aux investissements conséquents

En deux ans, Rennes métropole a ouvert deux mégadéchetteries : Fin du style imbriqué icicelle de La Harpe en 2020 (10 000 mètres carrés, 14 quais) et celle de Saint-Erblon en 2021 (11 000 mètres carrés, 12 quais). Des investissements conséquents, soit 2 et 2,1 millions d’euros, mais qui auraient été bien plus coûteux sans opportunités foncières. Ces méga­déchetteries rencontrent la pleine satisfaction des usagers, leur offrant d’excellentes conditions d’accueil et de tri de l’ensemble des déchets, y compris lorsqu’il s’agira de séparer ceux de la future filière PMCB, des locaux de réemploi, l’aide d’agents-valoristes…

Sur les 18 déchetteries, 7 doivent encore être mises en conformité, agrandies, voire déplacées. « Mais des opérations de 10 000 mètres carrés ne sont plus envisageables. Il faudra travailler différemment sur le foncier, densifier, peut-être gagner en hauteur, et cumuler les fonctions en apportant des services », détaille ­Laurent Hamon, vice-président chargé des déchets et de l’economie circulaire de la métropole.

www.lagazettedescommunes.com

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