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"Restaurer les écosystèmes est une nécessité"

09/06/2021

"Restaurer les écosystèmes est une nécessité"

Les Nations Unies ont baptisé les années 2021 à 2030 “Décennie pour la restauration des écosystèmes." Elle vise à régénérer les écosystèmes qui ont été dégradés ou détruits et à préserver ceux qui sont encore intacts. Un projet ambitieux… et une nécessité absolue.

Le projet de restauration des écosystèmes se justifie par l’urgence de rétablir l’état de nos océans, de nos terres et de nos communautés pour éviter de substantielles pertes économiques et la dégradation de nos ressources naturelles, améliorer la résilience climatique et favoriser la biodiversité.

Cette restauration peut se faire de plusieurs manières, par exemple en plantant de manière active ou en supprimant les pressions sur la nature pour lui permettre de se régénérer d’elle-même. Les avantages qu’impliquent des écosystèmes plus sains et une biodiversité plus riche sont évidents: des sols plus fertiles, des rendements en bois et en poisson supérieurs, et un stockage accru des gaz à effet de serre.

D’ici à 2030, la restauration de 350 millions d’hectares d’écosystèmes terrestres et aquatiques dégradés pourrait générer 9.000 milliards de dollars de services écosystémiques, selon les estimations des Nations Unies. Sans oublier l’élimination de 13 à 26 gigatonnes de gaz à effet de serre de l’atmosphère. L’avantage économique de telles opérations est neuf fois supérieur au coût de l’investissement, tandis que l’inaction est au moins trois fois plus coûteuse que la restauration des écosystèmes.

La restauration des écosystèmes

Toutes ces raisons soulignent l’intérêt de mettre en place une stratégie d’investissement axée sur la restauration des écosystèmes. “Nous voyons principalement trois moteurs économiques mondiaux qui justifient la nécessité croissante de restaurer les écosystèmes”, déclare Ulrik Fugmann, Co-Head Environmental Strategies Group chez BNP Paribas Asset Management. “Citons tout d’abord la croissance de la population mondiale, qui atteindra 9 milliards d’habitants en 2035, et la hausse des revenus, qui entraînera une augmentation générale de la demande. Ensuite, le fait qu’aujourd’hui, nous consommons notre capital naturel 1,75 fois plus vite que la Terre n’est capable de le régénérer – une situation qui n’est pas tenable. Enfin, plus de la moitié du PIB mondial dépend fortement ou modérément de la nature et de ses services.”

“Cette stratégie cadre parfaitement avec l’un des trois piliers de notre stratégie globale en tant que gestionnaire d’actifs”, souligne Edward Lees, lui aussi Co-Head Environmental Strategies Group. “En tant qu’investisseur, nous nous concentrons sur ce que nous appelons ‘les trois E’: Energy Transition (transition énergétique), Environmental Protection (protection de l’environnement) et Equality & Inclusive Growth (égalité et croissance inclusive).” 

La stratégie de restauration des écosystèmes a pour objectif d’investir dans des entreprises du monde entier qui apportent des solutions environnementales à un large éventail de problèmes écologiques. Cette approche vise des rendements supérieurs à ceux de l’indice de référence de la stratégie – MSCI ACWI (EUR) – à moyen et long termes.

Une comptabilité en évolution

Pour ce qui concerne la biodiversité et plus généralement les solutions fondées sur la nature, les investisseurs sont conscients du fait que ces dernières jouent un rôle majeur dans la réussite de la transition vers la neutralité carbone. Avec, à la clé, la publication de nombreux rapports contenant recommandations et bonnes pratiques. “Pour nous, les solutions fondées sur la nature englobent également l’économie bleue, au vu du potentiel des herbiers marins, des mangroves et des algues pour la séquestration du carbone”, ajoute Edward Lees.

“Le financement de la préservation doit passer du marché de niche à une pratique courante, et dans ce cadre, je pense que l’implication grandissante des investisseurs est réellement une bonne chose” 

ULRIK FUGMANN / CO-HEAD ENVIRONMENTAL STRATEGIES GROUP CHEZ BNP PARIBAS ASSET MANAGEMENT

“Nous sommes ravis de constater qu’un nombre croissant d’entreprises s’efforcent d’augmenter le nombre d’hectares de terres préservées ou de réduire la perte de biodiversité. Il convient toutefois de traduire l’objectif de protéger 30% des terres et des océans de la planète – pourcentage récemment fixé par plus de 50 pays – en un objectif et des lignes directrices pour les entreprises. Il est essentiel que la comptabilité évolue pour prendre en compte les externalités positives et négatives. La question est désormais de savoir dans quel délai nous serons capables de résoudre ce point afin de pouvoir nous fier aux données qui font l’objet d’un suivi et de rapports. Des données qui pourront ensuite être utilisées par les investisseurs pour prendre des décisions plus éclairées. Nous pensons que les sociétés cotées pouvant être considérées comme des pure players dans le domaine de la restauration verront leurs rangs s’étoffer dans les années à venir.”

Si, traditionnellement, ce sont les marchés privés qui ciblent ce genre thèmatique, Ulrik Fugmann est convaincu que les marchés publics y sont prêts eux aussi. “Nous observons de plus en plus de collaborations fructueuses public-privé pour mettre fin à la dégradation des écosystèmes et/ou restaurer des écosystèmes déjà dégradés. Cela suscitera selon nous l’intérêt grandissant des marchés publics et l’éventail d’acteurs s’élargira, démontrant ainsi l’importance de restaurer les écosystèmes afin de conserver et de générer des retombées sociales et économiques.”

Défi

Il reste souvent difficile de recueillir des données de haute qualité en matière environnementale, sociale et de gouvernance (ESG). Malgré les initiatives nombreuses et variées dans ce domaine, le besoin de données en provenance des entreprises et de leur chaîne de valeur se fait encore sentir. “Pour combler ce manque, nous pouvons recourir à des proxies mais aussi collaborer avec différents fournisseurs et partenaires”, pointe Edward Lees. “Grâce à l’un de nos fournisseurs, nous utilisons à présent un indicateur proxy pour l’intégrité de la biodiversité, qui nous aide à identifier les risques et à travailler de manière plus efficace avec les entreprises. Auparavant, nous devions collecter ces informations manuellement et ne pouvions donc collaborer qu’avec un nombre très restreint d’entreprises. Nous espérons continuer à constater des progrès à cet égard dans les années à venir.”

On peut s’attendre, dans un futur proche, à une montée en puissance de la sensibilisation au thème des solutions fondées sur la nature. “Par le passé, allier nature et capital était parfois considéré comme un oxymore, puisque la nature était vue comme un sanctuaire intouchable”, conclut Ulrik Fugmann. “Or, le financement de la préservation doit passer du marché de niche à une pratique courante, et dans ce cadre, je pense que l’implication grandissante des investisseurs est réellement une bonne chose.”

www.lecho.be

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