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Inondations, sécheresses, érosion... Conséquences d'un cycle de l'eau trop « perturbé » ?
01/10/2025
lissements de terrain, trottoirs effondrés, routes et maisons inondées... À certains endroits dans les Côtes-Armor, il est tombé l’équivalent d’un mois de pluie en 12 heures. Des intempéries du dimanche 21 au lundi 22 septembre qui ont même conduit au pire : le décès, dans sa voiture, d’une femme de 55 ans, dont le véhicule a été emporté par une coulée d’eau. Dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, également placés en vigilance orange par Météo-France, les orages ont entraîné des inondations, notamment à Marseille, et même l’annulation de plusieurs événements sportifs.
Réservoirs de notre planète
De plus en plus fréquents, ces épisodes de pluies intenses tranchent avec les sécheresses qu’ont connues la France et l’Europe cet été. Si dans une interview pour Ouest-France, l’experte en hydrologie, Emma Haziza parle d’un épisode méditerranéen « typique pour la saison » qui « n’a pas été créé » par le changement climatique. Ce dernier a toutefois accentué la quantité d'eau, précise la spécialiste. Mais alors pourquoi le cycle de l’eau mondial est-il aussi perturbé ?
Pour comprendre son dérèglement, il faut connaître son fonctionnement. Le cycle de l’eau correspond à l’ensemble des transferts d’eau, qu’elle soit liquide, solide ou gazeuse, entre les réservoirs de notre planète. Sur Terre, ce sont les océans qui stockent le plus d’eau, viennent ensuite les glaciers, les nappes souterraines, les lacs et les cours d’eau, les sols et l’atmosphère. Enfin, le « moteur » de ce cycle est l’énergie solaire qui, par l’évaporation, entraîne tous les autres échanges d’eau.
Multiplication des tempêtes et des fortes pluies
Mais ce cycle naturel est soumis, comme tous les autres, au changement climatique, qui accroît grandement sa variabilité ces dernières années. Dans son rapport annuel sur l’état des ressources en eau publié jeudi 18 septembre, l’Organisation météorologique mondiale (OMM), dépendant de l’Onu, indique clairement que le cycle hydrologique est « de plus en plus perturbé et extrême ».
L’OMM pointe surtout l’augmentation des températures. En 2024, année la plus chaude jamais mesurée, toutes les régions glaciaires du monde ont enregistré des pertes dues à la fonte des glaces. « Au total, 450 gigatonnes ont été perdues, soit l’équivalent d’un énorme bloc de glace de 7 km de haut, 7 km de large et 7 km de long », indique l’OMM. Cette quantité d’eau de fonte a ajouté environ 1,2 mm au niveau mondial de la mer en une seule année, accroissant le risque d’inondation pour des centaines de millions de personnes vivant dans les zones côtières et accélérant l’érosion des littoraux.
Selon un autre rapport rendu public en 2021 par la Banque mondiale, l’augmentation des températures accroît également la quantité d’humidité que peut contenir l’atmosphère; ce qui entraîne une multiplication des tempêtes et des fortes pluies, mais aussi, à l’inverse, des périodes de sécheresse plus intenses, car l’eau s’évapore davantage des terres.
Record de sécheresse en août 2025
En Europe, le mois d’août 2025 a été le plus sec depuis le début des observations de l’Observatoire européen de la sécheresse en 2012. Une situation extrême dont on a vu les répercussions en France : une vague de chaleur du 8 au 18 août, deux tiers du territoire considérés comme en manque d’eau, des pertes agricoles et, plus marquant encore, un incendie destructeur dans l’Aude.
Dans son dernier rapport, l’OMM affirme que 3,6 milliards de personnes ont un accès insuffisant à l’eau au moins un mois par an. Leur nombre devrait dépasser 5 milliards d’ici à 2050. Pour limiter cette perte d’eau douce, des solutions existent. Sulagna Mishra, chargée scientifique de l’OMM, encourage notamment la réutilisation de l’eau disponible, l’amélioration de la gestion des nappes souterraines ou encore le stockage de l’eau issue des glaciers, afin d’éviter qu’elle ne file dans les océans. Elle appelle également à optimiser l’utilisation de l’eau dans l’agriculture mondiale, un secteur qui consomme environ 75 à 90 % de l’eau prélevée.
En ce qui concerne les phénomènes météorologiques extrêmes liés à l’eau, comme les intempéries des derniers jours ou les sécheresses de cet été, leur amplification est inéluctable. L’augmentation moyenne des températures à l’horizon 2100 est estimée par le GIEC entre 0,3 et 1,7 °C pour les scénarios les plus ambitieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et entre 2,6 et 4,8 °C pour les scénarios les moins ambitieux.
Prévenir des risques
Selon l’institution onusienne, les systèmes d’alerte précoce en cas de risques liés à l’eau réduisent considérablement les catastrophes. D’après elle, un avertissement lancé 24 heures avant l’arrivée d’une tempête peut contribuer à réduire de 30 % les dommages qui s’ensuivent.
Selon une étude publiée lundi 15 septembre dernier par Sehrish Usman, de l’Université de Mannheim (Allemagne), en collaboration avec deux économistes de la Banque centrale européenne, les catastrophes climatiques de l’été 2025 ont causé 43 milliards d’euros de pertes en Europe. Un chiffre qui pourrait tripler d’ici à 2029 et avoir des impacts durables sur l’économie. Si ces données couvrent seulement les dommages matériels chiffrés par les réassureurs, sans inclure les conséquences humaines et économiques indirectes, elles permettent de mettre en lumière l’urgence, pour l’Europe, d’investir dans la prévention et l’adaptation climatiques.












