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La Newsletter d'Hugo Clément
01/11/2025
Nos enfants auront honte de nous en découvrant ça
Des poussins broyés vivants à peine sortis de l'œuf... Bienvenue dans l’enfer d’un couvoir où des milliers d’oisillons sont tués chaque jour au nom du rendement de l'agro-industrie.
Cette semaine, L214 révèle de nouvelles images insoutenables tournées dans un couvoir français où des milliers de poussins sont broyés vivants chaque jour. Notre journaliste Victor Bennini revient sur cette enquête choc.
© L214
L’enquête, publiée ce jeudi 23 octobre, a été menée dans le couvoir Boyé Accouvage, à La Boissière-en-Gâtine (Deux-Sèvres). Grâce aux images de caméras cachées installées sur la chaîne de broyage, L214 révèle chaque étape de ce processus d’une violence inouïe : les poussins sont triés selon leur sexe, placés sur un tapis roulant, puis précipités dans les lames d’un broyeur. Certains, paniqués, tentent de remonter à contresens. En vain.
Derrière ces images se cache une logique industrielle implacable. Dans les filières de chair, pour la restauration rapide, on privilégie par exemple les mâles, plus charnus. À l’inverse, pour les rayons de supermarché, on préfère les femelles, jugées plus adaptées aux morceaux vendus en barquette. Cette sélection ne pouvant se faire qu’après l’éclosion, les poussins “inutiles” sont éliminés dès la naissance.
Le broyage des poussins est pourtant interdit depuis janvier 2023 dans les filières de ponte, remplacé par des techniques d’ovosexage permettant d’identifier le sexe avant l’éclosion. Mais pour les filières de chair, cette pratique reste autorisée, et massive, pour satisfaire les commandes de l’agro-industrie.
© L214
70 000 poussins broyés en une journée
“Ça a été très déstabilisant, voire stupéfiant de voir le nombre de poussins qui partent au broyeur”, confie Sébastien Arsac, directeur des enquêtes et cofondateur de L214. Selon lui, jusqu’à 70 000 poussins peuvent être broyés vifs en une journée jour dans ce couvoir, “juste pour la commodité, pour optimiser les rendements et faciliter les lignes d’automatisation de l’industrie”.
Jusqu’ici, la pratique était surtout connue dans la filière des poules pondeuses, environ 50 millions d’animaux tués par an. Mais L214 a découvert qu’elle s’étend aussi à la filière de chair, bien plus vaste : près de 750 millions de poulets y sont élevés chaque année. “On a vraiment découvert quelque chose”, souligne Sébastien Arsac.
Il pointe aussi une incohérence politique : “On a passé sous silence un secteur de l’élevage qui concerne encore plus de poules que les pondeuses”, regrette-t-il, rappelant que le ministère de l’Agriculture s’était pourtant félicité de l’interdiction du broyage en 2023.
Des comportements cruels
Mais ce n’est pas tout, l’association dénonce la cruauté scandaleuse dont font preuve les employés du couvoir dans les vidéos obtenues. Sur les images, on peut voir que certains employés n’hésitent pas à pousser sans ménagement les masses de poussins agitées directement vers la gueule du broyeur. Pire encore, un employé s’amuse à les jeter de loin, un par un, dans le broyeur, à la manière d’un basketteur…
Un autre employé s’amuse, lui, à assommer chaque poussin, sans raison apparente, comme au jeu du “tape-taupe”, alors que ces poussins trouveront la mort quelques centimètres plus loin. Sébastien Arsac décrit une “dérive dans la moralité” des employés, qui découle des conditions de travail déshumanisantes qu’on leur impose.
© L214
Face à l’horreur de cette situation, l’association a déposé plainte contre le couvoir pour “sévices graves et mauvais traitements”. Elle réclame aussi à la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, l’interdiction totale du broyage de poussins, toutes filières confondues.
Enfin, L214 invite les citoyens à participer à la consultation publique lancée par la Commission européenne pour étendre cette interdiction à toute l’Union. Une occasion, peut-être, de mettre fin à l’un des secrets les plus sombres de l’agro-industrie. Vous pouvez y participer en cliquant ici.
1 - L’ONF veut préserver les forêts… en tuant les cerfs qui y vivent
Un rapport conjoint du ministère de l’Agriculture et du ministère de la Transition écologique préconise, pour la période 2026-2030, un “choc de régulation des ongulés sauvages” afin de préserver la ressource économique en bois. Concrètement, il s’agirait de supprimer une partie des cerfs, biches, chevreuils et sangliers dans plusieurs forêts domaniales, notamment en Île-de-France et dans l’Oise, accusés de nuire à la régénération des massifs en broutant les jeunes pousses.
Un cerf élaphe (ou cerf d'Europe) © Chemin de Saint Guilhem
Une recommandation qui provoque la colère générale. Les défenseurs de la nature dénoncent un “bouc émissaire” à la mauvaise gestion des forêts. “On fait du cerf un nuisible, ni plus ni moins”, s’indigne le photographe animalier Michaël Noirot dans Le Parisien.
Même les chasseurs jugent la mesure “aberrante”. “Ces recommandations sont un exemple absolu de ce qu’il ne faut pas faire”, déclare Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs. Pour l’heure, le rapport reste consultatif, mais les discussions à venir avec l’ONF s’annoncent explosives.
2 - Les forêts tropicales d’Australie émettent plus de carbone qu’elles n’en absorbent
C’est une première mondiale. Selon une étude publiée dans la prestigieuse revue Nature, les forêts tropicales d’Australie émettent désormais plus de CO2 qu’elles n’en absorbent. Les chercheurs établissent un lien direct avec le dérèglement climatique : les sécheresses à répétition, les cyclones et les températures extrêmes fragilisent les arbres, freinent leur croissance et augmentent leur mortalité.
Une forêt tropicale dans l'état du Queensland, en Australie. © Bob Linsdell CC
Or, les arbres stockent le carbone en grandissant, mais le relâchent en se décomposant. Résultat : ces forêts, longtemps considérées comme des puits de carbone essentiels, deviennent aujourd’hui des sources d’émissions. Un basculement inédit observé sur plus de 50 ans de données, qui laisse craindre que d’autres forêts tropicales suivent la même trajectoire à l’avenir.
3 - En Tunisie, la population se soulève contre une usine d’engrais
À Gabès, en Tunisie, les habitants suffoquent. Des fuites de gaz toxiques à répétition empoisonnent la région, toutes issues d’une usine de transformation de phosphate servant à produire un engrais chimique : le DAP 18-46, massivement importé par la France et l’Europe pour les cultures de maïs et de tournesol. En 2023, Vakita révélait déjà que cette même usine rejetait des tonnes de déchets toxiques dans la Méditerranée.
Ces dernières semaines, des vidéos circulant sur les réseaux montrent des jeunes évacués, inconscients, équipés de masques à oxygène. Depuis le 9 septembre, au moins 330 personnes ont été hospitalisées après ces émanations, et selon le collectif Stop Pollution, certaines souffrent désormais de troubles neurologiques.
Face à cette crise, la population locale se mobilise : depuis le 11 octobre, des milliers de manifestants réclament la fermeture de l’usine. Mais le gouvernement tunisien, lui, prévoit au contraire de multiplier par cinq la production d’engrais phosphatés d’ici 2030.
137 848 hectares
C’est la surface de forêt détruite à l’étranger chaque année du fait des importations de matières premières agricoles françaises. Cette “empreinte forêt” a été calculée par l’ONG Envol Vert. Elle représente une superficie équivalente à un terrain de football rasé toutes les trois minutes pour y installer des monocultures de soja, cacao, café ou caoutchouc, dans des pays comme le Brésil ou la Côte d’Ivoire.
Les principales matières premières en France responsables de la déforestation importée © Envol Vert
Pour rappel, en 2023, l’Union européenne s’était emparée du sujet en adoptant le règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE), qui vise à interdire la commercialisation de produits issus de déforestation à l’étranger. Mais alors que son entrée en vigueur était attendue pour fin 2025, la Commission européenne a décidé de la décaler d’un an, dans un contexte de négociations d’accords de libres échanges avec l’Indonésie ou le Brésil.
En 2018, la France a été le premier pays au monde à se doter d’une Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée (SNDI), sans jamais l’avoir appliquée depuis. Alors que la COP30 aura lieu entre du 10 au 21 novembre en Amazonie, le sujet de la déforestation importée fera partie des sujets centraux et avoir ce chiffre en tête sera essentiel pour comprendre les négociations à venir.
Pour financer cette newsletter gratuite, nous avons fait le choix de mettre en avant des partenaires qui s'engagent pour réduire l'impact sur l'environnement, car le changement passe aussi par les entreprises et les institutions publiques. Cette semaine, les recos de la team Vakita sont en partenariat avec Suisse Tourisme, qui œuvre pour développer un tourisme durable et en harmonie avec les besoins de la population locale.
🍂 Cet automne, laissez-vous porter au coeur de la “vieille Europe”
Arpenter les rues médiévales de Berne, c’est plonger dans un décor digne de Poudlard : vieilles pierres, façades d’un autre temps, ruelles étroites où l’on s’attend presque à voir surgir un sorcier au détour du chemin. Point d’orgue de cette atmosphère ensorcelante, la Zytglogge, l’emblématique tour de l’horloge. Ses cadrans dorés brillent comme un sortilège, et la vue depuis son sommet se mérite : 130 marches à gravir avant d’embrasser la ville du regard !
Dominant les eaux turquoise de l’Aar, Berne n’est pas seulement la capitale de la Suisse, c’est aussi le cœur battant de la vieille Europe, celle des contes et des légendes. Ses noms de lieux en témoignent : la fontaine de l’Ogre, le pont de Nydegg, tout droit sortis d’un récit des frères Grimm. À moins de 4h30 de train depuis Paris (via Bâle) ou 2h30 depuis Strasbourg, Berne se découvre à l’automne, quand les Alpes se parent de cuivre et d’or.
Berne, Tour de Zytglogge © Bern Welcome
Un équilibre parfait entre ville et nature
Que ce soit pour une simple escapade à vélo électrique le long du ruban vert ceignant Berne ou l’ascension de la colline du Gurten (interdite aux voitures, elle est aisément accessible en funiculaire), nous vous recommandons de ne pas oublier de bonnes chaussures de marche. L’Oberland bernois est l’un des contreforts des Alpes suisses et saura ravir les plus épris de nature. Les sentiers de randonnée y ont des noms de dragons endormis comme le “Niederhorn” et des paysages dignes du Seigneur des Anneaux.
La vieille ville de Berne vue du ciel.
Les voyageurs moins enclins à la randonnée trouveront aussi leur bonheur dans les rues animées de la capitale. Berne est également connue pour avoir accueilli deux génies du XXe siècle ! La “ville des ours” fut le lieu de vie d’Albert Einstein, mais aussi le lieu de naissance et d’inhumation du peintre moderne Paul Klee, figure éminente du Bauhaus, célèbre institution artistique allemande d’avant-garde.
L’appartement du plus célèbre physicien de tous les temps est aujourd’hui un musée, tandis qu’un centre culturel dédié à Paul Klee, au modernisme et à l'abstraction en peinture a été érigé. Ce dernier est d’ailleurs un monument à voir en lui-même tant ses courbes modernes s’allient à la perfection avec son écrin de nature.
Nos tips pour voyager : la ligne de train entre Paris et Bâle étant actuellement en travaux, nous vous recommandons de transiter par Genève ou Lausanne pour vous rendre à Berne. Deux potentielles escales, et pas des moindres puisque nous y reviendrons dans une prochaine recommandation. Restez à l’affût ! (En savoir plus sur les villes suisses)
Cette newsletter est préparée par Axel Roux, Victor Bennini et Margot Ramé.


























