Comment l’Occitanie tente de devenir la première région à énergie positive d’Europe

Une structure agrivoltaïque à Nidolères, dans les Pyrénées-Orientales, un des projets pour atteindre la neutralité carbone. Photo - M. C.

L'Occitanie en action, face au changement climatique et à la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine.

En s’installant à la tête de la Région, en 2016, Carole Delga a donné un coup d’accélérateur au développement des énergies renouvelables. Et plus récemment à la production d’énergies décarbonées, avec notamment les projets autour de l’hydrogène et de l’éolien en mer (le parc au large de Gruissan-Barcarès sera opérationnel l’an prochain).

Un temps d’avance sur les autres régions de France qui permet, aujourd’hui, d’aborder plus sereinement la sobriété qui s’impose. Pour preuve, l’Occitanie n’annonce pas l’extinction de l’éclairage sur ses bâtiments publics parce "qu’on n’avait déjà pas d’éclairage sur la plupart", fait remarquer Carole Delga.

Lycées à énergie positive

Tout juste indique-t-elle que "oui, on va éteindre les panneaux lumineux des lycées". Multiplié par 226 lycées, on dira que chaque geste compte mais la présidente a préféré annoncer ce lundi 22 M€ pour aider les lycées à payer des factures d’énergie qui s’envolent et, surtout, 215 nouveaux millions d’euros pour poursuivre leur rénovation énergétique et construire de nouveaux établissements vertueux.

"On a construit neuf lycées à énergie positive depuis 2016 pour 450 M€, a-t-elle rappelé. Ça signifie des économies de - 25 % sur le gaz, - 16 % sur l’électricité, - 23 % sur l’eau." La Région lutte aussi contre l’artificialisation des cours de lycées, en ayant déjà planté 620 000 arbres en trois ans.

Et si au lieu de remettre dans le réseau le surplus d’électricité produit par ses panneaux photovoltaïques, un particulier les offrait à un foyer en difficulté ? C’est ce que permet le Fonds énergies solidaires d’Occitanie mis en place par la Région avec Enercoop. Agnès Langevine, vice-présidente au Climat, précise : "On peut faire des dons d’énergie produite dans le cadre de l’autoconsommation mais aussi faire des dons d’argent via le mécénat d’entreprises ou les dons de particuliers. Les fonds ainsi collectés seront fléchés vers des associations ou des collectivités pour lutter contre la précarité énergétique."

Une "météo de l’électricité" : la Région s'engage dans Ecowatt

Après avoir rappelé les gestes du quotidien qui permettent de réduire la consommation d’électricité, le délégué RTE Sud-Ouest, Erik Pharabod, a annoncé que la Région s’engageait dans le dispositif Ecowatt. Ecowatt, vite rebaptisé "météo de l’électricité", est un dispositif qui utilise des codes couleurs (vert, orange, rouge) pour illustrer l’état de tension du réseau français.

En fonction de cette "météo", les Français peuvent être invités à réduire ou décaler leur consommation. Les alertes, "si l’hiver est très froid, s’il y a des difficultés d’importation de gaz ou du retard sur la production nucléaire", a listé Erik Pharabod, peuvent entraîner des coupures, "pas de black-out mais une baisse nécessaire de 5 %, 10 % ou 15 % dans les situations les plus extrêmes, mais improbables à ce stade", veut préciser le délégué RTE.

Pour les particuliers de la région, qui représentent 50 % de la consommation totale d’électricité, cela pourrait se traduire par une baisse du chauffage "d’un ou deux degrés supplémentaires", soit à 18°C ou à 17°C. La Région s’est donc engagée à relayer les alertes mais aussi à assurer des opérations de sensibilisation aux économies d’énergie. "C’est la première fois qu’une Région se mobilise, a souligné Carole Delga. Nous relayerons les signaux d’alerte et organiserons de la sensibilisation afin de supporter les journées en grande tension."

Frédérique Michalak (L'Indépendant) / www.centrepresseaveyron.fr