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Comment la Haute-Garonne va recharger ses nappes phréatiques

20/01/2023

Comment la Haute-Garonne va recharger ses nappes phréatiques

Pilotée par le Département, la recharge active des nappes va commencer dès ce printemps, avec les équipes du Réseau 31 et du BRGM.

Seules deux expériences de ce type sont menées en France. L’une en Lot-et-Garonne ; l’autre en Haute-Garonne. À chaque fois, il s’agit d’assurer un remplissage complémentaire des nappes phréatiques, en hiver et au printemps, via le canal Saint-Martory pour ce qui concerne notre département, dans le but d’apporter un soutien d’étiage naturel supplémentaire à la Garonne, en période estivale. Quand son niveau est au plus bas.

Cette expérience de grande envergure concerne 100 km 2, en Haute-Garonne, ce qui en fait le plus grand projet de ce type en Europe. Il est mené de concert par une équipe de scientifiques de Réseau 31 et du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Le conseil départemental 31 en assure le pilotage. Son coût, évalué à 1,85 M€, est financé par le conseil régional d’Occitanie (20 %), l’Agence de l’Eau Adour-Garonne (50 %), le conseil départemental 31 (8 %), le BRGM (16 %) et Réseau 31 (6 %).

Les premiers travaux devraient débuter dès ces printemps. "Nous démarrons une première zone d’expérimentation sur deux sites : un affluent de la Louge, qui est un petit cours d’eau ; et un second sur la partie Cazères-Lavelanet de Comminges, où le débit est beaucoup plus important", annonce Yann Oudard, directeur général de Réseau 31. Les premiers résultats pour ces secteurs devraient se voir dès cet été.

Concrètement que va-t-il se passer ? "Quand il y aura beaucoup d’eau dans la Garonne, nous allons en prendre une partie pour la mettre dans le canal de Martory. Ensuite, nous allons l’épandre pour qu’elle remplisse la nappe phréatique, grâce la différence de gravité entre les deux. Une fois sous terre, l’eau va continuer à circuler pour arriver progressivement jusqu’à la Garonne. Pour cela, il lui faudra plusieurs mois", explique à son tour Jean-Michel Fabre, vice-président du conseil départemental en charge de l’Environnement. Cette eau infiltrée de manière artificielle va donc rester un moment sous terre. "L’eau que nous aurons infiltrée en novembre peut sortir l’année d’après. L’expérimentation a justement pour but de déterminer les temps de transfert exacts. Ce sont les travaux que va mener le BRGM", confirme Yann Oudard.

Avant nous, les Romains

Les scientifiques reprennent là une très vieille méthode utilisée par les Romains. "Ils avaient déjà compris que la nappe est un filtre et non une cuve. Elle a une capacité d’auto-épuration en eau potable, en plus de celle de stocker. Aujourd’hui, nous remettons cette technique au goût du jour à très grande échelle avec un objectif de gestion quantitative", poursuit le directeur général de Réseau 31.

Durant cette phase d’expérimentation, toute la complexité va être de déterminer à quel moment injecter l’eau pour qu’elle sorte quand elle est le plus utile. "Au niveau de La Louge, on sait déjà que l’eau mise en avril va sortir en juin, juillet voire en août. Cela ne sert à rien de la mettre trop tôt. Ailleurs, où les temps de transport sont beaucoup plus longs, il faudra injecter l’eau dès novembre pour qu’elle ressorte en octobre de l’année d’après. Pour l’instant, on est au milieu du guet, en phase expérimentale durant toute l’année 2023 et une partie de 2024. À la fin, on pourra dire quels sont les apports de cette action pour la Garonne et ses affluents. Et modéliser numériquement cette réalimentation en vue éventuellement de la transposer ailleurs", conclut Yann Oudard.

Sophie Vigroux / www.ladepeche.fr

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