Trois innovations pour s’adapter au changement climatique

Trois innovations pour s’adapter au changement climatique

24/12/2025

Crédit : Barrière anti-inondation Cuirassier ©Cerema

Sous la bannière de l’institut Carnot Clim’adapt, le Cerema met la recherche publique au service de l’innovation climatique. En s’appuyant sur ses plateformes expérimentales et ses experts, notamment en Normandie-Centre, il aide les entreprises à tester et fiabiliser leurs solutions. Trois projets récents illustrent cette dynamique, la cartographie du recul du trait de côte sur le littoral normand, la barrière mobile anti-inondation de Cuirassier et un passage piéton intelligent signé Cryzal.


Cartographier l’érosion pour mieux décider : l’exemple du littoral normand

Sur le littoral normand, le Cerema Normandie-Centre et le BRGM accompagnent les collectivités dans la mise en œuvre de la Loi Climat et Résilience, qui prévoit pour les communes prioritaires la réalisation d’élaborer une cartographie d’exposition au recul du trait dans un délai de trois ans. Les communes de Quiberville-sur-Mer et Sainte-Marguerite-sur-Mer sont prioritaires au regard des enjeux liés au recul du trait de côte et ont engagé cette démarche de cartographie à l’échelle de leur territoire. Cette cartographie distingue deux zones temporelles : une première de 0 à 30 ans : zone à risque à moyen terme, où toute nouvelle construction est interdite, sauf bâtiments d’utilité publique démontables (école de voile, poste de secours, sanitaires…).

« Les rénovations ou extensions restent possibles tant qu’elles n’augmentent pas le risque. Et les communes peuvent y exercer un droit de préemption sur les ventes », précise Mathieu Maupetit (directeur de département adjoint de la direction territoriale Normandie – Centre du Cerema). Et une seconde de 30 à 100 ans : zone à plus long terme, où les propriétaires doivent provisionner le coût de la future démolition à la Caisse des dépôts et consignations. Le Cerema et le BRGM proposent un guide de recommandations et des repères techniques pour établir ces zonages : modélisation du recul du trait de côte, exploitation d’imageries historiques, et construction des scénarii d’évolution (2050 et 2100). Ces zonages permettent un recensement des enjeux potentiellement impactés (bâtiments, foncier, réseaux) Préalable indispensable avant d’engager un travail de concertation locale permettant d’intégrer les choix d’aménagement du territoire à traduire dans les documents d’urbanisme (PLU, PADD). Cette approche, non prescriptive, offre aux collectivités un cadre robuste pour anticiper les mutations du littoral, tout en gardant la main sur les décisions d’aménagement.


Cuirassier : la barrière anti-inondation modulaire, recyclable et normée

Lauréate de l’appel à projets CeremaLab 2021, l’entreprise Cuirassier (basée à Poitiers, bientôt implantée à Nantes) développe une barrière mobile anti-inondation destinée aux collectivités et aux industriels. Ce système modulaire, baptisé LpS8, se compose de plaques en PEHD recyclé et d’éléments en aluminium. Chaque module, léger (environ 40 kg) et ne nécessitant aucun outillage, peut être assemblé par des intervenants non spécialistes. Il se connecte aux suivants pour constituer une barrière continue et étanche, facilement adaptable aux courbes du terrain. Une fois installée, elle crée une digue provisoire d’une hauteur de 1,20 mètre, répondant à 80 % des besoins identifiés pour la protection des zones urbanisées.

Le Cerema accompagne la société dans la qualification et la certification du dispositif, selon la norme américaine FM2510, la plus complète au monde en matière de protections temporaires. « Nous serons la deuxième entreprise européenne à obtenir cette certification », précise le dirigeant Luc Nguyen Van. Pour ce faire, un bassin d’essai spécifique a été construit au sein du Centre d’Expérimentation et de Recherche (CER) pour mesurer le débit de fuite, la résistance mécanique, l’étanchéité et la stabilité statique du système. « Ces essais font du Cerema le premier centre français à disposer d’une telle infrastructure d’évaluation », indique Luc Nguyen Van.

La barrière Cuirassier a déjà été testée dans le cadre de projets européens Interreg Polder2C’s et Sudeo Inundatio, sur des terrains réels à Anvers et Bayonne.). Durée de vie : de 20 à 50 ans. Capacité : 680 litres de rétention par module. L’entreprise a déposé trois brevets, dont un système IoT pour optimiser la gestion de la barrière et de l’eau. La commercialisation est prévue pour 2026, après la validation de la norme américaine. Une future norme française devrait paraitre entre le deuxième et troisième trimestre 2026.


Cryzal : le passage piéton lumineux qui apprend aux automobilistes à ralentir

Déployé depuis cinq à six ans dans plusieurs communes françaises, le dispositif Cryzal repose sur un principe simple : rendre le piéton visible, même dans l’obscurité ou la pluie, grâce à un marquage lumineux dynamique intégré dans la chaussée. Lorsque le piéton s’engage, les plots s’illuminent, créant une séquence lumineuse répétée qui avertit le conducteur de la présence d’un passage piéton. « Face à la multiplication de dispositifs disparates sur le territoire, il est important de convenir d’un même modèle qui puisse être identifié partout en France », explique le dirigeant Daniel Bemer. D’où le souhait de standardiser les pratiques.

Avec le ministère des Transports, le Cerema a défini un cadre expérimental et un cahier des charges technique unique, garantissant la fiabilité et la sécurité du système. Une première expérimentation a été menée aux Andelys (Eure) : analyse des flux de véhicules et de piétons via des caméras et capteurs, puis mesures comparatives avant/après installation. Des enquêtes ont également été réalisées auprès des usagers. Les résultats confirment une meilleure visibilité en conditions nocturnes, une réduction de la vitesse moyenne des véhicules à l’approche du passage et une augmentation du sentiment de sécurité côté piétons. Le Cerema a ensuite formulé des recommandations techniques sur la maintenance et la robustesse du dispositif (étanchéité, résistance à l’encrassement, compatibilité avec le marquage au sol). Ces travaux contribuent à bâtir une doctrine nationale de la signalisation active, en réponse à la demande croissante des collectivités pour sécuriser les traversées piétonnes.

En rapprochant les laboratoires, les entreprises et les territoires, l’institut Carnot Clim’adapt souhaite incarner une recherche publique en action, au service de la transition et de la résilience. « Nous voulons offrir aux entreprises un accès direct à notre expertise scientifique et à nos plateformes d’expérimentation et faire émerger des solutions concrètes d’adaptation au changement climatique », souligne Thierry Braine-Bonnaire, directeur de Clim’adapt.

construction21

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